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RÉSULTATS

JO 2024 : Medvedev reste philosophe malgré le contexte particulier des olympiens russes

Daniil Medvedev - Getty
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Le contraste est saisissant : colérique et parfois bêtement provocateur sur le court, Daniil Medvedev sait se montrer calme et philosophe en dehors, y compris lorsqu'il évoque sa participation, lui le Russe, aux Jeux olympiques de Paris.

En raison de la guerre en Ukraine, la délégation russe n'est pas la bienvenue à Paris (29 juillet-11 août) où ses sportifs seront interdits de défilé à la cérémonie d'ouverture, privés de drapeau, d'hymne et de nationalité puisqu'ils concourront sous bannière neutre et avec l'étiquette d'athlète individuel neutre (AIN).

Depuis des années déjà, les Russes sont soumis à de telles mesures, en raison d'accusations de dopage même si dans le tennis, ils ont été moins touchés que dans d'autres sports où ils ont été interdits de compétition.

Seul Wimbledon - et les autres tournois sur gazon programmés en Grande-Bretagne cette année-là - les a refusés en 2022 après l'entrée des forces russes en Ukraine quelques mois plus tôt.

Flegmatique, Medvedev a accepté toutes ces décisions sans broncher. Lui, le colérique notoire. 

Depuis sa jeunesse, on ne compte plus le nombre de raquettes qui ont fini éclatées au sol, ni les sommes cumulées d'amendes récoltées à force de dépasser les bornes. Sans parler de la patience dont a dû faire preuve son entraîneur Gilles Cervara, parfois contraint de quitter les tribunes face aux diatribes de son poulain.

Choc olympique 

Lundi, avant son entrée en lice à Monte-Carlo, le Russe de 28 ans a évoqué avec recul sa participation aux JO de Paris : compte tenu de son immense envie d'y participer, il se détache au maximum des circonstances.

S'il avait abordé les Jeux de Tokyo en 2021 comme « n'importe quel tournoi », il se souvient du choc finalement ressenti sur place.

Cette compétition quadriennale « a VRAIMENT quelque chose de spécial que je n'avais pas pu imaginer avant d'y être », se souvient-il d'avoir pensé à l'époque.

Au point qu'il compare la déception de son élimination en quarts quasiment à une défaite en finale de Grand Chelem.

« J'ai alors décidé que je voulais encore participer à des Jeux olympiques, que je voulais encore représenter... ce que je peux représenter », raconte-t-il.

Car, quoi qu'il arrive, « même s'il n'y a pas mon drapeau, je sais qui je suis », précise-t-il, en poursuivant son ellipse : « Je vais y aller, essayer de bien jouer, essayer d'être fier de moi et de rendre d'autres personnes fières ».

Quant au défilé sur la Seine, prévu pour la cérémonie d'ouverture, Medvedev assure que ne pas y participer ne le préoccupe pas plus que ça, lui qui, pour des raisons de programmation, n'avait déjà pas défilé lors de celle de Tokyo.

Carpe diem

« On reste très longtemps debout, ou assis, et ça pompe de l'énergie », tente-t-il en ajoutant qu'au Japon il avait joué dès le lendemain son premier tour.

Quant à y voir une injustice pour la délégation russe, Medvedev préfère éluder la question.

« Beaucoup de choses sont injustes dans la vie, et je ne parle pas de Russie, de politique, mais en général: quand tu perds un match, c'est injuste de recevoir 18.000 messages disant que tu es nul et que tu dois arrêter le tennis! », relativise le joueur.

Alors, il préfère « parfois » ne pas donner son avis pour ne pas créer de polémique.

Sur le plan purement sportif, les Jeux de Paris se joueront à Roland-Garros sur terre battue, une surface qu'il a longtemps abhorrée, mais qu'il ne voit plus d'un si mauvais oeil. 

« Avant, je détestais jouer sur terre et quand la saison arrivait je me disais 'OK, on y va, avec motivation et envie'. Puis je jouais et je tombais dans la déception. Mais maintenant, je me dis qu'il faut adapter mon jeu, ma mentalité, certains coups, et finalement j'ai hâte de jouer », développe-t-il avant son entrée en lice au deuxième tour à Monte-Carlo, prévue mercredi.

Alors malgré le contexte politique et cette surface qui n'est pas sa préférée, Medvedev veut se voir en épicurien et, comme Horace, profiter du moment lors de son séjour olympique à Paris.

« Je n'attends que de bonnes choses : fierté et bonheur », assure-t-il, avant d'être pris d'un doute plus cartésien : « peut-être que ce ne sera pas ça du tout ».