Victorieuse, Kim Clavel relance sa mission de championnat
MONTRÉAL – Sa victoire semblait sans équivoque, mais à l'annonce de la carte du premier des trois juges – un verdict nul de 95-95 –, la confiance a laissé toute la place à l'incertitude. Et si Kim Clavel voyait le tapis lui glisser sous les pieds pour un deuxième affrontement consécutif?
L'annonceur Christian Gauthier a cependant rapidement mis fin au suspense en confirmant que la Québécoise était en avant – 96-94 et 98-92 – sur les cartes des deux autres juges et qu'elle renouait ainsi avec la victoire après avoir battu Fara El Bousairi au terme d'un excitant combat de 10 rounds présenté en finale d'un gala de Groupe Yvon Michel au Cabaret du Casino de Montréal.
Un résultat évidemment bien plus heureux que celui du 7 octobre dernier à la Place Bell, alors que Clavel (18-2) s'était inclinée par décision partagée des juges face à la championne unifiée des poids mi-mouches Evelin Nazarena Bermudez. Le promoteur Yvon Michel et sa vice-présidente exécutive Alexandra Croft avaient ensuite été suspendus pour avoir « agressé verbalement et tenté d'intimider » l'un des trois juges de ce duel, le Québécois Benoît Roussel.
« Je ne parle plus des juges », a lâché Clavel après sa victoire, sa 18e en 20 combats depuis le commencement de sa carrière. Je suis contente de ma performance, vraiment. J'ai suivi notre stratégie et notre plan de match. J'étais en très bonne condition physique [en vue de ce combat].
« Je savais que j'avais à faire à une adversaire avec les mains très lourdes et qui était également imposante physiquement. Mais j'ai été en mesure d'imposer mon style et ma rapidité. Je suis sortie gagnante de ce combat-là et c'est exactement ce que mon équipe et moi recherchions. »
Cela dit, le chemin vers la victoire n'a pas nécessairement été de tout repos. El Bousairi (8-4) avait promis « une guerre » et c'est exactement ce qu'elle a offert à Clavel, du moins pendant le premier round. L'Espagnole d'origine marocaine a effectivement réussi à placer sa main gauche sur le visage de la Québécoise à plusieurs reprises pendant les deux premières minutes du duel.
Mais Clavel a vite renversé la vapeur en touchant El Bousairi avec une variété de combinaisons dès le deuxième round. Elle a aussi réussi à placer de nombreuses droites qui refroidissaient instantanément les ardeurs de sa rivale qui avait dépassé d'une livre et demie la limite à la pesée.
« Elle a été surprise par ma vitesse, a expliqué l'ex-championne des mi-mouches du WBC. Je l'ai solutionné et à un moment donné, j'ai senti une petite baisse de régime de son côté. C'est pour cette raison qu'elle a sorti si fort au 10e round, son équipe savait bien qu'elle tirait de l'arrière. »
« Kim a utilisé un peu plus de coups de puissance qu'à l'habitude, a continué son entraîneuse Danielle Bouchard. Kim choisissait ses moments pour lui faire mal. Malgré le fait qu'elle était la plus légère des deux, c'est elle qui a montré les meilleures habiletés de boxe pendant la soirée. »
Clavel a assuré qu'elle serait en mesure de remonter sur le ring lors du prochain gala de Groupe Yvon Michel le 16 mai, toujours au Cabaret du Casino de Montréal, et qu'elle entend enregistrer une victoire décisive pour montrer aux championnes de sa division qu'elle veut ravir leurs titres.
« C'est le travail de mon promoteur de me ramener en championnat, mais j'ai confiance en Yvon, a conclu Clavel. Je vais m'accorder quatre ou cinq jours de congé avant de commencer mon camp d'entraînement [en vue de mon combat du 16 mai]. Il va y avoir une certaine continuité, parce que je suis déjà en forme. J'ai vraiment eu beaucoup, mais beaucoup de plaisir ce soir! »
Loin de l'action en raison de sa suspension, il est difficile d'imaginer que son promoteur Yvon Michel n'en a pas eu autant. Son organisation étant en reconstruction, une défaite de Clavel aurait été tout simplement catastrophique pour l'avenir à court ainsi qu'à moyen terme.
Houle rebondit après deux affrontements en demi-teinte
L'adversaire de Marie-Pier Houle, Marisa Joana Portillo, avait dû s'y prendre par deux fois pour respecter la limite de 140 livres à la pesée, mais l'Argentine n'était pas au bout de ses peines, car elle a jeté l'éponge après le 3e round à la suite d'une performance sans failles de la Québécoise.
Houle (10-1-1, 3 K.-O.) signe ainsi une victoire convaincante après deux affrontements en demi-teinte contre Sandy Ryan (défaite par décision unanime) en avril 2023 et Cindy Reyes Espinoza (victoire par décision majoritaire) en octobre dernier. Il s'agit également pour la super-légère originaire du Cap-de-la-Madeleine d'un premier gain avant la limite en plus de trois ans et demi.
Houle sera de retour dans le ring le 16 mai au Cabaret du Casino de Montréal et elle n'a pas caché qu'elle aimerait avoir la chance de mettre la main sur un premier titre mineur en carrière. Elle est classée 8e à l'IBF à 140 livres ainsi que 5e à la WBA, 16e au WBC et 2e à la WBO à 147.
Une spectaculaire victoire pour Pomerleau
Après un premier round en dents de scie pendant lequel il a encaissé son premier véritable coup chez les professionnels, Derek Pomerleau (8-0, 6 K.-O.) s'est rapidement ajusté avant de passer le knock-out à Carlos Mohamed Rodriguez (15-13-1) à l'aide d'un spectaculaire crochet de droite au corps à 3:00 du 2e round. Pomerleau a paru gêné par la vitesse ainsi que la pression exercée par Rodriguez dans les premiers instants du combat, mais il a profité d'une ouverture alors que le 2e round achevait pour atteindre le Mexicain, qui n'a pas su se relever avant la fin du compte de 10.
« J'avais un petit défi devant moi. Le gars n'avait peut-être pas la plus belle fiche, mais il était quand même censé me donner des rounds. Finalement, j'ai stoppé ça au deuxième round, s'est félicité Pomerleau », qui devrait être de retour dans le ring le 16 mai prochain, encore au Cabaret du Casino de Montréal, dans un deuxième combat consécutif prévu pour huit rounds.
« J'espérais qu'il allait se relever, parce que je veux faire des rounds. Je veux avoir quelqu'un qui va me faire travailler », a-t-il ajouté avant de suggérer qu'il pourrait parapher une entente à long terme avec Groupe Yvon Michel. Le tout devrait être confirmé au cours des prochaines journées.
Theothilus Owusu (3-0-1) a eu droit à une bien meilleure opposition qu'à sa dernière sortie et il a ainsi dû se contenter d'un verdict nul unanime (57-57, 57-57 et 57-57) contre Petr Novak (1-0-1) au terme de 6 rounds évidemment très chaudement disputés. Après n'avoir mis que 44 secondes pour se débarrasser du Tchèque Marek Poncik il y a 3 semaines, le protégé des frères Howard et Otis Grant en a eu plein les bras cette fois avec l'athlète venu de Bohème qui l'a obligé à plus d'une reprise à boxer contre les câbles. Owusu est parvenu à esquiver la plupart des frappes de Novak, mais au volume, le super-léger montréalais a fini par être touché quelques fois au corps.
En ouverture, Reid Twohey (1-0) a plutôt fait bonne figure à ses débuts chez les professionnels en battant Pavel Albrecht (17-24) par décision unanime (40-36, 39-37 et 39-37). Twohey, qui est entraîné par l'ancien boxeur Ian MacKillop, a connu ses meilleurs moments au deuxième round quand il est parvenu à ébranler Albrecht, mais il n'a toutefois pas été en mesure de l'envoyer au plancher. Le Montréalais a ensuite connu quelques difficultés en défense, mais les coups portés par son adversaire tchèque et vétéran de quarante combats n'ont pas trop semblé l'importuner.