MONTRÉAL – S’il est vrai que la parole est d’argent, mais que le silence est d’or, les Alouettes ont peut-être déjà réservé leur place sur la deuxième marche du podium au terme de la dernière manche de la bataille visant à déterminer l’équipe qui représentera la section Est à la 102e finale de la Coupe Grey.

À Montréal, l’optimisme déborde des limites du vestiaire depuis la dégelée infligée aux Lions de la Colombie-Britannique en demi-finale de l’Est. Le receveur de passes Duron Carter a clairement fait savoir qu’il ne portait pas les Tiger-Cats dans son cœur. Le secondeur Bear Woods n’a pas hésité à garantir la victoire des siens en fin de semaine.

Pendant ce temps, à Hamilton, c’est l’abstinence totale. Pas un mot plus haut que l’autre, rien pour entretenir le brasier. Les favoris semblent réserver leur réplique pour le terrain.

« Merci de me mettre au courant. Je n’accorde pas beaucoup d’importance à ce genre de choses », s’est d’abord contenté de répondre Tom Higgins, meilleur entraîneur que comédien, après l'entraînement des siens vendredi.

Higgins a ensuite affirmé que la confiance bruyante de ses troupiers ne le dérangeait pas, en admettant toutefois sans gêne qu’elle faisait contraste avec ses propres techniques de motivation.

« Il y a très longtemps, Hugh Campbell m’a dit qu’une équipe composée uniquement de gars comme Tom Higgins serait très ennuyante », s’est mis à raconter, en riant, l’entraîneur des Alouettes en citant son ancien patron chez les Eskimos d’Edmonton.

« Parfois, toutes ces railleries inoffensives ne sont, très exactement, que des railleries inoffensives. Bien souvent, les joueurs semblent les apprécier bien plus que les entraîneurs. Ce dont il faut surtout se rappeler, c’est que ces belles paroles ne bloquent pas et ne plaquent pas. Au bout du compte, il faudra quand même sauter sur le terrain et faire le travail. »

Puis, ce résumé parfaitement concis : « Quand les joueurs disent quelque chose, ils doivent ensuite jouer en conséquence ».

« Ce n’est pas du thrash talk! », se défendait, souriant, le secondeur Marc-Olivier Brouillette vendredi. « Les gens nous demandent si on pense qu’on va gagner... Si tu fais partie de mon équipe, j’espère que ta réponse c’est ‘oui’, sinon on ne te veut pas dans notre vestiaire. On le sait qu’on va gagner et si tu n’as pas cet état d’esprit, tu ne travailles pas dans le bon domaine. »

Higgins dit ne pas trop se soucier de la réaction que pourraient provoquer les prédictions de ses ouailles dans le clan adverse. Son plus grand défi, avance-t-il, est de s’assurer que l’enthousiasme de ses protégés ne s’effrite à mesure qu’arrive le temps de passer de la parole aux actes.   

« On ne joue pas avant dimanche après-midi, à 13 h. C’est à ce moment qu’il faudra s’assurer d’être à notre mieux. »