MONTRÉAL – Rémi Garde ne se défile pas. De nouveau épinglé sous la loupe par  l’honnêteté mordante dont il a fait preuve après la plus récente défaite de sa troupe, l’entraîneur-chef de l’Impact a refusé d’adhérer au proverbial « club des mal cités » lors du retour à l’entraînement de l’équipe.

 

Samedi, dans les minutes qui ont suivi un revers de 2-0 au Minnesota, Garde a expliqué la contre-performance de ses joueurs par un « manque d’adresse, manque de talent, manque de volonté, un petit peu de tout. On ne peut pas résumer à une seule chose, mais on a ce qu’on mérite. » Des propos crus qui, même s’ils comportent une bonne dose de vérité, sont le signe d’une franchise étonnante et peut-être mal avisée sortant de la bouche d’un chef de clan.

 

« Je pense que oui, on manque de talent, a réitéré Garde lorsque la chance de se rétracter lui a été offerte mardi. Je n’ai pas à corriger mes propos. On s’est présentés 17 fois en position de tir. J’ai bien regardé, c’est le meilleur total pour une équipe à l’extérieur sur cette journée-là, et on n’a pas été suffisamment adroit. En disant cela, je n’ai pas décortiqué toutes les réactions que ça a engendré, ce n’est pas mon travail, mais c’est simplement un constat par rapport aux statistiques. »

 

Garde a maintenu qu’à ses yeux, les solutions à ces problèmes se trouvaient dans le travail.

 

« On peut progresser à tout âge, dans tous les domaines. Il faut aller de l’avant, il faut continuer à s’investir à l’entraînement. Je maintiens que c’est le meilleur endroit pour progresser. »

 

« Le football, c’est exploiter son talent par le travail et par un investissement, a-t-il plus tard développé. Ce que j’ai voulu dire, ce n’est pas que mes joueurs manquent de volonté.  [...] J’ai parlé de volonté à la fin du match, ce n’était pas tout à fait de la volonté. Je trouve que le niveau de sacrifice dont chacun est capable pour faire en sorte que l’équipe gagne n’est pas homogène. »

 

Lorsqu’on lui a demandé s’il avait observé une baisse de régime à l’entraînement depuis la dernière victoire de l’équipe, qui remonte au début du mois, Garde s’est fait plus prudent.

 

« Il faut que je fasse très attention à ce que je vais dire, parce que je n’ai pas du tout envie de déclencher quelque chose comme la dernière fois. Vous assistez aux entraînements, vous pouvez aussi juger. Moi, j’ai mon jugement que je garde pour moi. »

 

Grincement de dents dans le vestiaire

 

S’ils sont bénins à ses yeux, les propos de Garde ne semblent pas avoir semé la joie dans son vestiaire.

« Ce n'est pas nécessairement ça que Garde voulait dire »

 

« Ça a probablement été reçu aussi bien que vous pouvez vous y attendre, a répondu le gardien Evan Bush, peu intéressé à s’étendre sur la question. Je ne sais pas... Je n’en ai pas discuté avec beaucoup de gars et je ne sais pas dans quel contexte ça a été dit, donc je n’ai pas grand-chose à ajouter sur le sujet. »

 

Après une hésitation qui n’a pas permis de camoufler un certain malaise, Samuel Piette a quant à lui admis avoir été écorché à la première écoute de ces commentaires.

 

« C’est sûr que ça fait mal, n’a pu nier le milieu de terrain québécois. Je ne sais pas si ce sont des commentaires à chaud. Après le match, avec la frustration, ça peut être ça. Mais je pense que le staff a confiance en nous, que Rémi a confiance en nous. Je ne crois pas qu’il pense qu’on est des joueurs pas bons, qu’on n’a pas de qualité. »

 

En quête d’une interprétation plus positive, Piette a bien voulu admettre que l’Impact errait dans sa finition et sa prise de décision près du filet adverse.

 

« Mais je ne pense pas qu’il nous manque de talent. Tout de suite après un match, quand tu entends ça, tu le prends un peu personnel et tu te dis " peut-être qu’il ne nous trouve pas bon ", mais après réflexion et après avoir parlé au coach, ce n’est pas nécessairement ça qu’il voulait dire. En tout cas, c’est comme ça qu’on le voit. »​

Garde persiste et signe avec « le manque de talent »
« On est pas capable de concrétiser nos chances »