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RÉSULTATS

Gold Cup 2024 : une demi-finale qui restera gravée dans ma mémoire

Lynn Williams, des États-Unis, et Gabrielle Carle - Getty
Publié
Mise à jour

Je ne sais pas si vous avez eu la chance de regarder notre match de demi-finale de la Gold Cup contre les États-Unis, mais nous avons eu l'opportunité d'y tester un nouveau sport : le water-polo avec pieds.

 

Joué à San Diego sur un terrain complètement inondé, c'est un match qui restera gravé dans ma mémoire comme l'un des plus absurdes de ma carrière.

 

Avant même le début du match, j'ai compris que les conditions du terrain seraient problématiques lorsque les éclaboussures produites par un de mes sprints se sont rendues jusque dans la bouche de ma coéquipière Kadeisha Buchanan.

 

Malgré les circonstances, les spectateurs et leurs ponchos ont eu droit à 120 minutes d'action, le match allant jusqu'en tirs de barrage, où nous nous sommes malheureusement inclinées.
 

Lors du réchauffement, il pleuvait, mais le terrain se portait bien. Rien n'indiquait que nous nous apprêtions à jouer dans une piscine. Ce fut donc un choc de retourner dehors, 15 minutes après être rentrées au vestiaire pour enfiler nos maillots, et de voir un rideau de pluie inonder le terrain.

 

Lorsque nous mettons les pieds sur la pelouse, de grosses flaques d'eau sont visibles un peu partout. L'arbitre siffle pour annoncer le début du match, et presque immédiatement, je me retrouve au sol dans une de ces flaques après un tacle. Même pas 10 secondes d'écoulées et on dirait déjà que j'ai pris une douche toute habillée.

 

Lors des premières minutes de jeu, nous essayons toutes de jouer comme si de rien n'était. Une tactique qui s'est évidement avérée plutôt mauvaise. À chaque action, le ballon roule à toute vitesse pour s'arrêter subitement en plein milieu d'un petit lac. Joueuses américaines comme canadiennes se regardent avec incrédulité. Impossible de jouer dans ces conditions. Et pourtant, l'affrontement se poursuit.

 

Il devient clair que ce match devra majoritairement être aérien. Débute alors la partie de ping-pong la plus étrange. Ballons aériens, interceptions, dégagements et on répète.

 

À la 20e minute, une rare passe en retrait près de notre but fait à peine deux mètres avant de s'arrêter complètement, le ballon en position parfaite pour être repris par une joueuse américaine qui trouve le fond de notre filet. 1 à 0 États-Unis.

 

Le reste du match se déroule au même rythme. Le ballon est majoritairement dans les airs, intercepté, puis dans les airs à nouveau. À la 82e minute, alors que nos espoirs d'égaliser diminuent à vue d'oeil, un centre d'Ashley Lawrence trouve la tête de Jordyn Huitema, qui bat la gardienne américaine.

 

Dix minutes plus tard, l'arbitre siffle la fin du temps réglementaire. Prolongation. Je retourne vers notre banc, trempée et les bas troués, mais avec le sentiment que ce match est à notre portée. En écoutant mes coéquipières parler et en voyant leur énergie, je le crois encore plus.

 

Et pourtant, en début de prolongation, les États-Unis reprennent l'avance. Avec 20 minutes restantes et 110 minutes de jeu dans le corps, la tâche est colossale, mais il n'y aucun signe d'abandon dans notre équipe.

 

À la 127e minute de jeu, Adriana Leon marque sur pénalty à la suite d'une faute commise par la gardienne américaine. Il n'y a plus d'autres options : le sort du match sera décidé en tirs de barrage.

 

Si nous étions dans un film, il n'y a aucun doute que c'est nous qui serions sorties victorieuses de ce match. À Hollywood, un effort de ce genre est récompensé. Le soccer ne suit par contre aucun script, et c'est par la marque de 3 à 1 que nous avons été vaincues. C'est tout de même la tête haute que nous sommes sorties du terrain, avec le sentiment d'avoir tout donné en dépit des circonstances.

 

La Gold Cup : une première

 

Cette édition de la Gold Cup était la toute première chez les femmes, tandis que les hommes se la disputent depuis 1991. Il aura donc fallu plus de 30 ans avant de voir cette compétition avoir son équivalent féminin.

 

Organisée par la CONCACAF (Fédération de l'Amérique du Nord et Centrale), cette compétition comprend 12 équipes, dont 4 équipes invitées en provenance de la CONMEBOL (Féderation de l'Amérique du Sud). De ces 12 équipes, 8 accèdent aux quarts de finale. Contrairement à la majorité des tournois internationaux, ce n'est pas la position d'une équipe dans son groupe qui détermine son adversaire en quarts de finale, mais plutôt sa position face aux 12 autres équipes. Le différentiel de buts est donc crucial.

 

Avec 3 victoires, 13 buts pour et 0 contre, nous avons terminé la phase de groupe au sommet, faisant en sorte que notre adversaire en quarts de finale serait la 8e position, soit le Costa Rica.

 

Concours de circonstances, le Costa Rica était également notre adversaire lors de notre 3e match de phase de groupe. Affronter la même équipe deux fois de suite dans le même tournoi était une nouvelle expérience pour notre équipe, et une qui s'est avérée très peu plaisante.

 

Alors que nous les avions facilement battues 3-0 en phase de groupe, il a fallu se rendre en prolongation lors des quarts de finale pour enfin trouver le fond de leur filet et accéder aux demi-finales. Vous connaissez la suite de l'histoire...

 

Pour les équipes des Amériques, la Gold Cup c'est un peu comme nos Euros. Par contre, il y a encore du chemin à faire avant que le niveau n'atteigne celui du tournoi européen. Mais le fait que le tournoi soit maintenant en place chez les femmes est un pas dans la bonne direction.

Maintenant, place à la saison de la NWSL. Ce dimanche 17 mars, mes coéquipières et moi entamons enfin notre quête vers le titre de la ligue.