Marc Trestman a peut-être quitté pour la NFL il y a près de 10 mois déjà, les Alouettes ne s’en sont jamais véritablement remis.

Si bien qui l’équipe vidait son vestiaire du Stade olympique lundi, moins de 24 heures après avoir été éliminés en demi-finale de l’Est face aux Tiger-Cats de Hamilton. Là est la conclusion d’une saison extrêmement compliquée.

Tout a commencé par le départ tardif de Trestman, qui dirige désormais les Bears de Chicago. Loin de moi l’intention de le blâmer pour la saison en dents de scie des Montréalais, au contraire, mais son départ en janvier a eu pour effet de retarder le processus d’embauche de son successeur.

Le directeur général s’est donc retrouvé avec les restes et il n’a pu remettre les rênes de son équipe au meilleur candidat disponible.

Je ne sais pas ce que Dan Hawkins a pu bien dire lors de son entrevue, mais lorsqu’il a fait son arrivée à Montréal, il n’était pas prêt. N’en faisant qu’à sa tête et refusant de s’adapter aux rigueurs du football canadien, Hawkins a couru à sa perte et il a entraîné son équipe avec lui.

L’incapacité de Hawkins à diriger des professionnels était évidente, et ce dès les premières séances d’entraînement de l’équipe tenues au cours de la saison morte. Sous ses ordres, les Alouettes ont perdu énormément de temps et ils n’ont jamais été en mesure de combler ce retard. Plus l’équipe travaillait pour rattraper le temps perdu, plus elle s’embourbait.

L’attaque a donc connu sa part de difficulté. Affligée par les blessures de cinq partants, elle a changé de système à plusieurs reprises sous les ordres d’Hawkins, Mike Miller puis Doug Berry. Le livre de jeux de ce dernier était peut-être plus adapté à la LCF, mais il manquait de créativité. Rien à voir avec ce que proposent les George Cortez (Roughriders) et Jacques Chapdelaine (Lions), qui savent mêler les défenses adverses.

Pas étonnant donc que les Alouettes ne soient pas parvenus à fermer les livres en plusieurs occasions alors qu’ils avaient pourtant projeté l’adversaire dans les câbles. N’eût été ce manque d’opportunisme, les Alouettes auraient peut-être été en mesure de bâtir leur confiance et disputer un match éliminatoire à domicile. Chaque fois qu’on croyait l’équipe sur une erre d’aller, elle s’effondrait rapidement.

Soyez toutefois rassurés, Popp ne commettra pas la même erreur deux fois. À l’occasion du bilan de l’équipe lundi, le directeur général et entraîneur-chef a indiqué que s’il ne reprend pas les commandes de l’équipe l’an prochain, il n’embauchera pas un entraîneur-chef sans expérience chez les professionnels.

Ce que Popp n’aimait pas du travail d’Hawkins, c’était justement son approche avec les joueurs et la façon dont il traitait les professionnels.

Noel ThorpeDes candidats de choix

Pour l’instant, Popp n’a pas écarté la possibilité d’occuper la double fonction d’entraîneur-chef et de directeur général l’an prochain. Malgré tout le respect que je voue à Popp, il ne s’agirait pas d’une sage décision à mon humble avis.

Popp demeure un brillant directeur général, mais pas un excellent entraîneur-chef.  Un bon entraîneur-chef se doit de bien connaître les subtilités du jeu, des stratégies et des tactiques afin de mettre au défi ses coordonnateurs. C’est de cette façon qu’on peaufine son produit.

Parfois, quand un coordonnateur offensif ou défensif a  le nez dans ses stratégies trop longtemps, il arrive qu’il ne perçoive plus les failles dans son système. C’est justement le rôle de l’entraîneur-chef de le remettre en question. C’est en plein ce que faisait Trestman avec son unité défensive en questionnant les décisions de son coordonnateur.

Or, cette saison, la solution de Jim Popp c’était plutôt de changer des joueurs car c’est justement ce qu’il fait à titre de directeur général.

Dépendamment de la décision du propriétaire de l’équipe, Robert Wetenhall, Popp risque donc de se lancer à la recherche d’un nouvel entraîneur-chef. Bien qu’il ait affirmé en point de presse que l’inexpérience dans la LCF pourrait ne pas empêcher un candidat d’obtenir le poste, il serait sage de jeter un œil à travers le circuit pour trouver l’homme de la situation.

Je pense entre autres au coordonnateur défensif des Alouettes, Noel Thorpe (photo), qui mérite une entrevue, mais aussi à Chris Jones (coordonnateur défensif à Toronto), Dave Dickenson (coordonnateur offensif à Calgary) ou Chapdelaine.

Il y a donc plein de bons candidats à même la LCF, mais cela ne doit pas empêcher Popp de jeter aussi un œil aux États-Unis. L’important c’est que le futur entraîneur-chef connaisse bien son football, mais aussi qu’il soit en mesure de s’entourer d’un bon groupe d’entraîneurs. Au football, tout n’est pas l’affaire d’un seul homme. Il est essentiel que les 10 hommes en place travaillent bien ensemble et qu’ils soient compétents.

Popp se devra cependant d’agir rapidement. Avec le Rouge et Noir, les Eskimos et possiblement les Blue Bombers, quatre équipes du circuit pourraient fort bien être à la recherche d’un nouvel entraîneur-chef simultanément. La compétition sera sans doute féroce.

Chip CoxPas que du négatif

Aussi décevante soit-elle, la dernière saison des Alouettes a néanmoins mis en lumière quelques points positifs.

D’abord, il est important d’établir que l’unité défensive montréalaise a sans contredit été la meilleure de la LCF cette année. Mais aussi extraordinaire soit-elle, elle ne pouvait toutefois pas remporter chacun des matchs à elle seule.

Sous les ordres de Thorpe, cette unité a affiché beaucoup de constance tout au long de la saison. Tout le contraire de l’attaque.

Le système mis en place par Thorpe a été respecté du début à la fin, des premiers entraînements tenus durant la saison morte jusqu’à la défaite face aux Tiger-Cats dimanche.

Composé d’une bonne tertiaire, d’excellents secondeurs, d’un front défensif capable d’appliquer de la pression et d’un coordonnateur qui connaît du succès malgré son goût du risque, ce groupe ne pouvait mener l’équipe jusqu’au match de la Coupe Grey. Il y a des limites...

On l’a constaté une fois de plus en fin de semaine, alors qu’elle a accordé seulement 13 points avant la prolongation. C’est difficile de demander à une défense de menotter ainsi une attaque comme celle des Tiger-Cats. N’empêche, les Alouettes se retrouvent en vacances.

Parlant de vacances, elles risquent fort bien de se transformer en retraite pour Anthony Calvillo.

Depuis la mi-saison, on soupçonne que le vénérable quart-arrière ne sera pas de retour l’an prochain et on a obtenu un indice de plus en ce sens lundi lorsqu’il a indiqué qu’à l’heure actuelle, il penche davantage pour la retraite.

Toujours incommodé par des symptômes post-commotion, Calvillo n’a pas voulu faire de la journée de lundi, consacrée au bilan de l’équipe, SA journée.

Mais avec le souci particulier qu’il voue à sa santé et son alimentation depuis cinq ans environ, et ce pas seulement pour être un meilleur joueur, il serait à mon avis illogique qu’il pose à nouveau les pieds sur un terrain la saison prochaine.

C’est pourquoi je m’attends à ce qu’on ait des nouvelles de lui avant longtemps. Ne soyez pas surpris qu’il annonce sa retraite avant le mois décembre. Ce sera alors sa journée à lui. Il le mérite amplement et on ne se souviendra pas d’Anthony Calvillo pour la saison difficile qu’il vient de connaître, mais bien pour les 20 précédentes.

Troy SmithLe digne successeur?

Qui dit retraite de Calvillo dit évidemment relève. L’équipe a-t-elle finalement trouvé celui qu’elle cherche depuis bien longtemps déjà en la personne de Troy Smith? Difficile à dire.

Seul le temps le dira. Il n’est vraiment pas facile de juger le potentiel d’un quart-arrière sur quatre départs. Rappelons-nous cependant que Calvillo a connu un lent départ avant de devenir le quart-arrière émérite que l’on connaît.

Smith a tout le potentiel pour prendre lui succéder. C’est clair. Il a tous les intangibles en sa faveur, c’est-à-dire le leadership, le calme, un bon bras, la mobilité et une bonne présence dans la pochette. Sa précision fait peut-être défaut, mais il a les atouts pour revenir l’an prochain à titre de quart numéro un.

Tanner Marsh et Josh Neiswander, entre autres, lui feront toutefois encore la lutte. Il faut de la compétition pour identifier celui qui portera l’équipe sur ses épaules au fil des prochaines saisons.

Smith n’est qu’une des pièces de la fondation solide sur laquelle reposent les Alouettes malgré leurs insuccès cette saison.

Un excellent groupe de joueurs sera donc de retour l’an prochain. Reste à voir qui dirigera tout ce beau monde. Car on l’a vu cette année, un mauvais choix peut tout chambouler...

*Propos recueillis par Mikaël Filion