Depuis quelques années, l’Impact de Montréal projette l’image d’une organisation qui sabre dans les dépenses et tente de récupérer les revenus échappés depuis 2012. Dissolution de l’équipe réserve, poste de v.-p. marketing vacant et échange de Laurent Ciman, d’un côté. Augmentation importante du prix des billets, de l’autre.

 

L’investissement pour faire venir Rémi Garde et la 7e masse salariale la plus importante de la MLS ont de quoi ajuster cette image d’un club un peu chiche.

 

Devrait-on s’en réjouir?

 

Puisque j’ai la conviction que l’argent n’est qu’une loupe qui amplifie ce qu’une personne ou une organisation est déjà, je n’y arrive pas.

 

Le père de famille

 

Dans les minutes qui ont suivi la défaite de samedi dernier, Joey Saputo a décidé de brasser la cage de son équipe. Le président est descendu pour informer les joueurs qu’il trouvait cette performance « inacceptable » et « embarrassante ».

 

Certains y verront l’équivalent d’un bulletin météo spécial pour nous dire que lorsqu’il neige, c’est blanc par terre. D’autres seront rassurés par l’intervention d’un propriétaire passionné.

 

Pour ma part, j’y vois une vieille recette qui a perdu son explosion de saveur au fil des ans. Un père de famille dont le réflexe est de secouer le pommier de ses enfants a peut-être atteint les limites de ses capacités à communiquer et inspirer la maison. L’argent n’augmentera ni l’une, ni l’autre.

 

Que d’émotions

 

L’Impact de Montréal nourrit une culture où il est jugé nécessaire de « mettre de la pression ». Un principe bien ancré dans l’identité du club qui avait mené à des propos tranchants en 2010.

 

Le président avait alors désavoué publiquement Nevio Pizzolitto, vétéran montréalais de 15 saisons, en disant qu’il croyait peut-être avoir fait une erreur en lui donnant le brassard.  Nevio « ne faisait pas ce qu’il devait faire comme capitaine ». Dans la même foulée, il disait penser que l’entraîneur de l’époque, Marc Dos Santos, était un « génie ».

 

La suite dresse pourtant un portrait bien différent. Un 180 degrés pour être plus précis.

 

Pizzolitto a été le premier nom inscrit sur le mur de la renommée du bleu-blanc-noir, alors que Dos Santos n’a pas été jugé assez bon pour piloter le passage vers la MLS un an plus tard. Il est plutôt allé gagner des titres dans tous les clubs où il est passé depuis.

 

La logique dans tout ça? Difficile à trouver.

 

Si les émotions continuent de guider le club, l’argent investi ne fera qu’intensifier ces montagnes russes.

 

Les ressources

 

La direction le répète depuis plus d’un an. Ses ressources financières sont limitées et la rentabilité est l’objectif visé. Pour tenir tête aux nouvelles fortunes de la ligue, l’Impact devra être plus créatif, visionnaire et productif que ses concurrents. Ce qu’une entreprise ne peut cultiver si les émotions sont dans le tapis et la menace d’une visite du patron plane en permanence.

 

Voilà pourquoi le passage de Joey Saputo dans le vestiaire n’a rien de positif à mes yeux.

Les salaires dans la MLS

 

Jusqu’ici, l’Impact de Montréal doit son existence à son président. Sans sa passion et ses nombreux investissements, l’énigmatique Paulinho n’aurait jamais foulé la pelouse du Centre Claude-Robillard, le Stade Saputo n’existerait pas, des centaines de joueurs de l’Académie seraient éparpillés aux quatre coins de la province et Didier Drogba n’aurait jamais porté un maillot montréalais.

 

Par procuration, nous sommes aussi plusieurs à lui devoir, en grande partie, une carrière dans les médias.

 

Ceci-dit, une organisation ne peut croître au delà des limites de ses dirigeants. Surtout si ceux-ci sentent qu’ils doivent régler eux-mêmes les dossiers de leurs employés.

 

En constatant les événements de la dernière semaine et en regardant les groupes de propriétaires à travers la MLS, je ne peux m’empêcher de me poser une question.  

 

Après les joueurs et l’entraîneur désignés, le temps est-il venu pour l’Impact de trouver un président désigné?

 

Quelqu’un qui permettrait au propriétaire de se concentrer sur ce qu’il fait bien, soit investir et partager sa passion pour son club avec le Montréal Inc.?