Jesen Therrien tente un retour vers le Baseball majeur en passant par les Aigles
MONTRÉAL – Six ans plus tard, Jesen Therrien remontera sur un monticule du baseball professionnel. Grâce à sa détermination après une deuxième opération Tommy John, l'athlète de 30 ans s'accorde une autre chance pour retourner dans les Majeures.
« Ce n'est pas compliqué. Mon garçon a trois ans et je me sens exactement comme lui quand on lui dit que le Père Noël arrive pour donner les cadeaux », a résumé Therrien qui a choisi les Aigles de Trois-Rivières pour relancer sa carrière.
Après l'éprouvante route dans les circuits mineurs, Therrien avait atteint son rêve, en 2017, en effectuant 15 sorties avec les Phillies de Philadelphie. Malheureusement, son bras droit avait cédé alors qu'il vivait ce grand accomplissement.
En théorie, l'opération Tommy John devait lui permettre de revenir encore plus fort. Il a plutôt joué de malchance en demeurant embêté par la douleur alors que les Dodgers de Los Angeles avaient misé sur lui.
Même en étant nommé directeur des opérations de l'Académie de baseball du Canada (ABC), Therrien n'a jamais jeté l'éponge. Le feu brûlait encore suffisamment en lui pour qu'il subisse, en septembre 2021, une autre intervention Tommy John et sa longue remise en forme.
« Je suis fier de tout le monde qui a cru en moi dans les dernières années alors que je n'ai pas lâché le morceau. Beaucoup de personnes m'ont dit que j'étais peut-être mieux de faire autre chose de ma vie », a-t-il commenté avec franchise.
« Mais le baseball, c'est ce que j'aime et ce que je connais depuis que j'ai trois ans. On voit ce défi comme un gros défi, mais on va le vivre ensemble donc je suis extrêmement heureux », a ajouté le releveur droitier.
La beauté de l'histoire, c'est que le processus semble avoir fonctionné cette fois. Il a donc quitté son poste à l'ABC à la fin septembre 2022 et les derniers mois ont servi à le préparer pour la prochaine étape.
« J'atteins des chiffres que je n'avais jamais obtenus avant dans l'enclos », a lancé Therrien.
L'artilleur de 30 ans a divisé son retour en trois phases. Il a d'abord rejoint son ami Yacksel Rios (Braves d'Atlanta) à Porto Rico afin de bénéficier de la technologie TrackMan qui récolte une tonne de données précieuses sur les lancers.
« J'ai aussi travaillé avec un entraîneur de l'organisation des Mets et on a remarqué que mes lancers sont tous dans les top 5-10% des Ligues majeures », a maintenu Therrien.
La deuxième phase, en Floride, visait à le préparer pour celle en Arizona où il a lancé devant des recruteurs des Majeures.
« Ce qu'on comprend, en ce moment, c'est que l'enjeu n'est pas de savoir si je suis capable ou si j'ai le talent, mais si je peux le prouver sur une base régulière », a expliqué Therrien qui a trouvé, chez les Aigles, un endroit pour y parvenir.
Dédié à sa mission, Therrien hésite longuement quand on lui demande d'identifier l'aspect qui sera le plus difficile pour atteindre son objectif.
« Je ne vois rien. J'ai toujours eu la même mentalité : que je sois sur l'équipe nationale ou au niveau junior ou dans les mineures, quand je joue, ce n'est pas pour me rendre dans les Majeures. Peu importe qui se retrouve devant moi, c'est ma Ligue majeure », a-t-il noté.
Le regard fier de ses enfants, l'aide de ses proches
Les inspirations ne manquent pas. Il y a les histoires de Phillippe Aumont, qui a représenté le Canada à la Classique mondiale de baseball, et d'Éric Gagné, qui a enfilé l'uniforme des Capitales de Québec. Mais il songe d'abord à Édouard Julien qui vit ses débuts dans les Majeures.
« Ce qui est beau à voir, c'est qu'il y a de plus en plus de joueurs québécois qui réussissent. C'est merveilleux ce qu'il fait », a confié Therrien à propos du frappeur qui n'est pas intimidé.
« On comprend ce que les autres vivent parce que ça prend plein de belles valeurs pour se rendre dans les Majeures. Oui de la passion, mais du dévouement, de l'entraînement, une éthique de travail, de la persévérance, de la détermination... », a-t-il poursuivi.
Therrien est également heureux de voir que Gagné et Russell Martin demeurent impliqués dans le milieu du baseball. Quant à Aumont, il a été si heureux de le voir sourire sur le monticule, « c'est pour ça qu'on joue au baseball ».
Comme atout, Therrien peut d'ailleurs s'appuyer sur Gagné, qui l'a pris sous son aile depuis plusieurs années, et Martin qui est également devenu un ami proche.
Sans surprise, sa plus grande motivation demeure sa famille.
« Que mon garçon et ma fille me regardent en étant fiers. Pas fiers de ce que je fais, mais de voir mon regard en faisant ce que j'aime. C'est extraordinaire dans une vie de voir ses parents heureux. J'ai été élevé par une mère monoparentale qui a tout donné pour ses enfants. Elle m'a demandé ce que je veux faire dans la vie et elle m'a dit ‘Fonce, mon homme!' », a raconté Therrien.
« Voilà ce que tu veux comme parent, tu veux pouvoir regarder tes deux cocos dans les yeux et leur dire de foncer pour accomplir ce qu'ils veulent réussir », a-t-il ajouté avec le visage illuminé.
Dans son cas, le plus beau scénario est facile à deviner.
« Je veux affronter les meilleurs de la planète et les retirer. Que ce soit (Shohei) Ohtani, (Mike) Trout, (Aaron) Judge, (Édouard) Julien, (Abraham) Toro, (Otto) Lopez ou (Charles) Leblanc », a résumé Therrien avec des choix judicieux.
Une grande pensée revient aussi à la Dre Dominique Rouleau qui a procédé à la deuxième opération. Il est déjà très reconnaissant de tout ce support, mais imaginez s'il parvenait à retourner sur un monticule des Majeures.