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RÉSULTATS

L'effet Herdman

John Herdman John Herdman - PC
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COLLABORATION SPÉCIALE 

 

L'équipe masculine du Canada est sur le point de jouer son premier match de Coupe du monde en 36 ans, un accomplissement spectaculaire, une leçon sur l'importance de croire en ses rêves qui a su inspirer une nation entière.

 

Présentement au 41e rang mondial, l'équipe représentant la feuille d'érable débute son parcours en Coupe du monde contre la Belgique, présentement deuxième au monde. Ils affronteront par la suite la Croatie, classé 13e, pour finalement conclure leur phase de groupes en faisant face au Maroc, 22e mondial. Si on se fie au classement, aux statistiques et à l'expérience internationale présente dans chacune de ces équipes, il serait logique de conclure que malgré son cheminement incroyable au cours des dernières années, le Canada ne connaîtra pas un énorme succès à l'issue de sa phase de groupe. Les joueurs de l'équipe canadienne sont eux-même sans doute conscients qu'aux yeux du reste du monde, leurs chances de sortir de leur groupe sont faibles. Ils possèdent par contre un atout qui pourrait les amener à surprendre leurs adversaires: l'effet John Herdman.

 

En 2011, l'équipe canadienne féminine finissait dernière de la Coupe du monde en Allemagne. Moins d'un an plus tard, avec un effectif semblable, elle s'élevait sur la troisième marche du podium olympique. Ce triomphe n'a donc rien eu à voir avec la soudaine découverte de nouveaux talents, mais fut plutôt relié à un changement de mentalité, amené par leur nouvel entraineur, John Herdman. John a pris une équipe canadienne au plus bas de sa confiance, qui ne croyait pas en ses capacités, et a rallumé sa flamme. Comment? John est un maître de l'art oratoire, et il connait bien le domaine de la psychologie du sport et de la neuroscience. Il sait utiliser ses mots pour inspirer, motiver et convaincre. La première fois que je l'ai entendu parler, lors d'un camp avec l'équipe nationale U17, j'avais l'impression d'être en transe, yeux rivés sur lui, oreilles attentives à chacune de ses paroles. En présentant une vision basée sur des objectifs ambitieux, mais réalistes, et en s'assurant que chacune de ses joueuses soit investie autant hors du terrain que sur le terrain à faire de cette vision une réalité, John Herdman a été l'élément déclencheur d'une décennie de succès pour l'équipe canadienne féminine.

 

En 2017, l'équipe masculine se trouvait près du 100e rang mondial. En février 2022, elle occupait la 33e position, en route vers sa première qualification pour la Coupe du monde en 36 ans. En écoutant les propos de différents joueurs de l'équipe masculine, je reconnais l'influence de l'entraîneur britannique. Ce qu'il a accompli avec le côté féminin, le changement de mentalité qu'il a instigué, il le reproduit avec l'équipe masculine depuis maintenant presque 5 ans.

 

John a pris une équipe qui n'avait jamais connu de réel succès sur la scène internationale, et il les a amenés à redéfinir le soccer masculin canadien. Armés d'une confiance solidifiée par leurs succès des dernières années, qui sait ce que les hommes de John Herdman pourront accomplir au cours de cette Coupe du monde.

 

C'est avec engouement que je suivrai l'évolution de ce tournoi, mais également avec une certaine dose de tristesse et de déception. Il est impossible pour moi de passer sous silence les conditions qui entourent cette Coupe du monde. Accueillir un événement de telle envergure dans un pays où la place de la femme n'est pas égalitaire à celle de l'homme, où les droits de la communauté LGBTQ+ sont inexistants, et où les conditions de travail ont fait en sorte que des milliers d'ouvriers ont perdu la vie en bâtissant les différentes infrastructures nécessaires à cette Coupe du monde (estimation non-vérifiable et contestée par le Qatar), ça donne une image désolante de ce qui a été priorisé lors du choix de l'hôte. Bien que ce soit un événement sportif, son influence à travers le monde est telle que les décisions l'entourant devrait être faites en ayant en tête la vision du monde meilleur que nous tentons de bâtir ensemble.

 

Malgré cela, je souhaite à l'équipe canadienne la meilleure des chances, et d'apprécier chaque moment de cette Coupe du monde, un rêve qui semblait hors d'atteinte il y a quelques années, mais qui est maintenant sur le point de se réaliser.