Passer au contenu principal

RÉSULTATS

La poussière retombe tranquillement sur Doha

Publié
Mise à jour

Suivez tous les matchs de la Coupe du monde de soccer sur les différentes plateformes de RDS. 
Abonnez-vous dès aujourd'hui sur RDS.ca.

La poussière retombe tranquillement sur Doha.

 

Non ce n'est pas un jeu de mots, mais plutôt le sentiment que j'ai depuis quelques heures. Peut-être parce que l'équipe Canadienne est officiellement éliminée ou peut-être que je redescends de l'émotion d'avoir vu en personne le premier but du Canada en Coupe du monde. Ça fait une semaine que je suis arrivé au Qatar et j'ai l'impression que ça fait un mois.

 

Je vous parlerai prochainement de l'expérience dans les stades et surtout de comment j'ai vécu les 3 matchs du Canada sur place, mais d'ici là, commençons par le début.

 

Pourquoi suis-je venu au Qatar? D'abord pour vivre l'Histoire du soccer canadien. Quand le Canada s'est qualifié officiellement pour la Coupe du monde de soccer, j'étais dans le stade avec mon ami. Je me suis retourné vers lui et je lui ai dit: on va au Qatar! Il a tout de suite compris que je parlais de lui et moi. Ça faisait déjà plusieurs semaines que je lui avais dit que si cette première qualification en 36 ans se concrétisait, je voulais être là.

 

C'était sans compter le dilemme moral qui m'a rattrapé à l'approche de l'événement. Pourquoi aller dans un pays comme le Qatar où le droit des femmes et les droits de la personne sont non seulement secondaires, mais absents, où des ouvriers sont morts par milliers pour construire 7 stades dans une région grande comme la Montérégie? Un endroit où ces stades seraient climatisés contre toute logique, puisque nous sommes en pleine crise climatique. Sans compter toutes les autres controverses.

 

Avec le temps, j'ai assumé et fait la paix avec mes contradictions. Je n'ai pas choisi où se tient cette compétition et où se trouve la nouvelle, mais surtout, je voulais comprendre. Comprendre ce pays, voir ce que c'est une Coupe du monde, vivre l'expérience pour témoigner de ce que j'ai vu, dénoncer et critiquer si nécessaire. Cependant, je voulais le faire du terrain, pas de mon divan à la maison. Jusqu'à maintenant, je ne regrette pas d'être venu constater par moi-même la dichotomie de la vie à Doha.

 

D'un côté il y a les lois archaïques, le régime austère, de l'autre il y a la modernité, les grattes-ciel et les grandes autoroutes qui feraient rougir celle du Québec. Le Qatar, du moins la capitale Doha, est un endroit rempli de contrastes où deux mondes parallèles se côtoient. Ça prend un certain moment avant d'être dépaysé ici. Les centres d'achats ressemblent à ceux de chez nous et les magasins sont nord-américains et européens. J'ai même trouvé un Tim Hortons! J'ai aussi trouvé des endroits où on pouvait consommer de l'alcool. Ces endroits sont réservés aux étrangers et il est interdit d'y vendre de l'alcool à quelqu'un habillé en habit traditionnel. Tout ça pour dire que la vie pour un expatrié  n'est pas aussi austère que prévue.

 

Sous la bulle de la Coupe du monde, c'est encore plus vrai. Par contre on oublie pas où nous sommes. J'ai parlé à plusieurs personnes venant de différents endroits dans le monde et ils avaient la même vision que moi. Les travailleurs étrangers et immigrants sont heureux d'être ici parce qu'ils y trouvent du travail et une certaine sécurité. Mais il savent que c'est au prix de certaines libertés.

 

À l'extérieur des grands centres, c'est un autre monde. Je me suis fait réveiller plusieurs fois par l'appel de la prière et j'étais entouré d'un paysage désertique. Je me sentais vraiment au Moyen-Orient. Pourtant, lorsque j'ai dit à un de mes amis arabes que je réalise que je suis dans cette région du monde pour la première fois de ma vie, il m'a répondu que je ne suis pas au Moyen-Orient. Je lui ai demandé si le Qatar ce n'est pas le Moyen-Orient, c'est quoi? Il m'a répondu: « Un mirage ».