On ne peut pas dire que nous sommes surpris de voir Novak Djokovic remporter cette année le titre à Wimbledon. En finale, Matteo Berrettini a bien essayé de tenir tête à ce bougre d'homme pendant 3 h 24, mais l'Italien est malheureusement incapable de tenir la dragée haute pendant toute la durée du match.

 

Je faisais mes calculs avant la rencontre et je me disais que Matteo est le plus puissant des deux au service et en coup droit. Potentiellement, cela pouvait lui apporter beaucoup. Il est très grand donc il peut monter au filet et se rendre aussi à la majorité des balles en retours. Cependant, Novak est celui qui se présente au filet le plus conservant 71 % de réussite, il est le premier à briser à chacun des quatre sets, il ne fait que 21 fautes contre les 48 de l'adversaire en plus de contrôler beaucoup mieux ses émotions en 2e, 3e et 4e manches. Novak domine donc dans beaucoup de départements.

 

Physiquement, le serbe est une machine bien huilée. Il fallait lire les commentaires de son kiné Mijan Amanovic qui le décrit comme un homme qui récolte là ou peu ont semé. Sur une base régulière Novak passe de deux à quatre heures à faire des étirements. Il est un heureux mariage d'élasticité et de force musculaire ainsi que d'agilité et explosivité. Il possède un sens de l'équilibre qui le démarque des autres et sur herbe, cela fait une grande différence. Il anticipe bien et peut sauver et gagner des points dans toutes les phases de jeu, de la défensive jusqu'à l'attaque. Il amène même les plus aguerris à douter d'eux-mêmes dans les moments importants. Unique en son genre, il est bien vrai!

 

À sa décharge, Matteo me donne l'impression d'être un peu trop juste physiquement aujourd'hui. Tous ces matches gagnés sur herbe avec en plus le titre au Queen's Club, cela fait beaucoup. Mais ce qu'il faut plutôt retenir, c'est l'intelligence du jeu de Novak qui s'ajuste à la perfection après la perte de la première manche. Poutant il mène 5-2 mais ne présente pas nécessairement son meilleur tennis en cherchant à dominer l'échange. Dès le début du 2e set cependant, attention, il reprend le rôle principal en négociant presque tous les moments clés avec panache.

Le voilà donc nez-à-nez avec Roger Federer et Rafael Nadal en remportant un 20e titre Grand Chelem. Plus important encore, Cosmic Djokovic garde en vie cette grande quête d'être le premier depuis Rod Laver en 1969 à gagner le Grand Chelem calendaire en plus d'espérer décrocher l'or aux Olympiques de Tokyo qui commencent dans moins de deux semaines. Tout un mandat il se donne avant de revenir en Amérique pour, en autres, le US Open dès le 30 août!

 

Un dernier mot sur la performance de Denis Shapovalov en demies face à Djokovic. Je lui offre ma palme d'or pour nous avoir démontré qu'il n'est pas si loin d'un titre Grand Chelem. Il aurait pu battre Djokovic en trois manches! Peu de joueurs possèdent cet heureux alliage de légèreté et d'explosivité. Il faut juste de prendre de l'expérience et de continuer à se développer mentalement.

 

Premier trophée londien mérité pour Barty

 

Chez les dames, l'Australienne Ashleigh Barty est titrée à Wimbledon pour une première fois. En finale, elle dispose de Karolina Pliskova en 3 manches de 6-3, 6-7 et 6-3. Ce que j'ai trouvé de formidable dans cette rencontre, c'est de voir que la Tchèque ne se prend pas la tête alors qu'elle connait un horrible début de match. Elle s'accroche malgré un déficit de 4-0 au premier set en perdant 14 points consécutifs. Au 2e, elle tire de l'arrière 6-3, 3-1 alors que l'« Aussie » servira même pour le Championnat à 6-5. Jamais au grand jamais elle ne lâche alors qu'elle pousse la bataille jusqu'à la manche ultime. Et c'était aussi dans la manière! Les gros services sont finalement au rendez-vous ainsi que la constance dans l'échange avec, en boni, quelques coups droits époustouflants en pleine course!

 

On se souviendra qu'en finale à Rome cette année devant Iga Swiatek, Pliskova avait bouffé deux bagels. Rien de tel sur le gazon divin du temple alors qu'elle démontre énormément de résilience pour nous offrir un joli spectacle qui l'amène contre toute attente jusqu'au gain de la 2e manche. Aux côtés de son coach Sasha Bajin qui a oeuvré auprès des meilleures, dont Serena, Naomi et Vika, il lui apprend à travailler dans la bonne humeur et aussi à profiter de chaque moment. Forte de cette nouvelle expérience magnifique sur le gazon de Londres qu'elle apprend à aimer durant la quinzaine, je ne serais pas étonnée qu'elle nous concocte un grand coup au US Open, site de sa première finale Grand Chelem. En tout cas, la revoici dans le top-10, à la 7e place. 

 

Quelque part, c'est logique que la victoire revienne à Barty parce que son jeu est tellement complet et efficace sur herbe. Pour avoir du succès sur cette surface il ne s'agit pas de varier pour varier mais d'utiliser le bon coup au bon moment. Barty tient bon cette fois-ci au 3e set pour finalement imiter sa grande idole Evonne Goolagong, première Australienne de descendance aborigène à remporter ce tournoi il y a 50 ans. Ash possède les mêmes origines et comme c'est fascinant de constater que tout comme Evonne, elle est généreuse dans l'effort, positive dans la vie, douée d'une belle fluidité et d'une approche de la vie basée sur la simplicité.

 

Ashleigh Barty est championne à Wimbledon

Evonne a montré la voie à l'adolescente de 15 ans qui a fait tourné les têtes en remportant le titre chez les juniors au All England il y a 10 ans. Et bien preuve est d'admettre Ash a grandit, en beauté et en grâce. Après plusieurs blessures cette année dont une assez grave au bras droit à Roland Garros, Barty ne manque pas d'ailleurs de remercier sa belle équipe qui l'entoure, la bichonne, l'encourage pour qu'elle soit fin prête afin de réaliser le rêve de sa vie. Ça y est, c'est fait maintenant et quelle joie de brandir à bout de bras le plus beau trophée du monde: le Venus Rosewater Dish.