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F1 à Las Vegas : Pourquoi ne pas y aller « all-in »?

Michael Andretti Michael Andretti - Getty
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Mise à jour

Quand le calendrier 2023 de la Formule 1 avait été dévoilé, plusieurs avaient encerclé la date du 18 novembre.

Le retour de la F1 à Las Vegas pour la première fois depuis 1982 promet d'être spectaculaire, bien sûr sur le plan télévisuel, mais aussi sportif. Les équipes arrivent au Nevada avec une page blanche et devront s'adapter rapidement à un tout nouveau tracé, mais aussi, à des conditions météorologiques particulières.

En effet, le Grand Prix de Las Vegas devrait être l'un des plus froids de l'histoire de la Formule 1. Puisque l'épreuve se tient de nuit, les températures devraient tourner autour des cinq degrés Celsius. Monter les pneus en température sera donc un enjeu primordial pour les pilotes et les écuries, notamment lors de la séance de qualifications qui commencera à minuit, heure locale.

D'ailleurs, j'ai envie de vous dire de laisser la chance au coureur. Sur les réseaux sociaux, on peut déjà lire beaucoup de critiques concernant le tracé, qui, je l'admets, ne semble pas le plus attrayant d'un point de vue sportif. Sauf qu'on avait sensiblement les mêmes doutes concernant le Grand Prix à Bakou avec ses longues lignes droites et ses virages à 90 degrés, et maintenant, force est d'admettre que nous avons eu droit à d'excellentes courses en Azerbaïdjan. Arrêtons de bouder notre plaisir, apprécions le spectacle de voir des monoplaces rouler à plus de 300 kilomètres/heure sur la « Strip », et ensuite, on discutera de ce que la Formule 1 devrait faire, ou non, pour améliorer le tracé et l'événement.

La F1 fera-t-elle le pari d'Andretti?

Ce Grand Prix, c'est un point d'exclamation à l'américanisation de la Formule 1. C'est, en un week-end, tout ce que cette discipline rêvait de devenir aux États-Unis. Un gros « show », des vedettes internationales, un troisième Grand Prix cette saison au pays de l'Oncle Sam, un décor parfait pour un épisode d'une série à succès sur Netflix, bref, vous voyez le genre.

Déjà, Ferrari, Williams, Alpine, Red Bull, Alfa Romeo, AlphaTauri et McLaren (aussi bien dire tout le monde) ont dévoilé des livrées spéciales pour l'événement, et on ne comptera plus le nombre de casques uniques dévoilés par les pilotes.

Sauf que devant toute cette frénésie américaine, il y a encore certains niveaux de réticence. L'an dernier, je vous ai parlé du cas de Colton Herta, que Red Bull souhaitait embaucher à la place de Nyck De Vries chez AlphaTauri, et j'ai tenté de vous expliquer comment les jeunes pilotes américains étaient désavantagés dans leur développement vers la Formule 1 s'ils souhaitaient rester aux États-Unis plutôt que de s'expatrier en Europe à un très jeune âge.

Cette année, c'est le cas de la future écurie de Michael Andretti et de Cadillac. Surtout, c'est tout le débat qui l'entoure qui retient l'attention.

Pourtant, le projet proposé par Andretti afin d'amener une nouvelle écurie en Formule 1 coche toutes les cases.

Premièrement, la famille Andretti est bien connue dans le monde du sport automobile depuis plusieurs décennies. Mario est un ancien champion de Formule 1 en 1978. C'est aussi un multiple champion d'Indycar et il a remporté plusieurs des plus grandes courses du monde, comme l'Indy 500, le Daytona 500 et les 12 heures de Sebring.

C'est son fils Michael qui mène le projet pour obtenir une écurie de Formule 1. Également champion d'Indycar, Michael est à la tête d'Andretti Autosport, qui compte des écuries en Indycar, en Formule électrique, en Extreme E et en endurance (IMSA), notamment. Bref, on connaît le sport automobile chez les Andretti et les défis qui s'y rattachent.

En plus, Andretti Autosport est appuyé dans sa démarche par General Motors, via sa filiale Cadillac. La marque américaine s'y connaît aussi en sport automobile. Elle a d'ailleurs fait son retour en endurance au cours des dernières années, autant dans le cadre du Championnat du monde d'endurance (WEC) et des 24 Heures du Mans que dans le championnat américain d'endurance (IMSA).

Cadillac conçoit elle-même son moteur en endurance, ce qui lui a permis d'obtenir des victoires lors des 12 heures de Sebring et à Laguna Seca. Bien sûr, ce n'est pas un moteur de Formule 1, mais ça démontre tout de même l'expertise de la marque dans ce domaine.

Un détail qui a pris toute son importance plus tôt cette semaine, alors que Cadillac s'est officiellement placé sur la liste des motoristes de la Formule 1, confirmant son intention de concevoir ses propres moteurs pour la future écurie d'Andretti à partir de 2028. Il ne s'agira donc pas seulement d'un partenariat technique, comme Aston Martin, McLaren ou Alfa Romeo, qui doivent s'associer à un autre motoriste.

Si l'écurie fait son entrée en 2026 comme elle l'espère, elle devra donc se trouver un motoriste pour deux saisons avant que Cadillac prenne le relais pour le groupe propulseur en 2028.

Bref, tout ça pour dire que ce projet, il est très sérieux. Il compte dans ses rangs un propriétaire d'expérience qui a construit des équipes compétitives dans plusieurs séries différentes. Un nom de famille bien connu dans le sport automobile et grandement respecté par les amateurs américains. Un motoriste qui s'engage à concevoir son propre groupe propulseur. Tout ça, en représentant un marché que la Formule 1 espère tant conquérir aux États-Unis.

La FIA aussi trouve le projet solide. Le 2 octobre dernier, la fédération a annoncé qu'elle approuvait le projet de l'écurie américaine une étape extrêmement importante dans le processus. Plusieurs écuries ont déposé leur projet à la FIA. Seulement quatre sont passées à la deuxième phase du processus. Finalement, après une enquête approfondie, la FIA a approuvé qu'une seule requête, celle d'Andretti, jugeant qu'elle était assez solide pour rejoindre la Formule 1.

Le problème, c'est qu'il manque une dernière étape, soit celle de la Formule 1. En résumé, c'est Liberty Media et le président de la Formule 1, Stefano Domenicali, qui ont le dernier mot. Ce dernier est sous pression, car les écuries actuellement en Formule 1 ne veulent pas d'une nouvelle écurie. Pourquoi? On va donner toutes sortes de raisons. Toto Wolff a même évoqué, pendant l'été, qu'il s'agissait d'une question de sécurité, puisque certains circuits ne sont pas équipés pour recevoir deux voitures de plus…

Évidemment, la vraie raison est une question d'argent. Pour faire une histoire courte, les écuries ne veulent pas partager la tarte des revenus en une pointe de plus, tout simplement.

De plus petites équipes, comme Haas et Williams, ont grandement souffert pendant la pandémie et l'avenir de ces écuries a été remis en question. Le sport a repris depuis, mais on peut comprendre la réticence de ces équipes de perdre une partie des revenus en raison d'une onzième équipe.

Sauf que maintenant, le sport est en santé comme jamais. La série Netflix aide grandement à atteindre une toute nouvelle génération de spectateurs. N'est-ce pas le bon moment pour prendre ce pari? Alors que les Américains s'intéressent enfin à ce sport? Qu'on tient maintenant trois Grands Prix par année aux États-Unis? Que Ford s'associera à Red Bull en 2026 et qu'on pourrait donc voir une rivalité de motoristes avec Cadillac? Qu'un autre motoriste veut investir et développer un moteur de Formule 1?

Est-ce qu'il y a des risques pour les écuries présentement en Formule 1? Bien sûr! Mais il me semble que la main est assez bonne. Pourquoi ne pas y aller « all-in »?

Qui sait, Andretti et Cadillac pourraient aussi se révéler un atout majeur pour la Formule 1.