MONTRÉAL - On pouvait sentir un certain soulagement au 36e étage du Château Champlain, où les Alouettes de Montréal ont annoncé mercredi l'entente qui les liera à leur directeur général Jim Popp pour quatre saisons supplémentaires.

Soulagement pour les deux parties : la direction des Alouettes, sachant Popp courtisé par, notamment, des clubs de la NFL, ne voulait pas le voir partir; tandis que Popp lui-même était bien heureux de demeurer à Montréal, où il est installé depuis 1996 et où ses six enfants sont nés.

"Quand je suis arrivé à Montréal il y a 15 ans, a indiqué le propriétaire Robert Wetenhall, nous étions aux prises avec une compagnie qui avait fait faillite, une équipe qui ne comptait pas d'entraîneur, ni de joueur sous contrat et nous ne disposions pas de domicile. Nous n'avions qu'un seul actif : Jim Popp.

"Depuis qu'il a à lui seul bâti cette équipe en 1996, il n'a pas cessé de mettre des formations gagnantes sur le terrain."

"Montréal est un endroit spécial pour moi, a pour sa part déclaré Popp. J'apprécie énormément la chance qui m'est offerte de servir cette équipe et cette communauté. J'ai hâte aux années à venir."

Le processus n'a toutefois pas été sans heurt. Les négociations, entamées à l'automne 2009 selon ce qu'a indiqué le président, Larry Smith, ont apporté suffisamment d'incertitudes à Popp pour qu'il vende sa résidence de l'ouest de l'île et qu'il envoie toute sa famille en Caroline du Nord, d'où il est originaire.

"Ce fut difficile, a admis Popp. Je demeure ici toute l'année durant. Les enfants sont tous nés ici. C'est notre maison. C'est ce qui a rendu les choses si difficiles pour ma famille. Mes enfants ne connaissent pas autre chose que Montréal, le Québec et le Canada.

"Ce fut un très gros changement pour eux, mais ils sont suffisamment jeunes pour pouvoir s'adapter. Je crois aussi qu'en bout de ligne, de connaître autre chose, de voir le monde, sera bénéfique pour eux, mais pour l'instant, ils trouvent cela très difficile."

Si Smith comprend les difficultés qu'a pu engendrer ce processus de négociations, il n'estime pas qu'il ait été particulier.

"C'est la complexité de la situation, les succès que Jim Popp a connus en carrière qui ont rendu cette négociation aussi longue. Mais en même temps, Jim a un contrat valide jusqu'à la fin de la saison 2010, alors cette entente survient bien avant l'échéance de son contrat."

Popp ne tient d'ailleurs pas rigueur aux Alouettes pour les aléas entraînés par ce long processus.

"Ça a été beaucoup plus long que ça aurait pu, que ça aurait dû l'être, mais c'est ce qui se passe quand tu négocies des contrats. Je comprends très bien la situation : c'est ce que je fais dans la vie, négocier des contrats. Alors je comprends la longueur du processus; le temps nécessaire à régler les derniers détails."

Une chose est certaine, Popp n'a pas joué la carte du type qui peut se trouver un boulot ailleurs pour mettre de la pression sur l'organisation montréalaise.

"Jamais n'ai-je mentionné que j'étais courtisé par d'autres formations, a précisé le directeur général. C'est sûr que des informations ont paru dans les médias - certaines véridiques, d'autres complètement fausses - mais ils ne me l'ont jamais demandé. Tout le monde était suffisamment confortable pour ne pas avoir à jouer de telles cartes.

"Bob Wetenhall et moi - et Larry (Smith) est au courant - avons une relation qui remonte à si longtemps que nous n'avons pas besoin de ça. J'ai eu l'occasion de partir auparavant et je ne l'ai pas fait. Il (Wetenhall) m'a parfois suggéré de partir pour profiter d'occasions, mais je ne l'ai pas fait. Il sait que j'ai à coeur les intérêts de cette équipe. Il sait aussi que si j'avais à quitter, je ferais tout en mon pouvoir pour m'assurer que l'équipe continue de connaître autant de succès."

Une fiche impressionnante

Popp, le seul directeur général en poste avec l'équipe depuis son retour à Montréal en 1996, a vu les Alouettes prendre part à sept matchs de la Coupe Grey, l'emportant à deux reprises, soit en 2002 et en 2009. Sous sa gouverne, l'équipe présente une fiche de 168-88-1 (,656).

En 14 saisons, Popp et les Alouettes ont remporté sept championnats de division, plus que toute autre équipe de la ligue. Ils ont disputé 12 des 14 matchs de championnat de division.

Popp a débuté sa carrière dans la LCF comme entraîneur adjoint et directeur du personnel de joueurs avec les Roughriders de la Saskatchewan en 1992. En 1994, Popp a accepté le défi de bâtir l'équipe d'expansion des Stallions de Baltimore comme directeur général et directeur du personnel. Après une défaite en finale de la Coupe Grey en 1994, les Stallions ont remporté la Coupe Grey en 1995 en plus d'établir un record de la LCF avec un total de 18 victoires (18-3) dans une saison (incluant les séries).

Au cours de ses 18 saisons dans la LCF, Popp a toujours pris part aux séries éliminatoires.