Passer au contenu principal

RÉSULTATS

NFL : le spectre de Watson hante les triomphes des Browns

P.J. Walker et Deshaun Watson P.J. Walker et Deshaun Watson - Getty
Publié
Mise à jour

Dimanche, sous la pluie soufflée par les vents des Grands Lacs, les Browns de Cleveland ont freiné les puissants 49ers de San Francisco, à la surprise de plusieurs.

C'était, pour Brock Purdy et l'équipe californienne, une première défaite cette saison. Pour les Browns, toujours privés des services de Deshaun Watson, c'était la culmination d'une reconstruction lente et périlleuse au fil des dernières campagnes alors que la défensive, pièce par pièce, s'est forgée une féroce identité dans la très coriace division nord de l'Américaine.

Mais cette maturité défensive, historique dans son rendement au cours des six premières semaines d'activités, sera-t-elle ombragée par la pauvre décision exécutive d'offrir un pont d'or au problématique Watson ?

La réponse se trouve peut-être dans son absence inexpliquée lors du match contre les 49ers.

Blessure ou regrets ?

Ennuyé par une blessure à l'épaule, Watson a raté un deuxième match consécutif dimanche même si, avant la semaine de vacances des Browns, les médecins de l'équipe pensaient lui donner le feu vert pour un retour sur le terrain.

Le quart étoile, avec son monstrueux contrat garanti de 230 M$ en poches, est donc absent depuis la troisième semaine de la saison, laissant les commandes à la recrue PJ Walker.

Permettez-moi une parenthèse sur son contrat avant de poursuivre, sans toutefois revenir sur les circonstances entourant sa signature. C'est plutôt une clause moins connue que je voudrais relever, comme le soulignait Mike Florio de Pro Football Talk.

Le contrat de Watson possède une clause échappatoire pour les Browns si, et seulement si, Watson reçoit une suspension de deux matchs ou plus de la part de la NFL. Pourquoi deux matchs ? Parce que la ligue peut suspendre un joueur pour une rencontre lors d'infractions lors d'un match, comme une rudesse excessive par exemple. Dans les négociations, Watson et son équipe n'auraient jamais accepté une telle clause. Mais deux matchs, ça place la ligne de l'offense à un niveau plus élevé, offrant ainsi aux Browns une sorte de levier si jamais Watson se retrouve une fois de plus dans l'eau chaude.

Parenthèse faite, est-ce que les Browns auront « la chance » de se sortir de ce contrat ? Seulement si Watson se tire lui-même dans le pied et, soyons honnêtes, il a passé proche déjà cette saison alors qu'il a poussé un arbitre lors d'un match, sans toutefois recevoir de sanctions.

Cela étant dit, les Browns se retrouvent avec une fiche de trois victoires et deux défaites malgré l'absence de Watson et ses performances très modestes lorsqu'il joue. L'équipe est aussi privée des services du porteur étoile Nick Chubb. Dans le fond, les félicitations reviennent à la défensive pour ce premier tiers de saison.

Une défensive mordante

Après la victoire contre les 49ers, les Browns ont accordé seulement 1002 verges aux équipes adverses depuis le début de la saison.

C'est, pour une séquence de cinq matchs, le troisième plus bas total dans la NFL depuis 1970. Seulement les Colts de 1971 (836 verges) et les Vikings de 1970 (945 verges) ont fait mieux et les attaques, à l'époque, étaient pas mal moins sophistiquées que celles d'aujourd'hui.

Sans Watson, les Browns étaient négligés par près de dix points par les maisons de paris avant la visite des Niners. C'est, sur papier, une des victoires les plus surprenantes de l'histoire de l'organisation. Selon Jason Lloyd, de The Athletic, les Browns ont une fiche de 5 victoires et 70 défaites quand les lignes de paris sont défavorables par neuf points ou plus.

La victoire de dimanche, c'est la première du genre depuis 2010 et c'est aussi la première fois que les Browns se dressent devant leurs partisans avec un aussi gros écart de points avant le premier sifflet.

Là où la défensive montre toute son excellence, c'est quand on compare ses performances à celles de l'unité offensive.

Cleveland a une fiche de 3-2 malgré un ratio de -8 au niveau des revirements.

Plus précisément lors des victoires de l'équipe, la défensive a levé son jeu d'un cran puisque l'unité offensive donnait le ballon à l'équipe adverse plus souvent qu'à son tour. En trois victoires, on compte 5 revirements pour l'attaque, contre un seul récupéré par la défensive. Les deux défaites montrent un ratio de 7 contre 3.

Autrement dit, l'attaque des Browns ne fonctionne pas vraiment avec les blessures et les stratégies des entraîneurs. Mais la défensive, menée par Myles Garrett et ses 5,5 sacs du quart en cinq matchs, dicte le rythme des matchs.

La rançon de la gloire

On peut donc lancer la question sans broncher : est-ce que les Browns auraient mieux fait de passer leur tour avec Deshaun Watson ?

Baker Mayfield, avec les Bucs, connait une saison intéressante. Même sans lui, les Browns auraient sans doute pu se tourner vers un vétéran pour offrir une présence stable derrière le centre et laisser la vedette à Nick Chubb et à la défensive.

L'organisation croyait, à tort, que l'acquisition d'un quart de concession changerait le visage de l'organisation et la réputation « d'équipe perdante » qui colle à la peau des Browns depuis leur retour en 1999.

Ce que les dirigeants à Cleveland n'avaient pas prévu, dans leur clairvoyance, c'est que l'équipe était déjà sur la bonne route pour s'inviter en rondes éliminatoires avec le vent dans le dos, pour une fois. Mais en voulant offrir une révolution à leurs partisans en ouvrant les portes du temple à Deshaun Watson, avec tout le baggage qu'il transporte, l'organisation des Browns s'est plutôt assurée de condamner l'équipe à vivre dans l'ombre de ses erreurs même après de grands triomphes.

Battre les 49ers à la maison malgré toutes les blessures, ce n'est que le début d'une longue liste de « oui, mais » qui suivra l'équipe lors des saisons à venir. Parce que Watson reviendra au jeu éventuellement et la défensive, cette saison, sauvera la mise plus souvent qu'à son tour.

Si Watson et les Browns se rendent en éliminatoires, l'équipe ne pourra pas dire que la signature valait le coût puisque les performances de la défensive nous montrent que Watson est pas mal facultatif dans cette équation.

Soyons honnêtes, ce n'est pas le genre de choses qu'on veut voir quand on signe un joueur pour plus de 200 millions de dollars.

Les Browns sont, encore et toujours, les Browns après tout.