TDF Femmes : Vollering couronnée devant sa rivale
La Néerlandaise Demi Vollering a remporté pour la première fois le Tour de France Femmes au terme de la huitième et dernière étape, un contre-le-montre de 22 kilomètres qui est revenu à la Suissesse Marlen Reusser, dimanche à Pau.
Vollering (SD Worx), 26 ans, succède à sa compatriote Annemiek van Vleuten (Movistar), qui règne depuis plusieurs saisons sur le cyclisme féminin et a annoncé sa retraite en fin de saison.
Comme lors de l'édition de la renaissance en 2022, le public était nombreux le long des routes et devant les écrans de télévision (avec 4,7 millions de téléspectateurs sur France 2 lors de l'étape du Tourmalet samedi). Des partisans qui ont assisté au couronnement de la pépite venue des Pays-Bas.
Pour asseoir son statut de numéro un mondiale, il ne manquait qu'une victoire dans un grand tour à Vollering (26 ans) qui avait cannibalisé la saison des classiques en signant notamment le triplé ardennais Flèche wallonne/Liège/Amstel. C'est désormais chose faite.
Pour la meneuse de la formation SD Worx, c'était une question d'honneur de battre Van Vleuten, victorieuse l'an passé, avant le départ à la retraite de la championne du monde (40 ans) programmé en fin d'année.
La dernière étape pour Marlen Reusser
Il fallait voir « son soulagement » samedi soir après son succès spectaculaire au sommet du Tourmalet où elle avait largement distancé la Polonaise Katarzyna Niewiadoma et Van Vleuten, ainsi que la Belge Lotte Kopecky qui avait défendu avec bravoure son maillot jaune conquis lors de la première étape à Clermont-Ferrand.
Le succès final est finalement net : trois minutes d'avance sur ses dauphines, Kopecky et Niewiadoma qui ont fini dans la même seconde pour éjecter Van Vleuten du podium (4e à près de quatre minutes). Mais la semaine de l'ancienne patineuse de vitesse n'a pourtant pas été une sinécure.
« Très tendue » au départ des premières étapes, Vollering avait été pénalisée de 20 secondes par le jury pour un abri prolongé derrière la voiture de son équipe lors de la cinquième étape.
Une sanction (accompagnée de l'exclusion de son directeur sportif) que plusieurs concurrentes avaient trouvée plutôt clémente alors que la coureuse -« qui avait mis sa vie en danger », selon la directrice de l'épreuve Marion Rousse-- avait risqué la mise hors course.
Vollering y a échappé, ne manquant pas l'occasion de prendre sa revanche sur Van Vleuten qui l'avait devancée l'an passé tout comme elle l'avait fait pour neuf secondes seulement au printemps dernier lors de la Vuelta Feminina.
Au soir de ce contre-la-montre final remporté dimanche au terme de 22 km à Pau par la Suisse Marlen Reusser, double championne d'Europe de l'exercice en solitaire, Vollering a signé « le plus beau succès de (sa) carrière ». Le 15e déjà d'une saison qui n'est pas terminée et se poursuivra ces prochains jours lors des Mondiaux à Glasgow.
Rendez-vous à Rotterdam
« J'ai bien sûr beaucoup travaillé pour arriver à ce résultat, a expliqué la Néerlandaise qui avait reconnu six des huit étapes du Tour ces derniers mois. Mais ce succès est la résultant d'un tout, d'un bel équilibre personnel grâce à un super entourage notamment ».
Le prochain départ à la retraite de Van Vleuten qui avait remporté la Vuelta et le Giro cette année, après son triplé sur les trois grands tours l'an passé, laisse donc la place à une nouvelle génération de coureuses qui vont vivre le nouvel âge d'or du cyclisme féminin symbolisé par la réussite populaire, médiatique et sportive de la Grande Boucle.
« Le niveau est de plus en plus homogène », s'est félicitée la directrice de l'épreuve Marion Rousse se réjouissant de voir huit gagnantes différentes au terme des huit étapes.
Vollering aura à coeur de confirmer sa performance dans un an. D'autant plus que le Tour de France 2024 s'élancera des Pays-Bas, à Rotterdam.
Le Québec fait bonne figure
La Québécoise Olivia Baril s'est invitée parmi les dix coureuses les plus rapides de la huitième étape du Tour de France qu'elle a conclu au septième rang à Pau.
La cycliste de la UAE Team ADQ a terminé l'épreuve finale du Tour à 1 minute et 18 secondes de la gagnante.
Membre de l'équipe SD Worx, Reusser a signé un temps de 29 min 15 s. Elle a devancé ses coéquipières Demi Vollering et Lotte Kopecky de 10 et 38 secondes.
Vollering a tout de même célébré en fin de journée, toute vêtue de jaune, alors que Kopecky est arrivée deuxième au classement général (+3 minutes 3 secondes). La Polonaise Katarzyna Niewiadoma (Canyon//SRAM Racing), a suivi à seulement 21 centièmes de seconde de la deuxième marche du podium.
Pour Olivia Baril, sa septième place du contre-la-montre individuel représente son meilleur résultat de ce Tour de France.
« Je suis contente parce que j'essaie de me spécialiser en vue des Jeux olympiques, a-t-elle précisé à Sportcom. Je n'étais pas stressée et je me sentais correcte durant l'échauffement, puis vraiment bien quand je suis partie. Je voulais bien faire, mais c'est au-delà de mes attentes. »
Son équipe avait mis beaucoup d'efforts sur la préparation de cette épreuve, dans les méthodes d'entraînement comme le peaufinement de l'équipement. Le trajet de 28,8 kilomètres convenait aussi très bien au style de Baril.
« C'était très technique, ce qui m'avantage vu que je roule beaucoup en vélo de contre-la-montre. Une petite bosse pour le fun, c'était bien ! »
Magdeleine Vallières-Mill (EF Education-TIBCO-SVB) a quant à elle pris le 53e rang (+3 minutes 8 secondes) dimanche. Simone Boilard (St Michel – Mavic – Auber93) et Clara Émond (Arkéa) ont fini 57e(+3 minutes 14 secondes) et 89e (+4 minutes 5 secondes), respectivement.
Clara Émond a conclu le Tour de France au 23e rang du classement général, à 25 minutes 5 secondes. Olivia Baril la suit de près au 29e échelon, tandis que Simone Boilard et Magdeleine Vallières-Mill pointent en 34e et 97e places.
« On a bien travaillé en équipe, mais on a eu quelques malchances avec Veronica (Ewers) qui a chuté à la sixième étape », a souligné Vallières-Mill, qui avait alors ralenti pour attendre la coureuse protégée de sa formation. L'Américaine s'est fracturée une clavicule et a dû abandonner par la suite.
« On a perdu notre chance au cumulatif, mais on a continué de se battre. Je suis contente, l'ambiance était superbe ! De voir les partisans et les petites filles nous encourager, c'était vraiment un super beau Tour. »