MONTRÉAL – Le temps de quelques secondes, Geoff Molson a troqué son « Go Habs Go » pour « Allez les Bleus ». Mais il l’a fait pour une bonne cause.

Le président et chef de la direction du Canadien ainsi que sa famille et la brasserie Molson Coors ont annoncé qu’ils allaient verser 3,5 millions $ sur cinq ans à la campagne de Campus Montréal, dont 2 millions $ iront directement au programme d’excellence des Carabins.

Il s'agit du plus grand don de l'histoire du sport universitaire francophone en Amérique.

« Notre famille croit beaucoup au tandem sport-étude comme environnement de formation. Il permet aux jeunes de développer des compétences physique et relationnelle sans négliger aucun effort sur le plan des connaissances. Ceux et celles qui s’engagent à fond dans ce parcours, qui est loin d’être facile, possèdent des qualités pour devenir des leaders dans leur milieu », a indiqué Geoff Molson à l'occasion d'une conférence de presse à la brasserie Molson devant une quarantaine d'étudiants-athlètes ainsi que les dirigeants de l'Université de Montréal.

John Parisella, Guy Breton, Paul Krivicky, Geoff Molson, Andrew Molson, Patrick D'Anjou« On est très content de s’associer à une famille qui a une longue tradition dans le sport. Une famille qui est associée à Montréal qui vient s’associer à l’Université de Montréal. C’est bon pour les étudiants. C’est bon pour le sport et pour l’université. C’est bon pour toute la collectivité », a analysé le recteur de l’Université de Montréal, Guy Breton.

Il s’agit d’un troisième don en importance au programme d’excellence des Bleus au cours des deux dernières années après ceux de Guy Fréchette (500 000 $) et de Robert Panet-Raymond (750 000 $).

Si le côté financier vient aider le soutien des athlètes, des programmes et des équipes, le don de la famille Molson lance aussi un message fort à toute la société selon la directrice du sport d’excellence à l’UdeM, Manon Simard.

« Ce sont des gens qui ont des valeurs. Celles-ci sont des valeurs de société. Nous sommes un projet porteur de société et ils ont choisi d’investir là-dedans. Je pense qu’ils envoient un message à tout le monde parce que pour l’ensemble de la société, le sport universitaire gagne à être supporté », a-t-elle expliqué.

« Si j’ai accepté de coprésider la campagne de financement de Campus Montréal, c’est évidemment parce que je crois que nous avons tous la responsabilité et le pouvoir de changer les choses pour que s’améliore la société où nous vivons », a mentionné Geoff Molson durant son allocution.

L'homme de 44 ans comprend bien la réalité des étudiants-athlètes ayant lui-même évolué sur les équipes de hockey et de tennis de l’Université St Lawrence dans l’État de New York où il a obtenu son baccalauréat es arts  avec majeure multidisciplinaire en économie, études françaises et canadiennes.

« C’est important. Un athlète doit s’éduquer aussi. J’ai appris ça quand j’étais à l’université et j’espère que mes enfants vont suivre. J’espère que tout le monde comprend que pour notre famille, les deux sont importants », a affirmé M. Molson dont la famille a fait des dons à plusieurs universités québécoises avant celui-ci, dont un de 10 millions $ à l’Université Concordia en 2000.

À point pour l’anniversaire de 20 ans

Le programme des Carabins fête les 20 ans de sa renaissance et l'année 2014-2015 a été sous le signe du succès. Outre la Coupe Vanier remportée par l'équipe de football, la formation féminine de hockey est de nouveau montée sur le podium en prenant le troisième rang des Championnats canadiens.

L'équipe féminine de volleyball a imité celle de hockey alors que les Bleus ont balayé le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) en ski alpin pour la deuxième saison consécutive.

« Une aide à court et long terme »

Malgré tout, certains étudiants-athlètes et leurs parents doivent encore contribuer financièrement, entre autres pour payer leurs études. Selon un règlement canadien, les programmes d’excellence peuvent seulement acquitter 70 % des frais de scolarité par sport et l’UdeM ne peut même pas atteindre ce nombre. L’institution se situe toutefois dans la moyenne canadienne.

Comme toutes les universités du Québec, l'UdeM est soumise à d'importantes compressions budgétaires. Même si le programme de sport d'excellence est moins touché, cet important don permettra de « consolider et d’améliorer l’encadrement académique, sportif et médial des étudiants athlètes » et « d’enrichir certaines dimensions où il y a des lacunes » dans les différents sports et équipes.

L’organisation des Carabins a également ouvert la porte à l’ajout de quelques bourses.

« L’ensemble de la société vit une période difficile. Il faut tous se serrer les coudes partout. [...] Pour nous, c’est sûr que c’est de l’aide additionnel (le don de 2 M$ aux Carabins). Cette contribution, à ce moment-ci de notre développement, je crois que c’est l’une des plus belles journées du programme en 20 ans », a lancé Manon Simard.

« Ça nous permet de faire des choses qu’autrement on ne pourrait pas faire dans notre contexte. Si on regarde aux États-Unis, le sport d’excellence c’est très gros comparativement à ici. Nous n’avons pas cette culture et cette tradition, mais on chemine et il y a de plus en plus d’intérêt des étudiants et de la population », a noté Guy Breton.

Des 3,5 millions $, outre la somme de deux millions $ attribuée aux Carabins, 500 000 $ iront au Laboratoire de santé et de performance sportive de la Clinique de kinésiologie de l’UdeM.

Molson Coors accorde aussi un don de 660 000 $ à l’Institut québécois pour les familles en affaires qui sera sous la responsabilité de HEC Montréal.