Des destinations différentes pour aboutir à Montréal
MONTRÉAL – Après des mandats d'entraîneur à Winnipeg, Regina, Edmonton et Toronto, Dave Jackson s'est retrouvé ... à Wroclaw en Pologne, pour enseigner le football. Corvey Irvin, lui, avait vécu un choc culturel en arrivant à Montréal, en 2014, mais il y a trouvé sa femme et il s'y est établi.
Jackson et Irvin font partie des quelques nouveaux visages au sein du personnel d'entraîneurs des Alouettes de Montréal. Les autres sont Jason Maas, l'entraîneur-chef, Tyrell Sutton, qui supervisera les porteurs de ballon, et Chandler Jones qui épaulera les demis défensifs.
Jackson, qui sera l'entraîneur adjoint pour les unités spéciales, s'amène donc à Montréal après une saison avec les Panthers de Wroclaw (parfois francisée par Vratislavie), l'une des 17 équipes de la Ligue européenne de football (ELF).
« C'est un peu sorti de nulle part comme projet. Puisque ce sport demeure en développement en Europe, les équipes tentent d'établir de nouveaux contacts. Elles parcourent notamment les réseaux sociaux pour trouver des ressources. Les Panthers ont établi un lien avec mon ami, Cory McDiarmid, qui a accepté de s'occuper des unités spéciales. Les dirigeants lui ont demandé s'il avait d'autres entraîneurs à suggérer et il a proposé mon nom », a expliqué Jackson encore fasciné par les circonstances.
En 2022, il a donc participé à la deuxième saison de ce circuit.
« C'était fantastique! L'équipe a bien pris soin de tous les entraîneurs et joueurs. Ils veulent vraiment bien faire les choses et ils bâtissent dans ce sens. C'était génial d'y participer et de voir les choses de leur perspective. C'était un peu comme si je m'impliquais dans le rugby ici », a exposé Jackson ce qui rappelle que la NFL Europe a cessé son existence en 2007.
Évidemment, l'objectif s'avère de rehausser le calibre de jeu qui est plutôt inégal.
« Je décrirais cela comme un niveau semi-pro. Tu as de tout comme des joueurs locaux professionnels, de plus jeunes athlètes qui se familiarisent avec ce nouveau sport, d'autres qui ont déjà joué, mais qui apprennent encore. Cela dit, on avait aussi un demi de coin qui avait été partant et capitaine à l'Université Clemson », a décrit Jackson qui avait vécu trois ans en Europe plus tôt dans sa vie.
Montréal devient sa maison après le choc culturel
Quand il évoluait pour l'Université Georgia et qu'il a été repêché en troisième ronde par les Panthers de la Caroline, en 2009, Corvey Irvin ne s'imaginait jamais que la vie l'amènerait à s'établir à Montréal.
On a retracé cet article de 2015, de l'indispensable collègue Nicolas Landry, qui s'intitulait : La neuvième vie de Corvey Irvin. Originaire d'Augusta, le plaqueur défensif croyait qu'il s'imposerait dans la NFL. Mais les blessures et son rendement l'ont plutôt mené à se faire retrancher par les Panthers, les Lions, les Jaguars, les Buccaneers, les Bears et les Cowboys si bien qu'il a été limité à 24 parties dans la NFL.
Corvey IrvinC'est finalement à Montréal où il a pu redonner un second souffle à sa carrière.
« La sensation de revenir dans l'organisation est merveilleuse. La communauté et la ville m'ont bien accueilli, j'ai adoré mon passage comme joueur », a commenté Irvin, un sympathique gaillard au grand sourire.
Cela dit, s'il avait écouté ses craintes initiales, il serait retourné se réfugier à la maison. Mais il ressentait ce défi de prouver qu'il pouvait réussir en sol canadien.
« Oh oui, c'était un grand choc d'arriver à Montréal au départ. D'abord, je suis arrivé en octobre et il faisait déjà froid. Le français représentait aussi une barrière linguistique, mais je respectais cette différence. C'était la première fois que je prenais le métro et tout, disons que ça tournait vite dans ma tête.
« Je viens d'un milieu bien différent et m'intégrer dans une grande ville comme Montréal, c'était comme un choc culturel », s'est-il souvenu.
En plus de la confiance obtenue par les entraîneurs, Irvin explique qu'un autre facteur, plutôt déterminant, l'a aidé à s'adapter.
« J'ai eu besoin de temps au début, mais j'ai rencontré ma femme, qui est bilingue, et on a eu nos enfants ici », a confié celui qui guidera le front défensif des Oiseaux.
Car au lieu de quitter le Canada après sa carrière de joueur, Irvin s'est laissé tenter par une proposition d'Ed Philion, un ancien des Alouettes.
« Il dirigeait les Stingers de Concordia et je suis allé l'aider pendant trois saisons. Cette expérience de coaching à Montréal m'a permis de mieux connaître le Québec, la réalité du CÉGEP, les différentes villes dans les environs », a décrit Irvin.
Un infarctus subi par son père l'a incité à retourner en Georgie quelques mois, mais l'offre de Noel Thorpe, le coordonnateur défensif, l'a convaincu de se poser de nouveau dans le nid des Alouettes.
« C'était une surprise ! Mais quand il m'a contacté, je l'ai su tout de suite et j'ai senti que c'était le bon moment. Mes enfants vont à l'école au Québec et Montréal est comme ma deuxième maison, c'est naturel pour moi de vivre ici », a expliqué le papa d'enfants de 6 ans, 5 ans et 7 mois.
Pour Thorpe, ce plan germait dans sa tête depuis un certain temps.
« Ça m'enchante parce qu'il a joué dans notre système et je voulais l'attirer quand l'occasion se présenterait. C'est le cas présentement et il était disponible. Je connais son caractère, sa grande éthique de travail et ses notions de football. Il cadrera très bien dans notre groupe », a-t-il commenté.
À 37 ans seulement, Irvin sera tout sauf un entraîneur distant.
« Je suis très énergique et passionné. Je suis un enseignant dans l'âme et je vais même montrer les exercices quand il le faudra. Si un gars ne comprend pas un concept, je serai encore capable de lui montrer concrètement », a-t-il noté en mimant des techniques avec ses géantes mains.
Irvin n'a peut-être pas connu la carrière dont il rêvait pendant sa jeunesse, mais il a réussi à œuvrer dans la NFL et la LCF. Son but consiste désormais à refiler tous ses trucs à ses nouveaux protégés.
« Je souhaite ajouter plus d'outils dans leur arsenal afin qu'ils puissent plus jouer de manière plus rapide sur le terrain et y connaître du succès pendant plusieurs années », a conclu Irvin.