COLLABORATION SPÉCIALE

Être appelée en équipe nationale est l'ultime honneur, mais la route pour s'y rendre peut être longue et ardue… littéralement.

Il y a quelques semaines, ma coloc Evelyne Viens et moi devions nous rendre jusqu'à Victoria, en Colombie-Britannique, pour y affronter le Nigéria à deux reprises dans le cadre de la tournée de célébration de notre médaille d'or olympique. Pour arriver à destination, nous avons vécu un pèlerinage impressionnant. Un train de 1 h 30 de Kristianstad à Copenhague, un vol de Copenhague à Munich, puis un autre de Munich à Vancouver. Une semaine plus tard, nous avons dû effectuer le chemin inverse, et avec près de 24 heures en déplacement, les chances qu'il nous arrive une mésaventure de voyage étaient grandes.

Entre dormir à l’aéroport de Dallas avec l’os de la joue fracturé (et une moitié de visage mauve et enflé) et faire Floride-Québec en voiture avec un chat qui abhorre les moyens de transport, j’ai plus d’une dizaine, voir vingtaine, d’histoires de voyage plus saugrenues les unes que les autres. Ce trajet de près de 24 heures ne laissait donc présager rien de bon.

Cinq minutes après avoir mis les pieds dans l’aéroport de Victoria, l’agente au comptoir d’enregistrement me fait part de la première mauvaise nouvelle de la journée: ma valise est 10 livres au-dessus du poids permis. Quand même assez impressionnant comme surpoids, mais rien à côté du monstre de 70 livres qu’est la valise d’Évelyne.Équipe canada - soccer féminin

Pourtant, alors que je m’apprête à jeter mes bouteilles de gel douche et de shampoing, je vois la valise d’Evelyne tranquillement faire son chemin sur le tapis roulant deux comptoirs plus loin. J’interpelle Evelyne pour lui demander comment elle a réussi à faire passer 20 livres de surplus sous le radar. Elle me répond que la limite de poids n’est pas 50 mais bien 70 livres. Cette nouvelle semble surprendre mon agente, mais après confirmation de la part de l’agent d’Evelyne, ma valise et toutes ses bouteilles de liquide font leur chemin vers l’arrière.

Avant notre premier vol, Ève et moi achetons un sac de chips au ketchup, un incontournable lorsque nous sommes de passage au Canada. Notre vol de 15 minutes entre Victoria et Vancouver se déroule sans embûches. Par contre, une fois au sol et à notre porte de débarquement, une alerte météo rouge nous empêche de sortir de l’avion. Je ne m’y connais ni en météorologie, ni en aviation, mais puisque je ne vois aucun nuage noir à l’horizon et que nous avons peu de temps avant notre prochain vol, j’ai grande envie de convaincre le personnel de l’avion que l’alerte rouge peut attendre deux minutes, le temps qu’on sorte de l’appareil. Je m’abstiens de leur faire part de ma suggestion, et ce n’est que 40 minutes plus tard que nous débarquons de l’avion. À ce moment, notre vol à direction de Frankfurt est déjà en train de procéder à l’embarquement, mais nous prenons tout de même le temps de nous arrêter au Tim Hortons pour des Timbits et un cappuccino glacé (autres incontournables canadiens). Puis, nous nous dirigeons vers notre porte d’embarquement à la marche rapide et les mains pleines.

Sans surprise, nous sommes parmi les derniers à entrer dans l’avion. Peu après le décollage, je prends un somnifère, mon but étant de dormir pour la majorité des 9 h 30 du vol. Malheureusement, outre un mal de tête immédiat, il ne se passe pas grand-chose côté sommeil, et à notre atterrissage à Frankfurt vers 10 h le matin, j’ai l’impression d’avoir passé la majorité de ce vol interminable éveillée. Je ne me porte toutefois pas si mal puisque je suis toujours adaptée à l’heure de Vancouver (9 h derrière).

C’est une tout autre histoire lorsque nous atterrissons à Copenhague quatre heures plus tard. J’ai la cadence mentale et physique d’une tortue. Ève et moi avons environ 45 minutes pour récupérer nos bagages et prendre le train qui nous ramènera à la maison. Trente minutes plus tard, nous attendons toujours que nos valises fassent leur apparition sur le carrousel. Cinq minutes avant le départ du train Copenhague-Kristianstad, la soute de notre avion n’a toujours pas été déchargée. Nous recevons nos valises trois minutes après le départ de notre train. Nous n’avons qu’une option, attendre 1 h pour le prochain train.

À 16 h, nous sommes entassées comme des sardines dans le train de l’heure de pointe. Je dors pratiquement debout. À notre arrivée à Kristianstad 1 h 30 plus tard, nous entamons la marche de dix minutes jusqu’à notre appartement. Alors que je pousse ma valise à deux mains, je réalise qu’une odeur fraîche en émane. La senteur en question est un peu trop forte pour qu’il n’y ait pas anguille sous roche. Lorsque nous arrivons finalement à notre appartement, j’ouvre ma valise et ne suis pas surprise de constater que la moitié de mon gel douche, celui que j’étais à deux doigts de jeter presque 24 heures plus tôt, a coulé un peu partout dans ma valise. De quoi terminer le trajet en beauté.

Néanmoins, cette journée de voyage aurait pu être beaucoup plus pénible. Nous aurions pu manquer notre vol de correspondance, ma valise aurait réellement pu être en surpoids, ou pire, elle aurait pu ne pas se rendre à destination. Tout voyage comporte son lot d’inconvénients et même si j’aime bien pointer du doigt tout ce qui va de travers, je suis tout à fait consciente de la chance que j’ai de pouvoir voyager, et j’en suis reconnaissante même lorsque je dois courir à travers tout un aéroport pour ne pas manquer mon vol.

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