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« On n'est pas si loin », prétend John Herdman

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DOHA, Qatar – Au moment de coucher les premières lignes de ce bilan sur l'écran, le Japon vient de marquer deux fois en trois minutes contre l'Espagne et le Costa Rica mène 2-1 face à l'Allemagne. À cet instant précis, les deux favoris du groupe E risquent l'élimination contre des équipes qu'on avait laissées pour mortes avant même le début du tournoi.

Ce scénario ne s'est finalement concrétisé qu'à moitié, mais là n'est pas le point. Le chaos est un invité régulier à la Coupe du monde. Une valeur aussi sûre qu'une rumeur entourant Messi ou qu'une controverse avec la VAR.

Le Canada était venu au Qatar spécifiquement pour en générer. Il se voyait jouer le rôle du négligé qui allait faire perdre des cheveux aux parieurs, provoquer une avalanche de GIFs sur Twitter, s'inviter sur la Une des plus grands magazines (un tabloïd de la Croatie, ça ne compte pas).

« Je veux être clair : on n'est pas venus ici pour profiter de l'expérience et participer. On est venus pour obtenir des résultats », avait proclamé Steven Vitoria. « On veut surprendre, avait affirmé Jonathan Osorio. Les gens pensent qu'on devrait juste être contents d'être ici, mais ce n'est pas notre philosophie »

Le Canada a-t-il atteint sa cible? En prenant les deux vétérans au mot, il est difficile de répondre par l'affirmative.

Contre le Maroc jeudi, la troupe du sélectionneur John Herdman a ouvert avec sa pire demie du tournoi. Satisfait de protéger leur avance au retour des vestiaires, les Lions de l'Atlas se sont recroquevillés devant leur filet et ont absorbé une à une les attaques canadiennes. Cette tactique a créé l'illusion d'un Canada pouvant regarder la 22e équipe au classement mondial droit dans les yeux sans avoir à s'élever sur la pointe des orteils.

John Herdman n'est pas de cet avis, mais en réalité, même si les Rouges sont littéralement passés à quelques centimètres de provoquer l'égalité, il n'y avait pas photo. « On a toujours dit que le niveau mondial était la prochaine étape pour nous et je ne pense pas qu'il nous en manquait beaucoup. On n'est pas si loin », a prétendu le stratège.

Le Canada tire quand même un trait sur cette néanmoins enivrante aventure avec comme seule consolation une victoire morale contre la Belgique. Au classement, bien peu pour se réjouir. Ce premier point ou cette première victoire pour lesquels on avait réservé quelques pages blanches dans le livre d'Histoire feront encore partie du discours collectif dans quatre ans, quand le pays sera l'un des hôtes du Mondial

« C'était un bon test pour nous, se consolait Alphonso Davies. On a pu constater la qualité de quelques-unes des meilleures équipes au monde et la comparer à la nôtre. L'objectif maintenant est de tirer nos conclusions et de mettre en pratique tout ce qu'on a appris à la prochaine Coupe du monde. »

L'heure sera bientôt à l'introspection plus profonde, mais jeudi soir, avant de disparaître derrière le rideau et de quitter par les coulisses, Herdman a voulu saluer le travail de ses hommes en pigeant dans la litanie de mots clés qui ont tapissé son discours durant les dernières semaines. 

« On aurait aimé rester plus longtemps, mais on a apprécié chaque instant. Nos joueurs s'étaient présentés ici pour être compétitifs. On a joué sans craindre personne dans chacun de nos trois matchs et trouvé des raisons de célébrer à chacune de ces occasions. Notre groupe a été teigneux et résilient. »

« Un jour, on va repenser à tout ça avec un immense sentiment de fierté, entrevoyait Osorio, piteux. Présentement, c'est difficile pour tout le monde. On est déçus de rentrer bredouilles après trois matchs dans lesquels on l'impression d'avoir plutôt bien fait. Mais on sait que le pays est fier de nous et que l'avenir est prometteur. »

Comment se profile-t-il, cet avenir?

Des vétérans quitteront assurément le train au cours du prochain cycle. Le capitaine Atiba Hutchinson, 39 ans, le défenseur Steven Vitoria et le gardien Milan Borjan, 35 ans, semblent mûrs pour céder leur place. Des jeunes comme Theo Corbeanu, Charles-Andrea Brym et Luca Koleosho, qu'on travaille fort pour arracher des griffes du programme américain, solidifieront leur place.

Des joueurs comme Davies, Jonathan David, Tajon Buchanan et Stephen Eustaquio seront à l'apogée de leur carrière en 2026. Le plan est que d'autres les rejoignent dans les grands clubs d'Europe afin de gagner en accéléré la précieuse expérience qui a tant fait défaut au Canada à Doha.

« Il faut réaliser qu'on est arrivés à cette Coupe du monde et nos premiers matchs à l'extérieur [des Amériques] en quatre ans étaient contre le Qatar et l'Uruguay, a rappelé Herdman. Notre dernier match contre une équipe du top-10 remontait à il y a dix ans. Mais maintenant, les autres équipes voudront nous affronter, elles accepteront nos invitations. C'est ce qu'on voulait en venant ici. »

Entre autres choses, oui. Pour le reste, il faudra attendre quatre autres années. Mais ce sont quatre années qui s'annoncent passionnantes.