MONTRÉAL – Wandrille Lefèvre se souvient surtout des conquêtes. Il en a célébré deux à l’époque où il était avec l’Impact de Montréal. La première, qui n’était pas dans les cartons, avait été rendue possible par une magnifique tête d’Hassoun Camara tard dans la nuit de Vancouver.

 

Il y a aussi eu ces batailles mémorables contre Toronto. Les six buts – six! – pour assommer l’ennemi au Stade Saputo. Celui de Felipe, l’année suivante, dans les arrêts de jeu, pour confirmer la défense du titre. Et cette grande surprise signée Dominic Oduro, au BMO, en 2015.

 

Lefèvre a donc assez de vécu pour savoir que tout peut arriver en Championnat canadien et c’est précisément ce qui l’excite alors que l’AS Blainville, son nouveau club de cœur, s’apprête à y amorcer le deuxième parcours de son histoire. Mercredi soir, les champions en titre de la Première Ligue de Soccer du Québec (PLSQ) recevront le York 9 FC dans le premier match de l’une des trois séries aller-retour qui lanceront la compétition annuelle culminant par l’attribution de la Coupe des Voyageurs.

 

L’année dernière, Blainville avait été l’épicentre d’une secousse majeure dans le petit monde du soccer canadien alors que la victoire surprise de son club semi-professionnel au premier tour du tournoi lui avait permis de se mesurer au Fury d’Ottawa, un club de la deuxième division nord-américaine.

 

Cette année, dans un nouveau format qui place treize équipes en compétition, la troupe de l’entraîneur-chef Emmanuel Macagno fait face à un défi encore plus intimidant. Les deux premières rondes du tournoi l’opposeront à des clubs professionnels de la nouvelle Canadian Premier League (CPL), et si par miracle elle devait franchir avec succès ces deux étapes, elle se retrouverait confrontée à nul autre que l’Impact.

 

« Personnellement, j’ai toujours adoré ce format de matchs aller-retour qui semble fait sur mesure pour produire des moments dramatiques, anticipe Lefèvre, qui s’est engagé avec l’AS Blainville cet hiver après une année complète passée loin des terrains. On part comme les négligés, c’est certain, mais on part aussi pour un endroit où personne ne nous attend alors que de l’autre côté, personne ne voudra subir l’affront de perdre contre nous. Ça vient avec une certaine pression. »

 

Lefèvre, qui évolue désormais à la position de milieu défensif, est l’un des nombreux nouveaux visages à s’être greffés à l’AS Blainville au cours de l’hiver. Stefan Karajovanovic, le deuxième meilleur buteur de la PLSQ en 2018, est notamment sauté dans le train, tout comme les défenseurs Bila Dicko-Raynauld et Mohamed Farsi et le milieu de terrain Omar Kreim. Ce groupe remodelé a eu quelques tests préparatoires à se mettre sous la dent avant d’entreprendre son calendrier régulier, qui n’est vieux que de deux matchs (une victoire et un match nul).

 

« C’est sûr que ce n’est pas la situation idéale. Si on prend nos deux premiers matchs, cinq des onze joueurs sur le terrain - donc 40% du groupe – étaient des nouveaux. Ça demande une certaine adaptation, raisonne Lefèvre. Mais entre les deux situations, je préfère encore la nôtre. Les équipes de la CPL sont dans l’inconnu, elles viennent d’être bâties à partir de rien. On ne sait pas trop quel calibre elles seront en mesure d’offrir. »

 

« L’an passé, on connaissait un peu les Blue Devils d’Oakville parce qu’on avait déjà l’occasion de les affronter à chaque année, expose le président de l’AS Blainville, Sylvain Pereira. Avec York, on est un peu plus l’inconnu, mais on a fait nos devoirs. Manu est allé voir leur match contre Hamilton avec Wandrille, ils sont allés faire leur analyse sur place. Le constat, c’est que le calibre n’est pas plus haut. Ça ressemble pas mal à ce qu’on a vu  l’année passée. C’est comme si on affrontait une équipe d’étoiles de la PLSQ. »

 

Comme l’année dernière, les dirigeants de l’AS Blainville s’efforcent de tempérer l’enthousiasme ambiant en rappelant qu’une participation au Championnat canadien doit être vue comme une récompense pour les bons résultats décrochés en saison régulière.  

 

« Notre mandat, c’est de gagner le championnat de la PLSQ. C’est notre job à temps plein, insiste Pereira. Après, le championnat canadien, c’est du bonbon. C’est de l’expérience, c’est un tremplin pour nos jeunes. Cette année, Diyaeddine Abzi joue avec York parce qu’ils l’ont vu l’an dernier au championnat canadien, parce qu’il s’est démarqué pour nous derrière cette vitrine. »

 

« Manu n’a pas changé, il est toujours très terre à terre. Avec lui, c’est un match à la fois et il ne faut pas perdre le focus, ajoute le président. On veut gagner. On va tout faire pour gagner. Mais il ne faut juste pas oublier que le match de samedi passé ou celui de la semaine prochaine sont aussi importants que celui de mercredi. »

 

Lefèvre est au diapason avec son nouveau patron. Deux jours avant de renouer avec cette compétition qui l’a jadis tant fait vibrer, le grand rouquin jurait ne pas ressentir de fébrilité particulière. Ça ne signifie toutefois pas qu’il l’aborde avec des œillères. Depuis longtemps, la date du 10 juillet, celle d’éventuelles retrouvailles avec le Bleu-blanc-noir, est gravée dans son esprit.

 

« C’est la magie du sport, constate-t-il. Des histoires comme celle-là, quand on commence à voir le potentiel qu’elles s’écrivent, finissent souvent par s’avérer. »

 

Contrairement à l’année dernière, alors qu’il avait été forcé de disputer ses matchs locaux à Laval, l’AS Blainville accueillera le York 9 FC au Parc Équestre de Blainville, son domicile régulier. Le match débutera à 19 h. ​