MONTRÉAL – À la fin d’une longue séance d’entraînement, la première dirigée par Wilmer Cabrera, les joueurs de l’Impact se sont agglutinés dans la surface de réparation. Dans la demi-heure qui a suivi, l’essaim bleu et blanc s’est mû au gré de ballons décochés à partir d’endroits stratégiques, l’objectif étant de peaufiner l’exécution collective sur les phases de jeu arrêté.

 

Clairement, le nouvel entraîneur avait pris le temps de s’informer.

 

Cabrera n’a pas une minute à perdre. Avec à peine 48 heures pour se familiariser avec son nouveau groupe et moins de dix matchs devant lui pour convaincre ses nouveaux patrons qu’il peut être davantage qu’un sauveur temporaire, le Colombien de 51 ans devra rapidement trouver les solutions aux problèmes qui ont forcé l’Impact à congédier Rémi Garde avant la fin de sa deuxième saison à Montréal.

 

« J’ai passé les deux dernières nuits à regarder des matchs de l’Impact, à tout surveiller et à tout analyser. C’est mon job maintenant de tenter du mieux que je peux d’aider cette équipe », a affirmé Cabrera après avoir été présenté avec son nouveau maillot.

 

« Nous avons pratiqué les coups de pied arrêtés aujourd’hui parce que l’équipe a souffert dans ces circonstances dernièrement. C’est le genre de problème qui peut faire très mal et qui peut coûter le poste à un entraîneur. Il y a un paquet de détails comme celui-là sur lesquels on peut travailler en vue de nos neuf prochains matchs et c’est à moi de m’assurer qu’on n’en néglige aucun. »

 

Cabrera est conscient qu’il vit sur du temps emprunté. Pressé d’offrir plus de détails sur les termes de l’entente qu’il avait conclue avec l’ancien pilote du Dynamo de Houston, le président Kevin Gilmore s’est contenté de répéter que Cabrera était l’entraîneur de l’Impact « pour le moment. » Puis il a admis que le sort de l’entraîneur se retrouverait ultimement entre les mains du futur directeur technique du club, dont l’embauche est prévue avant la fin de l’année.

 

C’est donc une audition, beaucoup plus qu’un règne, qui s’amorçait jeudi matin au Centre Nutrilait.

 

« Nous, les entraîneurs, sommes des outils qui sont mis à la disposition des joueurs afin de les aider à connaître du succès, a philosophé le principal intéressé. Si nous sommes de bons outils, on nous utilisera. Si nous ne sommes pas de bons outils, on se débarrassera de nous. C’est la nature du métier. J’essaierai d’être un bon outil pour les joueurs et si on connaît du succès, peut-être que je me retrouverai ici pour vous parler, en français, pour encore plusieurs années. »

 

Cabrera était sans emploi depuis moins d’une semaine quand il a pris l’avion pour rencontrer Gilmore lundi. Le Dynamo l’a congédié au cœur d’une séquence de dix défaites en douze matchs qui l’avait fait glisser à six points d’une qualification aux séries éliminatoires.

 

En près de trois saisons à Houston, Cabrera a montré une fiche de 32-39-22 en MLS. Sous ses ordres, le Dynamo s’est toujours montré solide à domicile, mais inefficace à l’étranger, où il n’a obtenu que cinq victoires en 46 parties. La bonne nouvelle, c’est que l’Impact disputera cinq des sept derniers matchs à son calendrier MLS au Stade Saputo.

 

« Le fait que je sois ici aujourd’hui démontre que j’aime prendre des risques et je veux que mes joueurs prennent des risques. Quand vous prenez des risques, vous pouvez perdre, annuler ou gagner, mais vous aurez toujours l’impression d’avoir tout essayé pour aller chercher la victoire. C’est dans ma personnalité : je me demande toujours quel risque calculé on peut prendre pour affecter l’adversaire et gagner nos matchs. On verra les réponses qu’on obtiendra ici. »

 

Des blessés

 

Malheureusement pour lui, Cabrera devra, pour l’instant du moins, vivre avec les mêmes problèmes qui ont compliqué la vie de Garde au point de lui coûter son emploi.

 

Blessé, Ignacio Piatti n’a pas été vu à l’entraînement jeudi. Samuel Piette et Victor Cabrera ont quant à eux observé la séance de loin sans y prendre part. Signe que les temps sont durs, le nouvel entraîneur adjoint Patrice Bernier a enfilé le dossard pour prendre la place de Piette lors de certains exercices.  

 

L’Impact s’est aussi entraîné sans Rudy Camacho, qui a quitté le terrain avec un thérapeute avant même d’avoir pu se mêler au groupe. Il apparaît peu probable que le Français soit en mesure d’affronter Toronto FC en fin de semaine, une éventualité qui laisserait peu d’options à Cabrera dans la composition de sa défense centrale.

 

« C’est très compliqué, a concédé ce dernier en baissant les yeux sur une feuille sur laquelle était imprimé son effectif. Présentement, je compte sept partants qui n’ont pas pratiqué. Ça serait bien de pouvoir compter sur eux, mais je ne peux pas me plaindre et parler de ceux qui ne sont pas là. Nos jeunes joueurs, à un certain point, doivent jouer, même si c’est un derby. C’est pour ça qu’ils font partie de l’équipe. On ne peut pas avoir peur de faire jouer les jeunes. Il faut prendre ce risque. Peut-être qu’ils deviendront un jour des joueurs fantastiques. Mais si on ne prend pas le risque de les faire jouer, on ne le saura jamais. »

Garde poussé à la porte par les insuccès