Un début de saison inespéré pour Aston Martin
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Aston Martin était l'écurie sur toutes les lèvres au terme des essais hivernaux, il y a un mois. Deux courses et deux podiums plus tard, c'est toujours le cas. Non, les essais hivernaux n'étaient pas du bluff. L'équipe de Lawrence Stroll a bel et bien progressé à vitesse grand V durant la saison morte. Si bien que l'AMR23 s'est avérée être la deuxième meilleure voiture du plateau derrière Red Bull lors des deux premières courses de la saison.
Au cœur des récents succès de l'écurie, on ne peut passer sous silence la contribution de Fernando Alonso. Le vétéran de 41 ans prouve que son coup de volant n'a rien à envier aux jeunots des autres équipes, mais surtout, il semble avoir trouvé en Aston Martin un projet qui le motive et dans lequel il se sent à l'aise. Ce ne sont que deux courses et la lune de miel peut toujours s'arrêter brusquement, mais pour l'instant, l'Espagnol s'intègre rapidement à sa nouvelle équipe.
C'était d'ailleurs agréable de voir son état d'esprit après la course en Arabie saoudite. Au moment de se présenter devant les médias dans la zone d'entrevue, Alonso venait d'apprendre qu'il avait perdu son podium aux mains de George Russell en raison d'une pénalité. Ça n'a pas empêché Alonso de répondre aux médias avec humour. « Je suis monté sur le podium, j'ai reçu le trophée, j'ai bu le champagne, donc non, je ne suis pas déçu », a-t-il ironisé avec le sourire.
C'était seulement une petite blague, mais on a souvent vu Alonso plus incisif dans ses commentaires dans de telles circonstances. Ça démontre bien la mentalité chez Aston Martin depuis le début de la saison. On se préoccupe peu de ce qui se passe autour, des performances des autres, et on se concentre sur les performances de la voiture et sur sa progression. Et à la fin, Alonso avait raison de garder ce sourire, puisque son podium, le centième de sa carrière, est revenu à sa fiche.
De l'autre côté du garage, il faut dire que Lance Stroll fait aussi un excellent travail en ce début de saison. Pour être honnête, je me questionnais beaucoup sur la décision de le mettre derrière le volant dès le Grand Prix de Bahreïn, seulement quelques semaines après son incident de vélo. Le voir éprouver de la difficulté à tourner son volant lors des séances d'essais libres du vendredi n'avait rien de rassurant.
Finalement, le pilote québécois s'est très bien tiré d'affaire. À Bahreïn, il aurait été injuste de lui demander plus que sa huitième place en qualifications et sa sixième en course, surtout qu'il s'agissait de ses premières journées au volant de la nouvelle voiture puisqu'il n'a pas participé aux essais hivernaux.
Et à Djeddah, il se dirigeait vers tout un tour en qualifications, mais une petite erreur dans le dernier secteur l'a relégué à la sixième place. Ça fait partie de l'apprentissage, mais ce n'était rien de catastrophique, puisqu'il roulait en quatrième place avant son arrêt aux puits, abandonnant quelques tours après son retour en piste. Et que dire de sa manœuvre de dépassement par l'extérieur sur Carlos Sainz au premier tour!
Le mois de congé après le Grand Prix de cette fin de semaine en Australie donnera l'occasion à Stroll de vraiment mettre sa mésaventure derrière lui et sans doute de guérir ses fractures aux poignets et à un orteil complètement. Bien hâte de voir ce qu'il pourra faire au cours des prochains mois. Alonso a prouvé qu'il est possible de mettre cette voiture sur le podium. Stroll devra aussi le faire à l'occasion.
C'est donc un excellent début de saison pour Aston Martin. La voiture est bonne, mais maintenant, le défi de rester au deuxième rang sera encore plus important. En Formule 1, confectionner une bonne voiture, ce n'est pas tout. Il faut aussi bien la faire évoluer et l'améliorer tout au long de la saison. Il faut également apprendre à bien gérer les stratégies, prendre les bonnes décisions, éviter les erreurs de pilotage, performer sur tous les types de circuit, et bien plus encore. Pour une écurie qui ne s'est pas battue à l'avant depuis plusieurs années, les défis seront nombreux.
Surtout que Ferrari, Mercedes et même Alpine ne resteront pas les bras croisés à accepter leur sort…
Ensoleillé avec veille d'orage chez Red Bull
Chez Red Bull, difficile de demander mieux pour ce début de saison avec deux doublés en deux courses. La voiture est de loin la meilleure du plateau et pour l'instant, on ne voit pas vraiment quelle écurie pourrait menacer les taureaux rouges dans les luttes aux deux titres mondiaux.
Pourtant, dans ce ciel ensoleillé, on entend de plus en plus le tonnerre gronder au loin. C'est que la relation entre Max Verstappen et Sergio Perez parait de plus en plus tendue depuis le Grand Prix du Brésil l'an dernier, et la saison morte ne semble pas avoir réglé tous les problèmes.
On ne parle pas encore de grands conflits entre les deux, mais les deux premières épreuves ont prouvé qu'un sentiment de méfiance habite les deux côtés du garage. On se questionne sur les temps au tour de l'autre, sur le meilleur tour pour aller chercher le point supplémentaire, on remet en question les directives des ingénieurs qui veulent préserver la voiture et s'assurer d'un doublé…
Sergio Perez comprend que s'il veut devenir champion du monde un jour, cette saison représente probablement sa dernière chance. Battre Max Verstappen peut sembler un rêve inespéré, mais on ne peut lui reprocher d'essayer. Battre Lewis Hamilton en 2016, alors qu'il était déjà triple champion du monde, semblait aussi un défi inatteignable pour Nico Rosberg. On connaît la suite. Je ne dis pas que c'est ce qui va se produire, mais Perez a tout à fait le droit d'y croire et de tenter sa chance.
Du côté de Max Verstappen, il doit simplement rester calme et concentré. S'il garde le même niveau que lors des deux dernières saisons, je ne vois pas comment il peut échapper le titre aux mains de son coéquipier. Il doit simplement éviter de perdre sa concentration avec des jeux de coulisses au sein de l'écurie.
Après la course à Djeddah, Verstappen a spécifié que dans une course au titre qui pourrait se jouer entre seulement deux voitures, Red Bull « doit s'assurer que les deux voitures soient fiables ». Je ne sais pas s'il était nécessaire de lancer un tel message à une équipe qui lui a permis de remporter le titre lors des deux dernières saisons, mais ça démontre bien qu'il ne tient rien pour acquis et qu'il exige le meilleur de son écurie.
Bref, la tempête n'est pas encore arrivée chez Red Bull. Peut-être n'arrivera-t-elle jamais non plus, surtout si Verstappen reprend rapidement le contrôle de la course au titre au cours des prochains mois. Mais si la lutte demeure serrée entre Verstappen et Perez, on a de plus en plus l'impression que la relation entre les deux pourrait rapidement s'envenimer…
L'action reprend cette fin de semaine avec le Grand Prix d'Australie. Pour les courageux qui nous suivront en direct, on vous donne rendez-vous dès minuit 30 dans la nuit de vendredi à samedi pour la séance de qualification et dans la nuit de samedi à dimanche pour la course.
Sinon, il y a bien sûr l'option de regarder les séances en différé, soit à 10 h samedi matin et à 7 h 30 dimanche, tout ça, sur les ondes de RDS.