Ressentez-vous un petit vide aujourd’hui? Une lente retombée sur terre, un état d’apesanteur un peu comateux, des errements de l’âme en mal de sensations fortes? La Coupe du monde est terminée. Après un mois d’exubérance, de surprises et de revirements, elle passe maintenant à l’Histoire, se retrouve dans les archives avec les vingt autres qui l’ont précédée. Ce fut une belle édition. On se demandait à quoi elle ressemblerait avec ses absents de luxe, Italiens, Néerlandais, Chiliens, Américains, Camerounais qui l’ont regardée de la maison. La réponse est venue bien vite. Avec une entrée percutante de la Russie avec sa victoire de 5-0 sur l’Arabie Saoudite au match d’ouverture, avec le Portugal-Espagne de six buts le lendemain, avec cette victoire improbable du Mexique sur l’Allemagne championne en titre. 

Luka Modric, meilleur joueur du tournoi

Le meilleur joueur

Luka Modric. Il a reçu le ballon d’or de la compétition, en prélude on l’espère à un autre ballon d’or en fin d’année. Au Real Madrid, il est entouré de quelques-uns des meilleurs joueurs de la planète, mais avec la Croatie, on a vu l’importance et le poids de son travail. Il fait briller les Rakitic, Brozovic, Perisic, Rebic à ses côtés, il a été le cœur, le poumon, les jambes de son équipe. Et tout au long du tournoi, il aura eu une attitude remarquable. Triste dans la défaite, c’est bien normal, il a exprimé avec émotion sa fierté envers ses coéquipiers.

L’équipe surprise

Outre la Croatie que personne ne voyait en finale avant cette Coupe du monde, la Russie a étonné en arrivant à sortir de son groupe et en battant l’Espagne, l’une des grandes favorites, en huitième de finale. Elle qui n’avait jamais réussi à franchir la phase de groupe dans ses dix participations précédentes, qui n’avait pas impressionné dans son seul tournoi préparatif, la Coupe des Confédérations, se sera rendue jusqu’en quart de finale pour s’incliner devant l’éventuel finaliste.

La déception

La Corée ferme les livres pour l'Allemagne

L’Allemagne sans aucun doute. Cette éviction rapide de la tenante du titre n’est pas sans rappeler la déconvenue de l’Espagne en 2014, à la suite de son sacre de 2010. Et de l’Italie en 2010, après avoir gagné 2006. Et de la France en 2002, après le couronnement de 1998. Cette couronne semble être lourde à porter quatre ans plus tard. L’Allemagne avait pourtant remporté la Coupe des Confédérations avec une équipe de remplaçants, ce qui laissait présager une force et une profondeur peu commune pour la Coupe du monde. Mais la maigre victoire contre la Suède aura été tout ce qu’elle aura réussi à aller chercher, les Ozil, Khedira, Muller, Kroos, Boateng et les autres, n’ayant jamais réussi à passer en seconde vitesse.

Le jeune joueur

Il a reçu le titre de meilleur jeune joueur de la Coupe du monde avec raison. Kylian Mbappé joue avec une telle assurance qu’on a tendance à oublier qu’il n’a que 19 ans. S’il peut rester à l’abri des blessures, garder les pieds sur terre et la tête froide et être entouré de personnes de bons conseils, il aura la brillante carrière qu’on lui prédit. Il a été comparé à Pelé à quelques reprises, devenant le deuxième joueur de moins de 20 ans à marquer dans une finale de Coupe du monde. C’est peut-être un peu hâtif comme comparaison, voyons si elle tiendra toujours au fil des ans.

Mbappé inscrit son nom parmi les grands

L’entraîneur

Didier Deschamps, devenu le troisième entraîneur de l’histoire à remporter la Coupe du monde à la fois comme joueur et comme entraîneur, tout comme Mario Zagallo avec le Brésil et Franz Beckenbauer avec l’Allemagne, a mené l’équipe de France avec doigté, finesse et sensibilité. On a pu voir le lien étroit qu’il a tissé avec ses joueurs dans cette accolade avec Griezmann, dans ses effusions avec Mbappé, dans ses félicitations sincères auprès d’un Giroud déçu de ne pas avoir marqué. Il a fait des choix audacieux dans la formation de son équipe, a donné priorité aux jeunes en amenant la deuxième équipe la plus jeune de ce mondial derrière le Nigeria. Didier Deschamps aura su modeler son approche à chacun des pas de la progression des Bleus dans la Coupe du monde, créant ainsi un groupe uni avec une force collective certaine. Un groupe qui peut en plus, regarder l’avenir avec confiance.

Le match

En son et images : France - Argentine

Il y a eu ce France-Argentine complètement fou en huitième de finale. Le seul match où la France aura tiré de l’arrière, pendant exactement 9 minute 12 secondes. Il y aura eu cette magnifique reprise de volée instinctive de Pavard, qui égalait la marque. Puis le doublé de Mbappé (premier jeune joueur de moins de 20 ans à marquer deux buts en phase éliminatoire de Coupe du monde depuis vous-savez-qui…). Un match débridé, étincelant, étourdissant.

Un mot aussi sur cet incroyable retour de la Belgique face au Japon. Une remontée magique qui mettait les Samouraïs bleus au tapis, eux qui menaient 2-0 en début de deuxième mi-temps pour perdre 3 à 2 dans les dix dernières secondes des arrêts de jeu. Cruel et brillant.

Le moment coup de cœur

Malgré la défaite, c'est la fête pour le Panama!

Cette étreinte entre le président français Emmanuel Macron et Kolinda Grabar-Kitarovic, présidente de la Croatie. Quand le sport transcende le terrain et devient rassembleur entre les nations. Madame Grabar-Kitarovic a été bonne joueuse dans la défaite, et après avoir chaleureusement félicité et consolé les joueurs de son pays, elle s’est tournée avec un enthousiasme sincère vers les vainqueurs. Un beau moment de fair-play.

Et on ne peut oublier le Panama qui a célébré son premier but en Coupe du monde comme s’il venait de remporter la victoire contre l’Angleterre. Il a pourtant perdu 6 à 1.

Je pourrais continuer pendant des jours à extraire de beaux moments de cette Coupe du monde. Mais les vôtres, lesquels sont-ils?