PARIS (AFP) - Plusieurs grands noms du sport mondial sont décédés au cours de l'année 2000, notamment les légendes qu'étaient le footballeur anglais Sir Stanley Matthews, l'athlète tchèque Emil Zatopek ou le cycliste italien Gino Bartali.

Maurice Richard (Canada-hockey sur glace): Rapide, tenace et talentueux, Maurice Richard, décédé le 27 mai à Montréal à l'âge de 78 ans, était une légende du hockey canadien, un véritable héros national au Québec, sa province. Pendant les 18 années de sa carrière avec le Canadien de Montréal (1942-1960), il fut la grande vedette du hockey professionnel nord-américain, avec une vingtaine de records à son actif. Né à Montréal en 1921, Maurice Richard fut pour toute une génération de "Canadiens français" une source de fierté face à la majorité anglophone du Canada. Surnommé le "Rocket" (la fusée) tant il patinait vite, il mit un terme à sa fabuleuse carrière en 1960, à 38 ans.

Stanley Matthews (Angleterre-football): Surnommé le "magicien du dribble", Stanley Matthews, l'un des plus grands footballeurs anglais de tous les temps, est mort le 23 février, à 85 ans. Né le 1er février 1915, il est devenu professionnel à 17 ans. Il a joué 710 matches en championnat d'Angleterre avec Stoke City puis Blackpool. Sélectionné 54 fois en équipe d'Angleterre, il est définitivement entré dans la légende en jouant son dernier match à 50 ans et cinq jours, en 1965, année où il a été anobli par la Reine d'Angleterre. Malgré sa longévité, Sir Stanley n'a remporté qu'un seul trophée: la Coupe d'Angleterre en 1953 avec Blackpool au cours d'une finale mémorable contre Bolton (4-3), avec notamment deux passes décisives, dont la dernière synonyme de 4e but victorieux pour son équipe à 20 secondes du coup de sifflet final. Matthews avait obtenu le premier Ballon d'Or européen en 1956 à l'âge de 41 ans.

Emil Zatopek (Tchécoslovaquie-athlétisme): Quadruple champion olympique aux Jeux, de 1948 à 1952, l'athlète tchèque Emil Zatopek est décédé le 21 novembre à l'âge de 78 ans, des suites d'une longue maladie. Surnommé la "locomotive tchèque", il a remporté la médaille d'or du 10.000 m à Londres aux Jeux de 1948. Mais c'est surtout aux Jeux d'Helsinki en 1952 qu'il connaîtra la gloire (à près de 30 ans) en remportant trois titres olympiques (5000 m, 10.000 m et marathon) en l'espace de sept jours. Un exploit demeuré unique. Quelques minutes après son arrivée triomphale dans le marathon, sa femme gagnera le concours du javelot. Le baiser qu'ils échangeront fera le bonheur des photographes. Zatopek, dont le style torturé le rendait immédiatement identifiable, a établi au total 18 records du monde et remporté 38 courses sur sa distance de prédilection, le 10.000 m, entre 1948 et 1954. Membre du parti communiste, il n'a pas hésité à protester publiquement contre l'intervention de l'URSS après le Printemps de Prague en 1968, ce qui lui a coûté son poste au ministère de la Défense. Exclu de l'armée, il s'est retrouvé à 45 ans au chômage. Pendant six ans, il a travaillé dans une mine d'uranium avant de se voir confier, en 1975, un poste au Centre d'information des Sports.

Gino Bartali (Italie-cyclisme): En vingt ans de carrière, Gino Bartali, décédé le 5 mai à 86 ans d'un arrêt cardiaque, a pratiquement tout gagné, notamment deux Tours de France remportés à dix ans d'intervalle (avant et après la Seconde guerre mondiale), ce qu'aucun autre coureur n'a jamais réalisé. Le Toscan a gagné au total 184 courses. Bartali, qui a couru et terminé quatorze Tours d'Italie, a connu un seul échec marquant dans son trajet exceptionnel: le Championnat du monde. Sa rivalité avec Fausto Coppi, mort en 1960 à l'âge de 41 ans (victime de la malaria), a marqué d'une empreinte indélébile toute l'histoire du cyclisme italien de l'après-Guerre. Surnommé "Ginetaccio" (homme de terroir) ou "Gino le pieux" pour son catholicisme exacerbé, sa personnalité tranchait avec celle de Coppi, le "Campionissimo" qui scandalisait l'Italie puritaine pour sa liaison extra-conjugale avec la "Dame Blanche".

Moacir Barbosa (Brésil-football): Considéré à l'époque comme le meilleur gardien brésilien, Moacir Barbosa, décédé le 8 avril 2000 à l'âge de 79 ans, vivait depuis 1950 dans la plus grande solitude. Pour les Brésiliens, il portait sur ses épaules la responsabilité de la terrible défaite de la Selecao contre l'Uruguay en finale de la Coupe du monde 1950 au célèbre Maracana de Rio où la "Céleste" avait humilié le Brésil en inscrivant deux buts contre lesquels Barbosa s'était montré impuissant. Après cette "tragédie", le gardien avait sombré dans l'alcoolisme.

Fritz Thiedemann (Allemagne-équitation): Double champion olympique d'équitation dans le concours de saut par équipes aux Jeux de 1956 à Melbourne et de 1960 à Rome, Fritz Thiedemann, décédé le 10 janvier 2000 à 81 ans, est considéré avec Hans-Guenter Winkler comme le meilleur cavalier allemand de l'après-guerre. Lors des Jeux d'Helsinki en 1952, il avait le premier cavalier à remporter une médaille (bronze) dans deux épreuves différentes: le saut et le dressage.

Alfred Schwarzmann (Allemagne-gymnastique): Triple médaillé d'or aux jeux Olympiques de Berlin en 1936, Alfred Schwarzmann, décédé le 14 mars 2000 à 87 ans, est le gymnaste allemand le plus couronné de l'histoire. A Berlin, il avait remporté le concours complet et ceux du saut de cheval et par équipes ainsi que les médailles de bronze aux barres parallèles et à la barre fixe. Seize ans plus tard, en 1952 aux Jeux d'Helsinki, il avait créé la surprise en montant, à quarante ans, sur la deuxième marche du podium dans le concours à la barre fixe. Le régime nazi lui avait été hautement reconnaissant le nommant successivement sergent-chef puis sous-lieutenant.