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Après avoir galéré en Roumanie, Zorhan Bassong est de retour en MLS

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MONTRÉAL – Zorhan Bassong pèse ses mots. Il aborde d'abord le sujet avec prudence, « sans trop rentrer dans les détails. » On le sent bien intentionné. Il ne veut pas faire trop de vagues. « Je ne dis pas ça pour tacler personne, mais je le dis très franchement », insistera-t-il à la fin de conversation au cours de laquelle il en aura finalement dit pas mal.

On avait appris à connaître et à apprécier le franc-parler du jeune globe-trotter pendant son séjour de deux saisons au CF Montréal. On lui pose des questions et voilà, il répond.

Bassong est de retour en Amérique du Nord après un long détour vers le méconnu championnat roumain. Il y a passé moins d'un an. Son expérience? « Très, très compliquée », commence-t-il par dire. Il en ressort avec de drôles de souvenirs et quelques précieuses leçons de vie, mais si un ami ou un confrère lui disait être tenté de suivre ses traces, il lui conseillerait de ne pas faire comme lui.

« Je pense qu'il faut vraiment le vivre pour comprendre ce qui se passe, affirme l'athlète de 24 ans en entrevue à RDS. J'avais eu des mots de certaines personnes qui me disaient de faire attention. Mais on dirait que tu penses toujours : "Ok, ils ne savent pas de quoi ils parlent, même s'ils l'ont vécu. Moi je suis différent." Et là tu vas là-bas et tu te rends compte comment les choses fonctionnent. »

Bassong a quitté Montréal à la fin de 2022, alors que l'option à son contrat n'a pas été levée par Olivier Renard. Pour un jeune homme qui a passé une partie de sa jeunesse sur la Rive-Sud, la cassure a été difficile. Mais quelques mois plus tard, il s'est replacé au FC Argeș Pitești, un club de première division en Roumanie.

« Quand je suis parti là-bas, pour moi ce n'était même pas une question d'argent. C'était important pour moi de jouer, raconte Bassong, qui n'avait pris part qu'à une dizaine de matchs, dont un seul comme titulaire, à sa dernière saison au Bleu-Blanc-Noir. C'était de gagner des minutes, même si ce n'était pas le championnat idéal pour moi. Juste d'aller jouer dans un championnat en division 1, ça allait me permettre de rester sur la mappe. »

« Malheureusement, après les choses se sont passées bizarrement. »  

Comme la mafia

Les premiers souvenirs qui remontent à la mémoire de Bassong sont de nature financière. Lui-même n'a jamais eu de problème à recevoir ses chèques de paie, si ce n'est qu'un délai plus long que prévu après la rupture de son deuxième contrat, à la toute fin de son aventure. Mais il a vu des coéquipiers en baver. Il explique que les joueurs qui n'étaient pas sélectionnés par l'entraîneur pour un match donné pouvaient ne pas être rémunérés.

« Après, les dirigeants vont se demander pourquoi tout le monde n'a pas la même intensité à l'entraînement. C'est des trucs qui, pour eux, semblent presque logiques alors que nous on se dit que c'est pas possible! Comment ils veulent que les joueurs aient tous le même niveau d'investissement à l'entraînement si on n'est pas tous traités de la même façon? »

Bassong est lui-même entré dans cette spirale où les considérations pour l'homme derrière le joueur sont en-dessous du minimum acceptable. Ça l'a frappé lorsqu'il s'est blessé après ses cinq premiers matchs en Superliga. N'a-t-on pas pris sa blessure au sérieux? Était-on plutôt mal équipé pour la soigner? « Les deux », répond-il du tac au tac.

« J'ai envoyé mes rapports médicaux à des médecins avec qui je travaillais au CF Montréal, en Belgique et tout ça. Tous, ils m'ont dit [que ça nécessitait une convalescence] de quatre à six semaines. Là-bas, ils m'ont dit trois jours. »

Bassong prétend avoir aggravé sa blessure après avoir suivi les ordres de ses patrons. Il a été sur le carreau pendant deux mois. « Ça a chamboulé tout le traçage que je m'étais fixé pour me développer et pouvoir me rediriger vers de meilleurs championnats », plaide-t-il.

À la fin de la saison, Pitești a été relégué et Bassong a été transféré au champion en titre de la première division, le Farul Constanța. Le désillusionnement est le même. Il n'y jouera au final que deux matchs avant de précipiter son départ.  

« Ça reste mon impression, peut-être que d'autres auraient une opinion différente par rapport à ça. Pour moi, le club était plus grand mais c'était pareil. Ok, il y a des meilleurs joueurs, les terrains sont un peu mieux, le vestiaire est plus beau. Mais la manière dont on traite les joueurs, le respect que les dirigeants et le staff ont pour les joueurs, il n'est pas là. Je vais le dire comme ça. »

Il gardera le souvenir d'un championnat où on retrouve des joueurs de qualité, mais qui est dirigé « un peu comme si c'était la mafia, d'une certaine façon. »

La MLS, le plan A

Pendant les quelques mois durant lesquels il s'est retrouvé orphelin de club, le latéral gauche québécois dit avoir reçu de l'intérêt d'équipes en USL et en Première ligue canadienne. La Grèce et la Belgique s'offraient aussi comme des destinations potentielles. C'était avant que le Sporting KC ne se manifeste.

« J'étais surpris. En fait, j'étais content parce que j'attendais l'opportunité. C'est comme si les autres offres que j'avais, dans ma tête c'était vraiment plan B, plan C. J'attendais vraiment d'avoir un truc que, selon moi, je méritais. Alors au moment où ils sont venus, je n'ai même pas hésité, je n'ai même pas voulu commencer à entrer dans des négociations profondes. »

Bassong revient dans une ligue où il a déjà eu la chance de prouver sa valeur. En 2021, il avait donné un peu plus de 1200 minutes à l'Impact avant d'arriver à court de ses objectifs l'année suivante. Il envisage avec positivisme le défi de regagner un certain statut en MLS.

À Kansas City, il travaille pour l'obtention de temps de jeu derrière l'Allemand Tim Leibold. Il a été appelé comme substitut pour un quart d'heure dans le premier match de la saison contre Houston et n'a pas quitté le banc depuis.

« C'est drôle, l'un des entraîneurs adjoints s'appelle aussi Zoran [Savic]. On a beaucoup parlé. Il m'a vraiment fait comprendre que j'ai des qualités et que c'est vraiment à moi de les montrer, de décider ce que je veux faire avec le bagage que j'ai. Il me dit en fait que la balle est dans mon camp. Et tous ces petits mots, ces petits conseils, ça me donne juste envie de me dépasser, de donner le meilleur de moi-même. »