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RÉSULTATS

L'effet Messi à Miami : « On a vendu un rein »

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COLLABORATION SPÉCIALE

 

C'est aux petites heures du matin mardi que je me rendais à Montréal-Trudeau.

 

Destination? Floride.

 

Au-delà de visiter Fort Lauderdale pour une toute première fois, c'était surtout une magnifique opportunité professionnelle. Décrire, sur place, un match d'une légende vivante. Pour plusieurs, la plus grande de tous les temps, Lionel Messi.

 

En croisant les doigts qu'il joue évidemment. Après tout, plus de 70,000 personnes étaient sur place à Atlanta quelques jours plus tôt pour une rencontre à laquelle Lionel Messi n'a finalement pas participé.

 

Investissement

 

Alors que nous avions encore les pieds sur la terre ferme montréalaise, on a eu la confirmation que ce n'était pas un match comme les autres.

 

Au moment d'embarquer dans l'avion, Patrice Bernier et moi nous faisons accoster par trois résidents de Québec. On apprend qu'ils ont leurs billets pour le match. La seule raison de leur voyage? Voir le champion du monde en chair et en os.

 

La MLS, Adidas et AppleTV ont fait des investissements majeurs pour faire venir Lionel Messi en Amérique du Nord. À leur échelle, bien des amateurs en font tout autant depuis ses débuts avec l'Inter Miami.

 

À l'exemple de nos trois voyageurs Québécois s'ajoute celui d'une famille que j'ai rencontrée aux abords du DRV-PNK Stadium à quelques heures du coup d'envoi.

 

La famille de quatre a fait le trajet de 6,600 km de Wicklow en Irlande pour voir le match. « Notre fils est fan fini de Messi. On a dû vendre un rein pour lui offre ça », m'a confié sa mère qui parlait au sens figuré (je présume).

 

Ils ont déboursé 2000$ US en billets pour le match en plus des vols et de l'hôtel. J'admire le dévouement. Je me demande tout de même ce qu'ils pensaient du projet lorsque Leo a demandé d'être retiré du match au bout de 34 minutes.

Comme Didier

 

En quittant la Floride je me suis habité de la même question que je me posais lorsque Didier Drogba était à Montréal.

 

Que restera-t-il au club de son passage après son départ?

 

Assiste-t-on à un moment fondateur pour l'Inter Miami ou à un rêve éveillé qui ne durera qu'un temps sans laisser de véritables traces?

 

Avec des partenaires solides et visionnaires, un produit plus relevé que jamais et une Coupe du Monde en sol américain qui pointe à l'horizon, je suis convaincu que la ligue a ce qu'il faut pour pérenniser l'effet Messi.

 

En ce qui concerne le club, mon expérience de cette semaine me force à garder certaines réserves.

 

Même avec Messi en ville, on peut passer 24h à Fort Lauderdale sans voir un maillot de l'Inter Miami.

 

Au stade, on abandonne rapidement l'idée de compter le nombre de maillots floqués du no.10 dans les estrades. Ce sont des maillots de Messi avant d'être des maillots de l'Inter Miami.

 

On me dira qu'il y a des cas d'exception comme ça et qu'il faut accepter qu'en 2023, certains athlètes transcendent l'équipe qu'ils représentent. C'est tout à fait juste. Certains sont fans de LeBron, plutôt que fans des Lakers.

 

La différence est que les Lakers représentaient quelque chose avant l'arrivée de LeBron et ces racines se perdureront longtemps après sa retraite.

 

Dans le cas de Miami, on a l'impression que le club a commencé à exister avec l'arrivée de l'Argentin. Voilà pourquoi je crains que dans le marché de la Floride, sa présence ait un impact retentissant, mais potentiellement éphémère.

 

Comme l'Impact de Montréal en 2015-16 lorsque Drogba était dans la Métropole, je me demande si la cerise n'est pas venue avant le sundae.

 

Si Drogba débarquait aujourd'hui, la situation serait complètement différente. Le CF Montréal a des bases beaucoup plus solides avec une direction technique et un projet clairs.

 

En ce sens, la présence de Tata Martino comme entraîneur est un cadeau envoyé du ciel pour les Hérons. Si quelqu'un a la prestance et le savoir pour capitaliser sur le présent tout en préparant le futur avec de jeunes talents, c'est bien lui.

 

Pour l'aspect marketing, ils auront toujours le luxe de se tourner vers David Beckham.