Rhiannan Iffland dominante, mais la Canadienne Molly Carlson en embuscade
Depuis des années, l'Australienne Rhiannan Iffland domine la série Red Bull Cliff Diving presque sans partage. Mais récemment, la Canadienne Molly Carlson s'est approchée de son niveau, au point de la battre à quelques rares reprises.
Avant l'escale montréalaise, qui a lieu ce week-end au Vieux-Port, Iffland était première au classement de la saison. Elle a remporté quatre des cinq étapes jusqu'ici et compte 99 points avec trois épreuves à disputer, contre 75 pour Carlson, au deuxième échelon.
Iffland est sept fois championne en titre de la série. Elle a ajouté quatre titres de championne du monde de World Aquatics et cinq médailles en Coupe du monde, soit trois d'or et deux d'argent. Elle ne laisse donc que des miettes pour les autres plongeuses de l'élite.
Pour expliquer ses succès, un mot revient constamment à la bouche de ses adversaires, mais aussi des entraîneurs et des organisateurs de la série: constance.
« Elle est juste tellement constante, a lancé la Québécoise Simone Leathead, 10e après trois plongeons, samedi. Il y a quelque chose d'assez magique dans la façon qu'elle plonge. Sa marge d'erreur est toujours minime. Donc même quand elle fait des erreurs, ce n'est pas considéré des erreurs pour tout le monde. Je crois que c'est ça qui la rend si dominante. »
A-t-elle un secret?
« Si ses adversaires le savaient, je pense qu'elles utiliseraient le même secret! s'est exclamé Hassan Mouti, directeur de la série. Je pense que c'est l'entraînement. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'entraînement ».
« Là, on ne voit que la surface de l'iceberg, mais en dessous, ce sont des heures d'entraînement en gymnase, en musculation et à la piscine. Ils s'entraînent toute l'année pour plonger quatre fois pendant un peu moins de trois secondes. »
Aux yeux de Stéphane Lapointe, la constance est aussi la clé. Mais pour faire preuve de constance, la technique doit être à point. Dans cette optique, l'entraîneur de Carlson, Leathead, Charles-Antoine Labadie et Aidan Heslop croit que l'expérience en trampoline d'Iffland est un atout non négligeable.
« Une constance vraiment impressionnante, a-t-il commencé par dire à propos d'Iffland. Une grande expérience en plongeon et une bonne expérience en trampoline, ce qui est la meilleure combinaison que tu peux avoir en haut vol. »
Lapointe, qui dirige un groupe de huit plongeurs de haut vol qui s'entraîne à Montréal, a d'ailleurs recruté Labadie dans son équipe en partie en raison de son expérience en trampoline.
La dernière figure d'un plongeon de haut vol est le barani, qui consiste en un salto avant avec une demi-vrille. Pratiquée en trampoline, elle permet aux plongeurs d'entrer en contact avec l'eau les pieds d'abord.
« Déjà, d'avoir ça d'acquis, être familier avec ce mouvement-là, ça facilite vraiment la transition du plongeon au haut vol », a fait valoir Labadie.
« Ça fait d'elle une plongeuse dominante, et au cours des trois dernières années, la seule qui a réussi à la battre à quelques reprises, c'est Molly, a ajouté Lapointe. Donc je pense que c'est un exemple de constance, de solidité et de force mentale pour toutes les filles. Elle est super impressionnante. »
Carlson, 25 ans, a amorcé son parcours au sein de la série de Red Bull en 2021. Depuis, elle a remporté trois événements. Succédant à la Québécoise Lysanne Richard comme tête d'affiche canadienne, elle a pris le troisième rang au classement en 2021, puis a été sacrée vice-championne des deux dernières années.
Avant la finale de dimanche dans la métropole québécoise, devant sa famille et ses amis, Carlson était d'ailleurs première, avec 264,50 points, soit 11,60 de plus qu'Iffland, en deuxième position.
« C'était électrique, avec tout l'amour des Canadiens! s'est exclamée Carlson au terme de la journée de compétition. J'avais peur de mal faire les plongeons, mais je me suis dit: "pas de pensées négatives aujourd'hui, profite du moment", et c'était vraiment bon! »
L'Ontarienne, installée à Montréal, a d'ailleurs vanté les qualités de son adversaire, quelles que soient les conditions. Car si elle est parvenue à la battre quelques fois, l'Australienne ne connaît que très rarement des mauvaises journées.
« Elle est très constante. Je l'admire, a dit Carlson. Elle peut vraiment faire les plongeons partout dans le monde. Ici, je suis vraiment à l'aise pour plonger parce que l'eau est calme. Mais les vagues de trois mètres, ce n'est pas pour moi, je n'aime pas ça! Elle, elle aime ça ».
« Un jour, je serai aussi constante. »
Comme dans n'importe quel sport, la domination suscite l'admiration, mais peut également nuire à la qualité du spectacle et l'engouement des spectateurs.
Ainsi, les performances de Carlson et l'émergence d'autres plongeuses talentueuses ravissent bien des gens dans le petit monde du plongeon de haut vol.
« Elle a des qualités personnelles et humaines magnifiques, a déclaré Mouti à propos de la Canadienne. Elle est intéressante et intelligente, donc comme ambassadrice, on ne peut pas rêver de mieux. Et aussi ce qu'elle rapporte au sport, avec de la qualité et de la difficulté. Elle se bat avec Iffland, donc forcément, c'est plus compétitif ».
« On sent que dans le groupe, de manière générale, la qualité des plongeuses n'arrête pas d'augmenter année après année. »
De son côté, Iffland ne dit pas non à un peu de compétition.
« Le niveau des plongeuses dans le sport a augmenté, et c'est cool d'en faire partie, a lancé Iffland. Molly est là, et elle va nous pousser aussi. Les saines rivalités sont toujours bonnes et ça fait toujours sortir le meilleur de chaque athlète. Parfois, vous apprenez à quel point vous être forte quand vous avez de la pression. »
La Canadienne Aimee Harrison s'est classée 12e et bonne dernière après trois plongeons. Chez les hommes, le Roumain Constantin Popovici était premier avec 316,80 points. Heslop (316,50) et Labadie (193,10) étaient respectivement deuxième et 12e.