MONTRÉAL – Maintenant qu’ils se sont débarrassés de Sebastian Giovinco et du Toronto FC, les joueurs de l’Impact peuvent enfin arrêter de se demander comment ils s’y prendront pour réduire au silence le meilleur buteur de la MLS.

Vrai? Faux.

Giovinco s’est avéré un spécimen d’exception à sa première saison en Amérique du Nord, mais il a dû partager son perchoir avec un autre oiseau rare du nom de Kei Kamara. Les deux joueurs affichent des profils complètement différents, mais ils ont néanmoins terminé à égalité en tête du classement des francs-tireurs par excellence du circuit Garber avec chacun 22 buts en 2015.

Pas le temps de célébrer bien longtemps

Le premier a été complètement invisible jeudi soir contre le schéma défensif imaginé par Mauro Biello. Le deuxième tentera de faire mieux dimanche alors que l’Impact affrontera le Crew de Columbus dans le match aller de la demi-finale de l’Association Est.

Alors que Giovinco est une véritable belette capable de déplacer ses 60 kilos à une vitesse phénoménale et de toucher la cible d’à peu près partout dans le tiers offensif, Kamara est un mastodonte qui, à 6 pieds 3 pouces et 186 livres, allie ruse et puissance pour faire le gros de son travail de démolition sous le nez du gardien adverse.

« C’est un joueur imposant, surtout en attaque, décrit Biello. Dans la surface, il faut le suivre, il faut être physique avec lui. Il est en pleine confiance avec les buts qu’il a comptés cette saison. Il a une bonne chimie avec (Ethan) Finlay, qui a eu beaucoup de passes décisives. On doit faire notre travail sur lui. »

« Il est fort, très athlétique et bon sur les jeux aériens, énumère Dominic Oduro. Il est aussi très mobile pour son gabarit. C’est un gars qu’il faudra surveiller étroitement. On a beau dire qu’il faudra garder tout le monde à l’œil, Kei est la cible principale. »

Oduro connaît Kamara mieux que quiconque dans le vestiaire de l’Impact. Les deux hommes ont fait connaissance en 2006, l’année de leur repêchage en MLS, et ont brièvement joué ensemble avec le Dynamo de Houston en 2009. Ils sont devenus de si bons amis qu’Oduro a été garçon d’honneur au mariage de Kamara il y a deux ans.

« J’ai commencé à lui faire la vie dure hier et on continue la guerre de mots par textos depuis, rigolait Oduro vendredi. Il est prêt. Je lui ai dit que j’allais lui botter le derrière. Je l’ai même épelé pour lui et je lui ai dit de s’assurer qu’il savait comment ça s’écrivait. Il va sûrement me revenir avec ça aujourd’hui. »

Cette saison charnière dans la carrière de Kamara sort d’un peu nulle part. De retour aux États-Unis après un passage sans éclat en deuxième division anglaise, le natif du Sierra Leone a affiché, à l’âge de 31 ans, des statistiques qu’il n’avait jamais approchées à ses dix saisons précédentes en MLS.

Kamara, qui revendique 74 buts en première division nord-américaine, n’en avait jamais marqué plus de 11 en une saison avant cette année.

« Le système que préconise Columbus lui sied bien, explique Biello. C’est l’équipe qui centre le plus dans la ligue. Elle aime profiter de toute la largeur du terrain et quand tu as un grand attaquant dans la surface, tu peux compter des buts. C’est ce qu’il a fait. »

À Columbus, on a mis sur pied une agressive campagne de promotion pour mousser la candidature de Kamara au titre de joueur par excellence de la MLS en 2015. L’idée est louable, mais même Oduro, à qui on pourrait facilement pardonner un peu de favoritisme, hésite à y adhérer.

« Il est mon meilleur ami et on a déjà eu cette conversation, admet le Ghanéen en souriant. Autant j’aimerais donner mon vote à Kei, autant je crois que même lui doit admettre que Giovinco a connu toute une saison à Toronto. Je n’en dirai pas plus… »

Kamara, qui a été blanchi en deux matchs contre l’Impact cette saison, a toutefois quelque chose que Giovinco n’a pas : une chance d’amener son équipe plus près de la conquête de la Coupe MLS.

Oduro et les siens ont déjà piégé la belette. Ils tenteront maintenant d’abattre le mastodonte.