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RÉSULTATS

Plus de doute, le Canada était du groupe de la mort

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AL RAYYAN, Qatar – L'équipe canadienne a quitté le Qatar depuis maintenant une semaine, mais chaque jour qui passe en son absence la fait un peu mieux paraître.

Simplement en accédant aux quarts de finale, le Maroc a démontré que sa première place au terme de la phase de groupes n'avait rien de circonstancielle. Sa victoire contre l'Espagne, au-delà de la superbe histoire qu'elle a contribué à écrire à Doha, permet avec le recul de considérer la résistance que lui a offerte le Canada d'un angle encore plus flatteur.

Et voilà que l'autre équipe qui a donné du fil à retordre aux hommes de John Herdman vient d'accéder aux demi-finales. Et pas contre n'importe qui! Et pas de n'importe quelle façon! Si vous aviez déjà enterré les Croates après l'œuvre d'art que Neymar a mise dans la lucarne dans les arrêts de jeu de la première portion de la prolongation, vous avez un point en commun avec les dizaines de milliers de Brésiliens qui s'étaient approprié le Stade Education City vendredi soir. On attendait déjà Messi de pied ferme chez les bruyants supporters de la Seleçao.

Mais le groupe F était bel et bien celui de la mort finalement. Et il continue de faire des victimes.

On a ri lorsque de joviaux observateurs ont noté que seul le Canada était parvenu à marquer un but contre le Maroc. Ri parce que n'en déplaise à la mère de Sam Adekugbe, le Canada n'a pas vraiment marqué contre le Maroc. C'est un peu le principe d'un but contre son camp.

Mais après l'équivalent de presque six matchs, seulement trois joueurs ont marqué dans le cours du jeu contre la Croatie. Le but de Neymar, qui lui permettait d'égaler les 77 de Pelé en sélection, demeurera malgré tout l'un des moments forts de ce Mondial. Le Japonais Daizen Maeda en avait réussi un en huitièmes de finale. L'autre appartient à Alphonso Davies. Celui-là, personne ne peut l'enlever aux Canadiens.

L'Empereur Livakovic

Le grand responsable de cette étanchéité est un joueur dont la Croatie n'avait nullement eu besoin contre le Canada. Héros de la victoire en tirs de barrage contre le Japon, le gardien Dominik Livakovic a été le sauveur des Croates contre la meilleure équipe au classement mondial. Peu sollicité en première demie, il s'est mis à multiplier les sorties opportunes dans la deuxième période, fondant habilement sur des ballons qu'un gardien moins allumé serait allé récupérer dans le fond de son filet.

De ses dix arrêts, on retiendra celui aux dépens de Casemiro juste avant le coup de sifflet qui confirmait la nécessité d'une séance de tirs de barrage.

Déjà, les Brésiliens avaient un pied dans la tombe. Laisser un match aller aux tirs au but contre les Croates, c'est un peu comme tenter de convertir un quatrième essai contre la défensive des 49ers. On finit par le regretter.

Quand le gardien du Dinamo Zagreb a bloqué la tentative de Rodrygo, les Croates n'ont pas seulement déposé leur lame sur la gorge des Brésiliens. Ils dansaient déjà sur leur tombe.

Depuis qu'il a habilement utilisé le mot en « F » de John Herdman pour mettre le feu au derrière de ses joueurs, le sélectionneur croate Zlatko Dalic se plaît à répéter que son équipe est regardée de haut. Il devra peut-être trouver un autre refrain.

Le Maroc suivra-t-il?

Le Maroc pourrait-il accomplir l'exploit de rejoindre ses anciens rivaux du groupe F dans le carré d'as? Walid Regragui est le quatrième sélectionneur à mener une équipe africaine dans les quarts de finale d'une Coupe du monde. La réussite de son groupe, combinée à ses qualités évidentes de meneur d'hommes, en a fait le chouchou du Mondial.

Mais le motivateur du Maghreb n'aime pas être regardé de l'œil affectueux qu'on réserve aux sympathiques condamnés. Il comprend que son équipe doit être considérée comme « le petit pousset, la petite surprise, le petit caillou dans la chaussure » du tournoi, mais c'est une carte qu'il refuse de mettre lui-même sur la table.

« Je ne suis pas encore monté dans le nuage, a-t-il répondu vendredi à un journaliste qui lui demandait s'il était difficile d'en descendre et de « remettre tout le monde au travail ».

« On essaie de changer la mentalité, a expliqué Regragui. Je le répète, c'est bien ce qui se passe à l'extérieur, on rend des gens heureux. Mais on n'oublie pas que nous, on est encore dans la compétition. Ce qui nous importe, c'est de gagner le match de demain, entrer dans l'histoire et continuer de rêver. »

« L'objectif c'est de faire comprendre aux joueurs que ouais, c'est bien, mais on peut encore faire plus et mieux. Tant qu'on va penser comme ça, on continuera d'être difficiles à battre. Le jour où on va commencer à se satisfaire de ce qu'on a fait, ça veut dire qu'on n'aura pas progressé. »

« Le nuage, on n'y est pas encore. On n'a rien fait. On a juste déjoué quelques pronostics. »

En 2018 en Russie, la jeune sélection marocaine s'était inclinée 1-0 contre le Portugal dans la phase de groupes. Plus mature, quatre ans plus tard, elle ne pouvait rêver d'un meilleur scénario pour tenter une revanche.