Les quatre derniers matchs éliminatoires dans la NFL nous ont permis de voir pourquoi certaines équipes ont mérité un laissez-passer au premier tour. Chacune des formations qui l’ont emporté a su tirer son épingle du jeu à sa façon.

Mahomes passe le test

On ne peut dire autrement qu’il s’agissait d’une entrée en matière réussie pour le quart Patrick Mahomes.

La semaine auparavant, on avait vu Deshaun Watson, Mitchell Trubisky et Lamar Jackson connaître des ennuis à leur premier départ en éliminatoires. Ils étaient peut-être été impressionnés quelque peu par l’ampleur du moment, mais on n’a rien ressenti de tel chez le quart des Chiefs de Kansas City.

C’est évident que Mahomes dispose de meilleurs outils avec son attaque que les quarts dont je viens d’en faire l’énumération, mais malgré sa saison phénoménale de 5000 verges et 50 passes de touché, j’avais hâte de voir comment il allait se comporter lorsque ça compte réellement, c’est-à-dire en éliminatoires.

Pour l’occasion, les Chiefs affrontaient une équipe dont l’aura ne semblait que briller davantage au cours des dernières semaines avec les Colts d’Indianapolis. Toutefois, Mahomes et son groupe ont clairement eu le dessus sur Andrew Luck et sa bande. Il a encore une fois été en mesure d’improviser lorsque la situation l’exigeait et on l’a vu compléter des passes que peu de quarts pourraient tout simplement lancer avec précision.

Nous avons eu droit au même Patrick Mahomes qu’en saison régulière et il a été appuyé par son jeu au sol alors que Damien Williams a connu un fort match. On a d’ailleurs constaté dans les autres confrontations de la fin de semaine que les équipes profitant d’une attaque bien équilibrée ont connu passablement de succès.

Alors qu’elle a été questionnée tout au long de la saison, l’unité défensive des Chiefs s’est également illustrée au cours de cette rencontre devant les Colts. Elle a progressé tout au cours de la saison et avec une telle prestation, elle joue suffisamment bien pour permettre aux Chiefs d’espérer l’emporter à chacun des matchs en raison de leur force de frappe à l’attaque. Certains joueurs sortis de nulle part ont leur mot à dire dans les succès défensifs, dont Jordan Lucas et Charvarius Ward.

Les Chiefs ont une formule qui fonctionne et c’est définitivement la meilleure équipe qui l’a emporté dans ce duel samedi. Ce sera une mission très difficile pour les Patriots de vaincre cette équipe au Arrowhead Stadium la semaine prochaine.

Le génie de Sean McVay

Mon point est très simple lorsque vient le temps de revenir sur la confrontation entre les Cowboys de Dallas et les Rams de Los Angeles : le génie de Sean McVay.

On entendait à la blague au cours des dernières semaines dans la NFL que si un entraîneur connaissait ou avait déjà rencontré McVay, il allait avoir une chance d’obtenir l’un des postes vacants au terme de la saison.

Toutes les équipes sont à la recherche du prochain Sean McVay. Il est un jeune entraîneur dynamique qui a su insuffler à son équipe un sentiment d’invincibilité, est capable de bien communiquer avec un jeune quart et à le faire progresser. L’entraîneur-chef de 32 ans est bien plus que ça. C’est aussi sa capacité de comprendre les stratégies des équipes adverses tant sur le plan offensif que défensif afin d’optimiser son plan de match.

À titre d’exemple, tout au long de la saison, on a vu les Rams se tourner bien évidemment vers Todd Gurley, mais également sur ce qu’on appelle le West Coast Offense. Ce style de jeu met de l’avant beaucoup de mouvement avant que le ballon ne soit levé, pour tenter de mélanger les défenses adverses et lorsque le jeu commence, le quart sait exactement vers qui se tourner et peu décocher sa passe rapidement.  

Dans le match contre les Cowboys, McVay a trouvé un tout autre filon à exploiter et il s’en est donné à cœur joie. L’entraîneur-chef s’est tourné à répétition vers son jeu au sol alors que Gurley et C.J. Anderson ont chacun amassé plus de 100 verges au sol. Ils ont réalisé le tout contre l’unité défensive qui avait muselé la meilleure attaque au sol la semaine auparavant, soit celle des Seahawks.

Les Rams ont accumulé des verges de toutes les façons possibles par la voie terrestre alors que les courses étaient effectuées tant à l’intérieur des bloqueurs qu’à l’extérieur. Un bon entraîneur ne reste pas figé dans ce qu’il fait d’une semaine à l’autre. On voit les Patriots suivre cette voie depuis plusieurs années alors qu’une semaine ils passent à outrance et la suivante c’est le jeu au sol qui dicte l’allure d’un match. Les Rams ont appliqué cette recette contre les Cowboys et ils ont eu un effet d’un rouleau compresseur sur la formation texane afin de l’emporter sans trop de difficulté.

Une autre leçon des Pats

Force est d’admettre que nous sommes plusieurs à être tombés dans le panneau alors qu’on identifiait les Chargers de Los Angeles comme les guerriers de la route, comme une équipe qui avait véritablement le potentiel d’ennuyer et peut-être de vaincre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

On entendait que les Pats ne jouaient pas au même niveau que par les années précédentes alors que les Chargers venaient de vaincre les Ravens de Baltimore sur la route une fois de plus. On croyait même que ce pouvait être l’année de Philip Rivers, mais les Patriots ont encore une fois fait mentir leurs détracteurs en janvier.

Les Patriots ne laissent personne indifférent et ils sont plusieurs à souhaiter que le géant tombe de son piédestal, mais ce dernier a montré qu’il était bien en place.

On a eu droit à un avant-goût de l’éventuelle domination dès la première séquence du match. Les Patriots ont aligné 14 jeux pour 75 verges en plus de sept minutes et Tom Brady et son attaque ont littéralement taillé en pièces l’unité défensive de la formation de L.A.

J’ai illustré le point avec Sean McVay, mais que dire du travail de Josh McDaniels, Bill Belichick et Tom Brady qui n’attendent pas la demie pour apporter des ajustements, ils modifient leur approche pour chacune des séquences. La première du match a été celle de James White avec des petites passes, la deuxième c’était celle de Julian Edelman et on a vu par la suite Sony Michel se mettre en marche. Les Patriots étaient constamment un pas en avant sur leurs rivaux.

Les Chargers semblaient fatigués pour cette rencontre, mais l’approche et la domination des Patriots n’auront fait qu’accentuer ce sentiment chez Rivers et sa bande.

Brady rejoint encore une fois la finale d’Association, et ce, pour la huitième fois de suite. Il s’agit d’une 13e pour le duo formé de Brady et Belichick. C’est un exploit qu’on tient pour acquis pour les Pats et même si quelqu’un n’apprécie pas cette équipe, on ne peut en ce moment que relever leur brio dans une ère de plafond salarial. Je pense, à mon humble avis, que c’est la plus grande domination d’une équipe sur le plan sportif dans sa ligue que j’ai jamais vu et qui n’a jamais eu lieu.

L’audace des Saints a rapporté

On voit une tendance au cours des dernières années dans la NFL avec des entraîneurs qui osent davantage.

Ils souhaitent être bons défensivement, mais pas uniquement lorsque l’unité défensive est sur le terrain, ce qui veut dire que l’attaque a pour mandat de conserver sur le banc celle de l’équipe adverse. C’est pourquoi on voit de plus en plus des feintes et des formations tenter leurs chances sur des quatrièmes essais.

On en a eu la preuve dans le match entre les Eagles de Philadelphie et les Saints de La Nouvelle-Orléans. Rien n’allait pour ces derniers en début de rencontre. Après un revirement important, l’attaque ne paraissait pas en mesure de capitaliser alors qu’elle se retrouvait immédiatement confrontée à un quatrième essai et deux verges à franchir. Sean Payton a alors décidé d’y aller d’extrême audace en demandant à Taysom Hill d’y aller avec une course même si l’équipe se retrouvait dans son territoire pour effectuer le botté de dégagement. Les Eagles avaient d’ailleurs gardé leur unité défensive sur le terrain et dans pareille situation, il est rare que l’autre équipe tente tout de même le jeu truqué. Les Eagles avaient les éléments en place pour éviter de se faire avoir sur un jeu truqué et malgré tout, les Saints ont décidé de maintenir le cap et Hill a été cherché le premier jeu.

L’attaque de La Nouvelle-Orléans s’est de nouveau fait arrêter à la porte des buts et encore une fois, l’entraîneur-chef a décidé d’y aller sur un quatrième essai. Avant le jeu, je croyais que ce n’était pas la bonne stratégie, car avec un retard de 14-0, les Saints devaient inscrire au moins des points sur une telle séquence. Ils ont encore joué d’audace avec une passe à un receveur qui a réalisé 13 attrapés au cours de la saison en Keith Kirkwood et il a enregistré le touché.

Je lève donc mon chapeau à Sean Payton et autant parfois les stratégies rapportent comme dans le cas des Pats et des Rams, autant parfois il faut se fier à son instinct et avoir les tripes de tenter des jeux du genre et c’est ce que le pilote des Saints a fait et il s’est maintenant rapproché un peu plus du Super Bowl.

Un camp d'évaluation qui fait jaser

Je veux aborder dans mon dernier point le camp d’évaluation de la LCF qui s’est tenu au Mexique lors de la dernière semaine et qui a reçu son lot de critiques. Il y a beaucoup d’argent de dépensé dans cette approche, alors que les équipes se déplacent pour évaluer les joueurs.

Ce camp d’évaluation survient alors que la convention collective n’est toujours pas négociée et que plusieurs joueurs se retrouveront sans contrat en février prochain. Plusieurs ont souligné que ce camp pouvait être une perte de temps, même si l’idée derrière est de promouvoir la LCF à l’extérieur du pays, car le talent ne serait pas si présent. Ce qu’on apprend des médias sur place, il y aurait une dizaine de joueurs qui pourraient être amenés dans un camp d’entraînement d’une équipe ce qui ferait beaucoup d’argent dépensé pour des joueurs qui se retrouveront potentiellement au camp.

Il ne faut pas oublier le portrait d’ensemble de la situation. C’est vrai que ce n’est pas là que le plus grand talent sera déniché, mais le marché canadien est présentement saturé et la Ligue cherche à faire connaître sa marque. Une façon d’y arriver, c’est avec des partenaires commerciaux qu’on a déjà comme le Mexique. On parle même d’effectuer un camp d’évaluation en Allemagne.

Il est vrai qu’il n’y aura peut-être pas beaucoup de joueurs qui vont évoluer dans la LCF à l’issue de ce camp d’évaluation, mais l’idée est d’amener la LCF au Mexique pour l’instant. Si elle décroche un contrat de télévision de quelques millions dollars, ce sera déjà ça de gagner. Éventuellement, peut-être que le lien se fera mieux pour le développement du talent, mais ce n’est pas un projet d’une année, c’est sur le long terme.

J’aime la vision du commissaire Ambrosie. Je comprends les critiques actuelles, mais je pense qu’il faut regarder le portrait d’ensemble et c’est tout à l’avantage de la Ligue de développer de telles relations.

On a d’ailleurs appris un renouvellement de l’entente avec ESPN pour la diffusion d’une cinquantaine de matchs par année. Il faut donc poursuivre dans cette voie afin que la LCF continue de grandir. J’ai de la difficulté à critiquer pour ma part le commissaire avec cette manière de pensée.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant