MONTRÉAL – Les entraîneurs sont une présence déterminante dans la carrière d’un athlète... mais pas toujours pour les bonnes raisons. Nos anciens joueurs se souviennent d’engueulades mémorables, mais aussi de précieuses leçons de vie.

Matthieu Proulx : le caractère de Trestman

Mes mauvais moments avec des entraîneurs ont été rares parce que j’étais un assez bon soldat. Je n’étais pas un joueur qui défiait l’autorité et qui se mettait un coach à dos. Je suivais la ligne directrice et ça m’a valu un parcours sans ennuis majeurs. Mais il y a un moment qui me vient en tête, vers la fin de ma carrière, alors que j’étais représentant des joueurs des Alouettes avec Scott Flory. À chaque mois, on rencontrait Marc Trestman pour regarder l’horaire qu’il avait planifié pour le mois à venir. Le but était de s’assurer que son plan respectait les clauses de la convention collective. On voyait aussi si on pouvait déplacer des trucs ici et là si on trouvait que ça convenait mieux aux joueurs.

Une fois, on avait demandé de déplacer une pratique du vendredi au samedi pour nous permettre d’avoir plus de journées de congé consécutives. Trestman s’était mis à nous invectiver, à carrément nous envoyer promener. Le ton avait monté, tellement qu’on avait dû fermer la porte de son bureau. C’était une engueulade des ligues majeures. À un certain point, je suis tombé dans le silence tellement j’étais insulté. Tout ça pour se rendre compte, après deux minutes, qu’on ne parlait pas du même vendredi! Il y avait eu confusion et finalement, la modification qu’on avait demandée faisait l’affaire des deux partis. Trestman avait été tellement intense dans ses insultes qu’il était venu s’excuser par la suite.

Bien sûr, quand je pense à Coach Trestman, ce n’est pas le premier moment que j’ai en tête. Je pense d’abord aux conquêtes de la coupe Grey. Lors de celle de 2010, je ne jouais pas parce que je m’étais blessé une semaine plus tôt. Mais même en béquilles, je dirigeais quotidiennement les séances vidéos, j’aidais mon coach de position à préparer le plan de match. Après notre triomphe, je m’étais retrouvé à prendre un shooter  avec Trestman sur le plancher de danse à l’hôtel. Il tenait à me dire à quel point il était fier de moi, de la façon dont je m’étais comporté durant la semaine. Un coach demeure une figure d’autorité, une figure un peu paternelle et ses paroles avaient vraiment mis un baume sur la déception de ne pas avoir pu jouer.

Denis Gauthier : la méthode Sutter

J’ai souvent eu de bonnes relations avec mes entraîneurs parce que j’étais un gars travaillant à qui on n’avait pas besoin de faire un dessin. Je n’étais pas le plus talentueux, mais tu n’avais pas besoin de me motiver ou me botter le derrière pour que je me mette en marche. Ceci dit, les frères Sutter m’ont fait suer plus souvent qu’à leur tour. Ces gars-là étaient prêts à appuyer sur tous les boutons à leur disposition pour arriver à leurs fins.

Darryl SutterQuand Darryl est arrivé à la barre des Flames en 2003, il avait décidé que Rhett Warrener et moi formerions la paire de défenseurs qu’il enverrait contre les gros trios adverses. Sauf que très tôt, la perception que j’ai eue, c’était que Rhett était son chouchou et moi, son mouton noir. C’était toujours ma faute quand il y avait une erreur entre nous deux. Il était du genre à laver son linge sale dans les médias et il n’avait pas peur de t’humilier devant tes coéquipiers. Ça, j’ai trouvé ça très difficile. Dans un match de séries, contre Vancouver, j’avais commis un revirement dans notre zone en troisième période. Ça n’a pas mené directement à un but, mais on n’était pas sorti de la zone et les Canucks avaient marqué 30 secondes plus tard pendant la même présence. Après le match, il avait envoyé Jim Playfair, son adjoint, me chercher pour que je me pointe à son bureau. Je savais qu’il n’était pas content et je savais pourquoi. Je n’avais pas placé mes deux pieds dans le bureau qu’il m’a lancé : « Denis, fous le camp de mon bureau. Tu me dégoûtes, tu es une honte pour cet uniforme. »

Ma perception a commencé à changer un peu plus tard dans cette même série. Je m’étais déchiré un ligament dans le match numéro 6 et le lendemain, avant que l’équipe ne parte pour Vancouver, Darryl m’avait dit de ne pas m’en faire, qu’on allait gagner la série pour lui. J’avais roulé les yeux parce que ça faisait deux ans qu’il me tombait sur la tête, qu’il me traitait comme de la merde. Je ne l’avais pas pris au sérieux. Le lendemain, je suis devant ma télé quand Martin Gélinas marque en prolongation pour éliminer les Canucks. Je regarde les gars célébrer sur la patinoire et mon téléphone sonne. C’est Darryl. « Denis, je te l’avais dit qu’on la gagnerait pour toi! », qu’il me crie. La première chose qu’il avait pensé à faire, c’était de m’appeler. C’est là que j’avais compris que tout ce qu’il avait fait pour que je le déteste, c’était sa façon de me motiver. Et le pire, c’est que j’ai dû finir par avouer que ça avait fonctionné. J’avais eu une grosse saison cette année-là.

J’ai eu des discussions avec Darryl après cette fameuse saison. C’est un homme très terre-à-terre avec de belles valeurs familiales. C’est juste qu’il vire fou quand il entre à l’aréna. Il avait des méthodes qui ne passeraient plus aujourd’hui, mais avec le recul, je réalise qu’il faisait tout ça pour mon bien et celui de l’équipe.

Marc Griffin : Jim Ridley, ce cachotier

Je m’étais présenté au camp de sélection de l’équipe canadienne junior dans l’espoir de me tailler un poste comme receveur, ma position naturelle. Arrivée la journée des premières coupes, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. J’avais bien frappé, mais défensivement, je n’étais pas convaincu d’avoir fait le boulot. Je me présente donc dans le bureau du gérant Jim Ridley, qui est aujourd’hui membre du Temple de la renommée du baseball canadien. On est dans une espèce de dortoir universitaire, la pièce est sombre. À l’époque, on convoquait les joueurs en groupe de quatre. Pendant qu’on attendait notre tour pour entrer, on voyait nos confrères ressortir plus souvent qu’autrement avec une larme à l’œil. Finalement, on me demande d’entrer. Ils sont quatre entraîneurs, mais Ridley est le seul à parler.

Il m’accueille avec ces mots : « Marc, je t’annonce tout de suite que tu ne seras pas le receveur de l’équipe canadienne. » J’encaisse difficilement le choc. Je n’avais pas trop d’attentes, mais là je suis en beau fusil. Il poursuit : « Là, je vais te donner ta première vraie leçon de vie. » C’est le comble! Non seulement il me retranche, que je me dis, mais il se permet de me faire la morale! Arrête de me faire souffrir et finis-en! Mais tout d’un coup il se lève, il prend un gant de voltigeur et me le lance. « Dans la vie, mon gars, tu dois apprendre à exploiter tes forces. Si tu essayes d’être bon partout, tu vas devenir moyen partout. Exploite tes forces! Tu es l’un des joueurs les plus rapides ici au camp et on a rarement vu un bras comme le tien ailleurs que sur un monticule. Là, tu t’en vas dans le champ. Tu vas courir les balles comme une gazelle et tu vas nous les ramener avec ton bras canon. Tu as une semaine pour nous montrer ce que tu sais faire. »

Quand on parle d’une montagne russe d’émotions! Je dois beaucoup à Jim Ridley et à ce précieux conseil qu’il m’a donné ce jour-là. Sans lui, je n’ai probablement pas la carrière que j’ai eue.

Martin Biron : une crise ketchup-moutarde

Ça se passe à Montréal avec les Sabres. On avait été indiscipliné dans notre match précédent et Lindy Ruff n’avait pas l’intention que ça se reproduise. Il avait passé le message que tous ceux qui écoperaient d’une punition stupide seraient cloués au banc pendant une période, sans exception.

Le match commence et on se fait complètement défoncer. On doit se faire dominer 20-3 au chapitre des tirs au but, mais on perd seulement 1-0 avec une minute à faire à la première période quand je donne un coup de poing à un adversaire devant mon filet. L’arbitre me voit, me donne un « deux » et le Canadien marque en avantage numérique. C’est 2-0 quand on rentre au vestiaire.

À l’entracte, je suis encore en train de reprendre mon souffle quand Lindy entre dans le vestiaire et dit à mon adjoint que c’est lui qui commence la deuxième devant le filet. « Je vous avais avertis et ça compte pour les gardiens aussi! », qu’il dit avant de partir vers son bureau. Sur-le-champ, je me lève, je le suis et on se met à s’engueuler comme du poisson pourri. Ce n’était pas dans mes habitudes, mais là c’était trop. On est à Montréal, mes parents et ma famille sont là et j’ai été notre seul bon joueur en première! Je retourne vers le vestiaire et je croise Jim Corsi, notre entraîneur des gardiens, qui arrive de la passerelle. Il me félicite, me dit que la rondelle a l’air d’un ballon de plage et m’encourage à continuer. « Tu le diras à ton imbécile de coach parce qu’il vient de m’enlever du filet! », que je gueule avant de retourner m’asseoir.

Aujourd’hui, ça m’arrive d’en reparler en riant avec Lindy. Il me dit toujours qu’il voulait me renvoyer dans le filet quand on perdait 4-0 au milieu de la deuxième période. Mais à Montréal, l’auxiliaire n’est pas au banc, il reste dans le corridor qui mène à la chambre et moi, je m’étais fait venir des hot-dogs pour mieux apprécier mon nouveau rôle de spectateur. Ma serviette était tachée de ketchup et de moutarde! Quand Lindy a vu que j’avais complètement décroché, il ne m’a pas renvoyé dans la mêlée. Ça a mené à une autre chicane. Ça n’avait pas été très professionnel de ma part et j’ai eu beaucoup de respect pour lui pour m’avoir finalement gardé sur le banc.

Pierre Vercheval : la loyauté du « Don »

Un des premiers entraîneurs à m’avoir pris sous son aile est Bill MacDermott, qui s’occupait de la ligne offensive des Eskimos d’Edmonton. Il était la définition même d’un « player’s coach », un gars qui avait un don pour bâtir des relations humaines avec ses gars à l’extérieur du terrain et qui devenait quasiment un père pour ses joueurs. Pour donner une idée du genre d’homme qu’il était, à ma première saison complète à Edmonton, je pense que c’était notre deuxième match préparatoire, notre unité offensive avait traversé le terrain et avait fini la séquence par un touché. À notre retour au banc, après la transformation, Bill nous attendait sur le terrain, les larmes aux yeux. Il pleurait de joie tellement il était content pour nous. Comme joueur, tu ne peux pas rester insensible à ça.

De Don Matthews je retiens l’une des plus belles preuves de loyauté qui m’ait été données. En 1996, dans un match contre les Alouettes, on était en train d’écouler les dernières minutes d’un match qu’on gagnait aisément quand, sur une course au centre, le porteur de ballon et le gars qui le plaquait sont tombés sur ma cheville droite et m’ont fracturé la jambe. C’était le 1er août. Le programme de remise en forme qui se dressait devant moi était colossal et je craignais devoir rater le reste de la saison. Doug Flutie était notre quart-arrière, on avait un gros club et pour tout dire, ça sentait la Coupe à Toronto. L’idée d’être forcé de rater tout ça me faisait mal au cœur. On ne se le cachera pas : quand tu es blessé, tu te sens complètement inutile et c’est dur sur le moral.

Avec les physiothérapeutes, je m’étais monté un calendrier jalonné de petites étapes concrètes qui m’aideraient à entretenir l’espoir d’une guérison rapide. Le retrait du plâtre, la première marche sans boiter, le premier jogging, les premiers sprints, la première pratique... J’avais patiemment coché toutes les cases en espérant qu’il ne serait pas trop tard quand j’arriverais en bas de ma liste. Puis, avant l’avant-dernier match de la saison, Matthews était venu me voir pour me dire qu’il me voulait en uniforme. Il m’avait dit : « Tu ne joueras pas. Il faudrait qu’il y ait un paquet de blessures pour que tu joues et même là, j’enverrais un joueur de ligne défensive avant toi. Mais je veux que tu revives une préparation de match et que tu nous accompagnes sur les lignes de côté, parce que la semaine prochaine, je veux que tu joues. »

Cet hiver-là, on a gagné la coupe Grey et j’ai été l’un des cinq capitaines désignés par Matthews pour le grand match.

Marc Denis : Doug MacLean et les mathématiques

Si je n’ai pas eu la chance de gagner le gros trophée dans la Ligue nationale, j’ai pu le faire au Championnat du monde et deux fois au Mondial junior. Pour le deuxième, Mike Babcock était l’entraîneur, mais il y avait aussi Réal Paiement, mon coach avec les Saguenéens de Chicoutimi. On l’avait vécue ensemble, cette médaille d’or-là et pour moi, c’était un grand moment. Aujourd’hui, les relations ont évolué entre les joueurs et les entraîneurs, mais dans les années 1990, on n’avait pas tant de ces moments de connexion, des rapprochements quand on peut se parler sur la même longueur d’onde. Il y avait encore le spectre de l’entraîneur qui doit être autoritaire et du joueur qui doit rester dans le rang. Mais Réal et moi, on s’était dit qu’on essaierait d’en gagner une autre avec les Sags. On n’était pas les favoris, mais pas du tout, mais on avait pu se rendre à la finale du tournoi de la coupe Memorial. C’était déjà exceptionnel.

76 matchs : une source de fierté pour Marc Denis

Je vais aussi toujours apprécier qu’on m’ait donné la chance, à Columbus, de battre le record pour le nombre de minutes jouées dans une saison. C’est Doug MacLean qui m’avait permis de le faire. Ça avait été une année complètement folle. Un peu avant la fin de la saison, on s’en allait vers la Californie et il avait fait le calcul pas mal plus vite que moi. Il m’avait rencontré pour me dire que je ne jouerais pas deux matchs dans l’Ouest pour que je puisse battre le record de tous les temps à domicile. C’était au tout dernier match de la saison à la maison, contre les Red Wings. Je me souviens encore du moment, en troisième période, quand les juges de ligne ont fait semblant de réparer une fissure dans la glace pour laisser le temps aux gens de me donner une ovation. Un beau moment. Je me souviens que Brendan Shanahan était venu me donner une tape sur les jambières pour me féliciter. Luc Robitaille était là aussi. C’était un geste assez exceptionnel. Je me souviens encore du score, un nul de 5-5. Eh oui, c’était l’époque où les matchs nuls existaient encore!

Éric Bélanger : la sensibilité de Bob Hartley

Pour l’ensemble de son œuvre, je garde un très bon souvenir des quelques mois que j’ai passés avec Bob Hartley à Atlanta. J’avais été échangé trois fois en l’espace de six mois, cette année-là, et j’étais arrivé avec les Thrashers vingt-quatre heures après que les Hurricanes de la Caroline m’eurent envoyé à Nashville. Je n’avais pas beaucoup de stabilité dans ma vie et le fait que la mère de mes enfants soit restée en Caroline, seule avec la marmaille, ne facilitait pas les choses. Un matin, Bob avait vu que ça n’allait pas bien et avant demandé à ses assistants de s’occuper de la pratique. Pendant une heure, il était resté avec moi dans son bureau à jaser de tout et de rien. Il m’avait raconté des histoires comme lui seul est capable de le faire, il m’avait dit que ma petite famille était la bienvenue dans sa maison si je voulais la faire venir. Il avait été là pour m’écouter et ça m’avait fait beaucoup de bien. Ce jour-là, il avait compris que son job de coach, ce n’était pas d’aller diriger des exercices sur une patinoire, mais d’écouter un de ses gars qui n’allait pas bien. Je ne l’ai jamais oublié.

Olivier Brett : la vraie nature de John Limniatis

J’ai été dirigé par Marc Dos Santos à l’époque où l’Attak de Trois-Rivières servait d’équipe réserve à l’Impact. Marc était très près des grandes ligues à l’époque et une fin de semaine, il était allé s’occuper de l’équipe première pendant une suspension à John Limniatis. Ce dernier, en bon soldat, avait fait le chemin inverse pour venir nous superviser dans ce qui était notre plus long voyage de l’année avec des matchs à London et Detroit.

On connaissait tous le personnage qu’était John Limniatis, un homme au caractère bouillant, et tout le monde s’attendait plus ou moins secrètement à ce qu’il donne tout un show durant ce remplacement. On avait toutefois dû se raviser après le premier match du week-end. Tout s’était bien passé et John avait su garder son calme. Le lendemain, il fallait passer les douanes et comme quelques-uns de nos gars possédaient des visas africains, la route avait été longue et compliquée. Plus ça allait et plus les signes avant-coureurs d’une éruption étaient visibles. C’est finalement à la surprise d’absolument personne que John s’était fait expulser du match à Detroit. Même une fois rendu dans les estrades, il avait continué de gueuler, tellement qu’il avait failli se faire sortir du stade. Je ne sais pas si le naturel avait été chassé à London, mais il était revenu au galop à Detroit!

André Roy : d’un extrême à l’autre

Je n’ai pas eu que de mauvais moments avec John Tortorella, mais ça n’a pas été une relation facile. On dirait qu’il avait le tour de me rentrer dedans. On arrive à Montréal, j’ai acheté une quinzaine de billets pour ma famille pour apprendre le matin que je ne jouerai pas. Une autre fois, j’avais écopé d’une punition lors d’un match sur la route et il m’avait renvoyé à la maison même s’il restait deux autres parties au voyage. Il ne mettait pas de gants blancs avec moi.

John Tortorella et André RoyIl y avait eu un incident avec Riley Cote à Philadelphie et John m’avait pris en grippe. Il ne voulait plus me faire jouer et le directeur général était d’accord, il voulait laisser retomber la poussière, éviter d’ajouter de l’huile sur le feu. Le lendemain, l’équipe est au New Jersey et je ne suis pas là. Dans le vestiaire, les gars se posent des questions. J’ai appris plus tard que John s’était adressé à l’équipe et avait dit à tout le monde que j’étais parti à la maison et que j’avais joué mon dernier match dans la LNH. Comment j’étais supposé réagir quand cette histoire est venue à mes oreilles? C’est sûr que ça venait me chercher.  

Pour moi, c’était tout un contraste avec Jacques Martin, que j’avais connu quelques années plus tôt à Ottawa. Aujourd’hui, je vois Jacques comme la personne qui m’a vraiment donné ma chance dans la Ligue nationale. C’est grâce à lui que ma carrière a pris son envol. Il a toujours été juste envers moi, la communication était bonne entre nous deux et même s’il n’était pas un gros fan du jeu robuste et des batailles, il respectait ce que j’amenais parce qu’il savait qu’on en avait besoin. J’étais un gars qui avait souvent besoin d’une tape dans le dos pour sentir que j’étais important à l’équipe et Jacques était bon pour ça.  

L’un des plus beaux moments de ma carrière, c’est quand il m’a annoncé que je pouvais me trouver un appartement à Ottawa. Après avoir fait du up and down dans l’organisation des Bruins, ça faisait du bien de voir que j’avais réussi à remonter et m’accrocher.

Maxime Talbot : des lettres marquantes

Avant mon année de 18 ans, avec les Olympiques de Hull, Benoît Groulx m’avait demandé d’écrire sur une feuille c’était quoi, pour moi, être un bon capitaine. Je m’étais forcé, j’avais écrit une belle lettre. L’année suivante, vers la mi-saison, j’avais sauté un couvre-feu et Benoît l’avait su. Il m’avait fait venir dans son bureau, avait ressorti ma lettre et m’avait demandé si je pensais que ma décision était digne d’un bon capitaine. C’est là que j’ai réalisé que les actions comptaient beaucoup plus que les mots. Ça a été une bonne leçon en préparation pour le hockey professionnel.

Je pense aussi à Michel Therrien. Sa première décision, après avoir pris le contrôle des Penguins, en 2006, avait été de me renvoyer dans les mineures. Et moi qui pensais qu’il m’aimait beaucoup! Mais on l’a invité à notre émission, Max & Bruno, et il m’expliquait qu’il ne voulait pas que j’aie une carrière de 60 matchs dans la LNH. Il avait un feeling à mon sujet et il m’avait rappelé quelques semaines plus tard. Ça m’avait ébranlé sur le coup, mais son plan à long terme a fonctionné.

L’année de notre coupe Stanley, Dan Bylsma a aussi su trouver les bons mots avec moi. Ça n’allait pas super bien, mes affaires, et il m’avait fait faire un exercice en me demandant d’écrire quel était mon but dans la vie. Ça m’avait beaucoup fait réfléchir et rapidement, ça m’avait réaligné vers les choses importantes de la vie. J’ai encore cette lettre avec moi aujourd’hui.

Patrick Côté : retour aux sources avec Fabio

Je suis allé un peu partout dans le monde avec Fabio Holanda, que je considère comme mon grand complice. Sans aucun doute, l’un des plus beaux voyages qu’on ait fait ensemble est celui qui nous a menés au Brésil pour le combat qui a précédé mon retour dans l’UFC, en 2012. Le combat avait lieu à Manaus, aux portes de l’Amazonie, et après on était allé passer quelques jours à Rio. Fabio, qui est Brésilien, connaissait tout le monde là-bas. On était allé s’entraîner avec la Brazilian Top Team, la vraie, l’originale. On avait vu l’ancien champion de l’UFC Murilo Bustamente. Rousimar Palhares, l’un des bons poids moyens de l’UFC à l’époque, était là aussi. Ça avait été super cool de vivre ça parce que ça faisait longtemps que je représentais BTT, mais je n’étais jamais allé où tout avait commencé. En plus, je revenais d’une victoire alors j’en avais vraiment profité.

Bruno Gervais : un allié congédié

Je venais de connaître une très bonne saison sous les ordres de Ted Nolan. Le coach me donnait beaucoup de responsabilités. Lors de ma rencontre de fin d’année, il me disait qu’il voyait se dessiner un mouvement jeunesse chez les Islanders et qu’il me voyait comme un futur capitaine. À ses yeux, j’étais un leader autour duquel il voulait bâtir l’équipe. Il m’avait demandé mon avis sur plein de sujets. J’étais sorti de cette rencontre rempli de confiance et d’espoir pour la suite. Mais peu de temps après, Ted a été congédié. Il voulait garder des jeunes, mais il refusait également de se départir de certains vétérans alors que l’organisation souhaitait faire un ménage complet. Un nouvel entraîneur est arrivé et bien des choses ont changé.

Wandrille Lefèvre : les bons mots avec Klopas

Avec Frank Klopas, on peut dire que j’avais une relation à la « Je t’aime moi non plus ». On s’aimait beaucoup, mais on pouvait avoir de sérieux accrochages parce que je n’étais pas toujours d’accord avec ses choix et ses manières de fonctionner. Je me souviens une fois où j’étais censé jouer. On avait préparé la semaine dans cette optique, mais la veille du match, sorti de nulle part, il m’annonce qu’il a changé d’idée. J’étais furieux, au point où je m’étais surpris moi-même tellement j’avais haussé le ton quand il m’avait annoncé ça dans les coulisses du Stade Saputo. Je suis un caractériel, je suis ambitieux, mais j’ai toujours respecté les hiérarchies. Comme joueur, ce n’était pas dans mes habitudes de jouer dans les plates-bandes du coach, mais cette fois, j’avais craqué. Il faut dire qu’il y avait un contexte : ma famille venait de France pour me visiter et tout le monde avait acheté des billets pour assister à ce match. Il y avait des implications à sa décision. J’avais dû trouver les bons arguments parce qu’au final, il m’avait fait jouer.