Dix ans après s’être incliné en finale contre la France lors de la première édition de la Coupe du monde de beach soccer FIFA, le Portugal est revenu à l’attaque sur ses terres. Et Madjer, figure emblématique du pays à ce sport, et capitaine de l’équipe, a enfin pu soulever la coupe au bout de ses bras, devant une foule ravie et enthousiaste.

Pourtant, on n’aurait pas donné bien cher de la peau du Portugal lors de la phase de groupes. Après la défaite contre le Sénégal, où il a perdu une avance de deux buts et s’est fait rattraper à quelques reprises dans le match, plusieurs pensaient que cette génération dorée, axée autour de Madjer, 38 ans, Alan, 40 ans, Torres, 35 ans, et trois ou quatre autres trentenaires, était arrivée au bout de ce qu’elle avait à offrir. C’était bien mal connaître le feu sacré qui les animait.

Ils ont d’abord vaincu en demi-finale rien de moins que les doubles champions du monde en titre, les Russes qui, il faut le reconnaître, ont aussi été les artisans de leur propre malheur. Indiscipline (deux joueurs ont été expulsés), manque de diversité à l’attaque, fautes de toutes sortes, ils n’ont pas fait le poids devant une équipe motivée, supportée par une foule qui n’hésitait pas à entonner « La Portugaise » à tout bout de champ pour appuyer les siens qui se démenaient sur le terrain.

Leur adversaire en finale, Tahiti, avait fait face à des Italiens coriaces en demi-finale, qui étaient constamment revenus de l’arrière pour obliger la première prolongation et la première séance de tirs au but. Cette débauche physique aura coûté cher à l’Italie qui a à peine réagi devant une Russie qui avait retrouvé sa fierté au match pour la troisième place, s’inclinant sans appel 5 à 1.

Après avoir craint une leçon du même genre en finale, Tahiti, petite nation en constante progression au soccer de plage, a tenu tête au pays hôte et a semé l’inquiétude dans les gradins - et sur le terrain - jusqu’à la toute fin du match. Mais la victoire du Portugal était méritée et on ne pouvait rêver à une fin plus heureuse à un tournoi qui s’est déroulé pendant dix jours sous un soleil resplendissant et un ciel si bleu qu’il en paraissait irréel. Les deux joueurs les plus âgés de l’équipe, Madjer (ballon de bronze et soulier de bronze) et Alan (ballon d’argent), ont ouvert et fermé le score. Comme quoi la valeur peut atteindre le nombre des années… Leur avantage? Ils avaient conservé ce que beaucoup de joueurs perdent en cours de carrière : la passion. Et ils ont su en faire bénéficier leur équipe.

Cette histoire de conte de fées met fin à dix jours de soccer enlevé, jouissif, allumé. Cette Coupe du monde, sous son format actuel, est encore jeune, dix ans à peine. Nul doute qu’elle est appelée à grandir et à se faire connaître. Elle ne tiendra pas longtemps dans sa version à 16 équipes. D'ici quelque temps, d’autres pays, voyant le succès et l’intérêt télévisuel qu’elle génère, souhaiteront s’y joindre aussi. Pensez au volleyball de plage qui était anecdotique lors des Jeux d’Atlanta et qui, vingt ans plus tard, est devenu l’un des sports les plus suivis aux Jeux d’été.

On a vu émerger des pays absents des finales de la Coupe du monde sur gazon, comme le Madagascar, le Sultanat d’Oman ou Tahiti, avec le succès qu’on connaît. Deux des joueurs tahitiens ont reçu les grands honneurs du tournoi : Taiarui le Ballon d’or pour le meilleur joueur, et Jo le Gant d’or, pour le meilleur gardien. Ils peuvent maintenant en inspirer d’autres qu’on retrouvera d’ici quelques années sur les plages de la planète. En attendant, le prochain rendez-vous est dans deux ans, aux Bahamas, et on peut penser pertinemment que le calibre de jeu aura grimpé de quelques coches. À moins qu’il n’y ait du sable dans l’engrenage... mais rien qu’un peu d’huile, solaire ou pas, ne saurait enlever.