QUÉBEC – Après Laurent Duvernay-Tardif et David Onyemata, Antony Auclair pourrait devenir le prochain joueur issu du circuit universitaire canadien de football à trouver preneur au repêchage de la NFL.

Advenant que ce soit le cas, trois étudiants-athlètes de U Sports – anciennement nommé Sport interuniversitaire canadien (SIC) – auront été sélectionnés au cours des quatre derniers encans amateurs du circuit Goodell.

Si aucune équipe de la NFL ne jette son dévolu sur Auclair, qui a joué avec le Rouge et Or de l’Université Laval, l’ailier rapproché québécois obtiendra un contrat en tant que joueur autonome non repêché.

Plus que jamais, on sent que les équipes de la NFL observent les talents canadiens et sont prêtes à investir temps et argent sur les produits d’ici. Une grande partie de ce changement de mentalité s’est orchestré avec les succès de Laurent Duvernay-Tardif.

« On sent l’effet Laurent Duvernay-Tardif depuis qu’il a été repêché, a indiqué l’agent de ce dernier et d’Auclair, Sasha Ghavami. Les équipes ont vu avec Laurent qu’un joueur qui n’était pas très technique, mais très athlétique à l’époque où il a été repêché, s’est développé en un des meilleurs gardes de la NFL. »

« Antony est l’un des meilleurs ailiers rapprochés du repêchage parce qu’il est très solide techniquement alors les équipes se disent pourquoi pas! », a ajouté celui qui a remarqué que les organisations de la NFL tiennent en plus haute estime le football québécois et canadien.

Auclair est bien conscient que son parcours pourrait augmenter les opportunités des prochains joueurs québécois et canadiens qui rêvent à la NFL.

« Laurent l’a fait en ouvrant la porte à plusieurs joueurs. Il nous a mis un peu sur la mappe. Ce serait bien que je le fasse à mon tour », souhaite le Beauceron de 23 ans qui a fait bonne figure à son Pro Day qui avait lieu à Québec, lundi.

Signe de ce changement, un haut gradé de l’organisation des Packers de Green Bay, Alonzo Highsmith, a fait un discours pour le moins inspirant devant une vingtaine de joueurs du Rouge et Or après son entrevue avec Antony Auclair à son Pro Day.

« Vous avez de très bonnes installations et vous êtes bien dirigés. Si vous êtes bons, on va vous trouver », a-t-il déclaré aux coéquipiers d’Auclair.

Highsmith a d’ailleurs déjà joué au football au Québec alors qu’il a grandi dans l’Ouest-de-l’Île de Montréal puisque son père, Walter Highsmith, a porté les couleurs des Alouettes de Montréal. Durant sa jeunesse, il a revêtu l’uniforme du club de football Alexander Park à Pierrefonds.

Beaucoup de potentiel

Le quart-arrière Tanner Marsh, qui a été un pivot des Alouettes de 2013 à 2015, est d’avis que plus de Canadiens vont faire le saut dans la NFL dans le futur. Celui qui a organisé des cliniques avec de jeunes quarts-arrières québécois a remarqué que les footballeurs du Québec avaient énormément de potentiel.

Antony Auclair et Tanner Marsh« Il y a tellement de potentiel au Québec, mais il est parfois un peu gâché. Est-ce parce que ces joueurs n’ont pas la chance d’être vus en action, qu’ils ne sont pas dirigés de la bonne manière ou qu’ils jouent au hockey trop tôt, je ne le sais pas. Mais je suis certain qu’on va voir beaucoup d’autres joueurs se faire remarquer [après Antony Auclair] », est convaincu Marsh, qui a lancé des passes à Auclair durant son Pro Day tenu devant 17 équipes de la NFL.

Cette observation a aussi été faite par un dépisteur des Rams de Los Angeles comptant beaucoup d’expérience dans le milieu du football, Steve Kazor.

« On sait qu’il y a de bons joueurs au Canada et ils s’améliorent d’année en année [...] L’équipe m’a demandé d’observer tous les joueurs canadiens au cours des quatre ou cinq dernières années. Je suis allé en voir une trentaine juste sur les recommandations d’entraîneurs. L’amélioration du niveau de jeu des joueurs canadiens est excitante », a affirmé celui qui a déjà été l’entraîneur de la ligne offensive de l’ancienne formation d’Ottawa dans la LCF, les Renegades.

Le travail des équipes de la NFL se fait aussi en amont maintenant. Avec les réussites de Duvernay-Tardif et d’Onyemata, un choix de 4e tour des Saints de La Nouvelle-Orléans en 2016, les dépisteurs de la plus prestigieuse ligue de football au monde ont soif de connaître les prochains talents du pays.

« Les équipes regardent plus au Canada maintenant. Je suis content parce que des dépisteurs sont venus m’approcher et, humblement parlant, ils savent que je me suis fait une petite niche au Québec avec cela. Ils veulent me contacter pour voir si des joueurs sortent l’année prochaine », a mentionné Ghavami, qui est aussi l’agent du Québécois Elie Bouka, qui est sous contrat avec les Cardinals de l’Arizona.

« On devient aussi une source d’information pour eux. On n’est pas passif, mais actif. On les incite à regarder au nord de la frontière au lieu d’attendre qu’ils regardent et qu’on les approche par la suite. Je remarque un changement de perception par rapport au recrutement de la NFL au Canada », a-t-il enchaîné.

Si la tendance se maintient, le nombre d’étudiants-athlètes issus du circuit universitaire canadien pourrait donc augmenter dans la NFL. Qui sait, peut-être que le prochain Pro Day tenu au Québec comptera plus d’un joueur en audition.