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RÉSULTATS

Jeux panaméricains : Christine Girard, l'exemple à suivre

Christine Girard Christine Girard - Bernard Brault
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« Christine, avec un peu de recul, est-ce que tu regrettes d'avoir manqué de courage et de détermination lors de ton dernier levé hier, celui qui t'aurait valu la médaille de bronze ? »

Christine Girard a dû répondre à cette question ingrate en entrevue au lendemain de sa quatrième place obtenue aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008. Malgré tous les efforts et les sacrifices, l'haltérophile avait manqué le podium de trois kilogrammes. L'impression d'avoir échoué accaparait son esprit depuis plusieurs heures lorsqu'on lui a dit qu'elle avait manqué de courage.

N'empêche, elle a eu droit au soutien et à l'écoute de sa cheffe de mission Sylvie Bernier.

C'est cet apport que Girard souhaite offrir à son tour dans ce même rôle qu'elle occupera aux Jeux panaméricains de Santiago.

« La maman de l'équipe »

Dans son livre intitulé De la défaite à la victoire paru en 2018, Christine Girard revient sur les nombreux défis qu'elle a surmontés au cours de sa carrière. Une route ponctuée d'obstacles qui a eu comme point d'arrivée deux médailles olympiques.

Épuisement professionnel, blessures, conflits avec ses entraîneurs : le cycle olympique précédant les Jeux de Londres n'a pas été de tout repos pour la Québécoise qui avait aménagé son garage en salle d'entraînement, une fois déménagée en Colombie-Britannique afin de rejoindre son conjoint.

Un ultime rebondissement est survenu en 2018 lorsque sa quatrième place de 2008 s'est transformée en médaille de bronze à la suite de nouvelles analyses antidopage positives de ses adversaires. Puis, initialement troisième à Londres en 2012, on lui a octroyé le titre de championne olympique six ans plus tard pour la même raison.

Nul doute que son parcours aura de quoi inspirer la délégation canadienne dans la capitale chilienne.

« Du moins, je l'espère! Je veux être la maman de l'équipe, sans me donner plus d'importance que ce que j'aurai en réalité, et je compte être présente pour les athlètes », explique Christine Girard, aujourd'hui ergothérapeute en santé mentale.

Les différents chefs de mission qui ont croisé le chemin de l'athlète de Rouyn-Noranda lui serviront d'exemples à Santiago.

En entrevue avec Sportcom, elle se remémore ses entretiens avec Sylvie Bernier après avoir manqué le podium à Pékin. Elle se rappelle aussi le sourire de Mark Tewkesbury à son retour au village des athlètes, en 2012, médaille de bronze au cou.

« J'ai été très chanceuse de les avoir et si je peux être le quart de ce qu'ils ont été, je serai vraiment contente! Quand on est dans la grosse machine, c'est difficile. On est dans notre monde, notre petite bulle, alors d'avoir cette personne-là qui nous comprend sans être impliquée, ça aide beaucoup. »

L'ambiance des Jeux

Christine Girard avait l'intention de s'impliquer auprès des athlètes dès qu'elle a annoncé sa retraite en 2015. Elle préférait toutefois attendre que ses trois enfants vieillissent un peu avant d'offrir ses services.

Membre de la Commission antidopage de la Fédération internationale d'haltérophilie, elle est aussi ambassadrice de l'éducation à l'International Testing Agency.

En ce qui a trait aux Jeux panaméricains de Santiago, la championne olympique avait d'abord répondu « service aux athlètes » au poste qu'elle souhaitait occuper. Elle avait aussi coché tout bonnement la fameuse case « autres » lors du processus d'embauche et elle a abouti au titre de cheffe de mission.

« Ça faisait longtemps que je voulais me rapprocher dans un rôle plus proche des athlètes. Ce sera ma première fois dans l'équipe derrière l'équipe. Je suis très fébrile! Je suis restée impliquée pour le sport propre, mais ça reste distancé des athlètes. Là, j'ai un rôle avec eux, pour eux et j'ai extrêmement hâte », partage Girard, qui a visité les sites de compétition ce printemps. Ce premier coup d'œil lui a donné un avant-goût de l'événement qui aura lieu pour une première fois au Chili.

Elle repense à cette visite avec sourire et s'imagine entourée des membres de l'équipe canadienne. Elle s'y voit en train d'encourager les athlètes et de les soutenir dans les bons et les moins bons moments, comme l'ont fait les chefs de mission à ses participations olympiques. Et comme quand elle prenait place sur une plateforme, la barre au pied, elle est déterminée à tout y laisser dans son nouveau rôle.

« J'ai hâte d'être là, d'encourager au stade, d'être dans la tente avec tout le monde! De retrouver l'ambiance des Grands Jeux aussi, ça remonte à 2012! J'aime le côté social que le sport apporte dans nos vies. »

En plus de ses succès aux Jeux olympiques, Christine Girard a participé à trois Jeux panaméricains. Dernière à sa première présence, elle y a remporté deux médailles par la suite, dont l'or à Guadalajara, en 2011. Sa simple qualification à cette édition n'avait pas été simple. Elle avait dû perdre un peu plus de neuf livres en à peine trois jours afin de respecter la limite de poids chez les moins de 63 kg.

Elle se sentait faible et son mari restait près d'elle pour lui servir de support en allant à la pesée. Deux heures plus tard, elle réussissait tous ses essais et établissait trois records canadiens.
Nommez une situation qu'un athlète pourrait vivre à Santiago et Girard aura un exemple détaillé à vous confier, basé sur sa propre histoire.

« J'ai une compréhension différente d'autres personnes. Ça fait partie de moi et je l'utilise dans ma vie professionnelle. Ça va me permettre de comprendre quand quelqu'un revient déçu ou content, tous les impacts que ça peut avoir pour la suite. »

L'équipe canadienne comptera 473 athlètes au Chili, dont 103 du Québec. Pour plusieurs, il s'agira d'une occasion importante de se qualifier aux Jeux olympiques de Paris. Pour les autres, ils vivront somme toute l'une des plus grosses compétitions de leur carrière. Une expérience des plus mémorables, selon leur cheffe de mission.

Sa plus grande préoccupation sera d'ailleurs de faire tout en son pouvoir pour s'assurer que ce soit bel et bien le cas.