Dans les Vosges, la bagarre jusqu'au bout au Tour de France 2023
Le parcours du Tour de France 2023 qui sera dévoilé jeudi propose une avant-dernière étape au profil particulièrement alléchant dans les Vosges avec, au programme, pas moins de six cols susceptibles de faire basculer la course.
En 2020, Tadej Pogacar avait renversé le Tour en survolant le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles. Trois ans plus tard, les Vosges pourraient être une nouvelle fois le juge de paix avec une étape potentiellement explosive, à la veille de l'arrivée sur les Champs-Elysées.
Plutôt qu'un chrono traditionnel, le directeur du Tour Christian Prudhomme et son directeur technique des courses Thierry Gouvenou ont opté cette fois pour une étape en ligne qui va écœurer sprinteurs et grosses cuisses. Elle partira au pied du lion de Belfort pour se terminer au Markstein, en empruntant le Ballon d'Alsace, les cols de la Croix des Moinats, de Grosse Pierre, de la Schlucht, du Petit Ballon et du Platzerwasel.
Soit six ascensions répertoriées pour un dénivelé positif de 3.500 mètres sur 133,5 km de course. Un format condensé, ultradynamique et très accidenté.
« Un beau terrain pour une belle bagarre finale, résume Thierry Gouvenou. Je vois les meilleurs du général se battre à fond sur cette étape. On sera sur la fin d'un Tour vraiment montagneux et très difficile, il y aura beaucoup de fatigue et certains coureurs ne seront pas à l'abri d'avoir une belle défaillance. »
« L'enchaînement va faire mal »
« De quoi faire pour une dernière grande bagarre, d'autant que les deux jours qui précèderont, on sera sur des étapes pour sprinteurs » au sortir des Alpes, ajoute Christian Prudhomme.
Dans le détail, l'étape devrait s'animer, après une ascension du Ballon d'Alsace par son versant le moins difficile (11,5 km à 5,3%), dans le col de la Croix des Moinats (5,2 km à 7,1%).
Et surtout le Col de Grosse Pierre où Thierry Gouvenou a dessiné une boucle alternative - la traverse de la Roche - proposant un raidard terrible de 1,2 km à 12,2% de moyenne avec des passages à 18% où le peloton avait explosé en 2014.
L'explication définitive devrait avoir lieu dans les deux dernières ascensions, du Petit Ballon (9,1 km à 8,1% avec un revêtement très rugueux) et du Platzerwasel (7,1 km à 8,4%), un enchaînement emprunté cette année par le Tour de France féminin, avant l'arrivée en plateau au Marktstein.
« C'est l'enchaînement des difficultés qui va faire mal », souligne Gouvenou.
Bientôt un col hors catégorie
Le format d'une course en ligne à la veille de l'arrivée avait déjà été expérimenté à plusieurs reprises, surtout dans les Alpes dernièrement, comme à Val Thorens en 2019, Morzine en 2016 et l'Alpe d'Huez en 2015.
Au programme cette fois, pas de col mythique, mais la volonté, affichée depuis plusieurs années, de mettre en valeur les massifs intermédiaires, Jura, Massif Central et Vosges.
« On veut prouver que ça peut être aussi le théâtre d'une explication finale, explique Gouvenou. Des cols plus courts, mais plus pentus et moins lisses peuvent faire autant de dégâts que les cols alpins. Sur une pente régulière, les coureurs calculent leurs watts, ils ont un rythme régulier et arrivent à lisser leur effort. Sur des pentes comme ça, il peut se passer des choses intéressantes. »
A terme, les Vosges pourraient avoir leur premier col hors catégorie avec la création d'une voie verte menant à la ferme du Haag, porte d'accès au Grand Ballon. Les travaux doivent être menés au printemps prochain pour une inauguration le 25 juin prochain.
Trop tard pour le Tour de France 2023 mais de quoi prendre date pour l'avenir.