LAKE FORREST, Illinois - Si la scène ne s’était pas produite sur le terrain intérieur du Walter Payton Center de Lake Forest, une banlieue de Chicago, on aurait pu s’imaginer à Montréal. Comme à son époque aux commandes des Alouettes, Marc Trestman s’est adressé pendant plusieurs minutes à ses joueurs au terme de l’entraînement jeudi et ces derniers étaient pendus à ses lèvres.

Mais au lieu d’Anthony Calvillo, Luc Brodeur-Jourdain et S.J. Green, il s’agissait plutôt de Julius Peppers, Jay Cutler, Martellus Bennett, Kyle Long et tous les coéquipiers des Bears.

Malgré un dossier de 10-6 la saison dernière, les Bears ont décidé de couper les liens avec l’entraîneur Lovie Smith et ils ont causé une certaine surprise en confiant la destinée de cette prestigieuse organisation à Trestman qui obtenait un tel privilège pour une première fois à 57 ans.

Trestman a bâti sa réputation dans la NFL principalement dans les années 90 dont avec des passages chez les 49ers, les Vikings, les Lions et les Cardinals. À cette époque, Pepper, Cutler, Bennett et Long étaient trop jeunes pour apprécier son expertise. Au premier regard, ils ont donc perçu leur nouvel entraîneur comme un homme qui s’est illustré dans la LCF.

Quoi qu’il en soit, l’intellectuel du football a gagné ses joueurs sans tarder.

Marc Trestman« Tous les entraîneurs sont différents, mais Marc a capté l’attention de chacun dès son arrivée », a vanté Peppers, dont le palmarès déborde d’honneurs individuels.

Ce vétéran de 33 ans admet toutefois que Trestman a eu besoin d’un peu de temps pour convaincre ses troupiers.

« Bien sûr, ça prend toujours une période de transition durant laquelle les joueurs doivent accrocher à la vision de leur nouvel entraîneur et il y est parvenu sans difficulté. »

Malgré l’imposante quantité de journalistes dans le vestiaire des Bears, les volontaires abondent pour lancer des fleurs à l’ancien pilote des Alouettes. Avec son statut de recrue de premier plan, Long n’a jamais été sceptique sur les qualités de Trestman même s’il arrivait du Canada.

« Maintenant, le sport est un univers compétitif à travers la planète et il y a des gagnants et des perdants dans ce milieu puisque c’est la nature de ce domaine. Je trouve que nous sommes très chanceux d’avoir déniché coach Trestman qui est définitivement un gagnant. Nous sommes derrière lui à 100 % comme il l’est pour nous », a raconté le fils d’Howie et le frère de Chris.

Le défi plus imposant de Cutler

Parvenir à convaincre un exemplaire vétéran comme Peppers ou une recrue comme Long s’avère sans doute une tâche moins exigeante que Cutler, le quart-arrière souvent critiqué pour sa réticence.

La saison est encore jeune, mais Cutler démontre une attitude plus positive et il s’est rapidement rallié au discours de Trestman. D’ailleurs, son visage s’illumine quand il doit énumérer les nombreux éléments qu’il apprécie chez son nouveau mentor.

Marc Trestman et Jay Cutler« Il y a beaucoup de choses à aimer chez lui. Je commencerais par sa vision offensive très intelligente, le fait qu’il est agréable à côtoyer, qu’il parvient à repousser les limites des joueurs, qu’il les protège et qu’il trouve des façons de les mettre en valeur », a dévoilé le quart de 30 ans (photo).

« Ce n’est déjà pas facile d’être entraîneur dans la NFL et ça devient encore plus complexe quand tu choisis les jeux offensifs, mais il réussit à bien gérer les nombreux dossiers de l’équipe. »

Durant toute la durée de son règne à Montréal, Trestman a utilisé le mot anglais « accountability » à des milliers d’occasions pour implanter sa philosophie. Même s’il est retourné de son côté de la frontière, il insiste encore sur ce principe afin de responsabiliser ses joueurs. Le processus va plus loin alors qu’il inculque des valeurs à son équipe.

« Avant tout, je l’aime comme personne par sa façon de traiter tous les membres de l’organisation. C’est la chose la plus impressionnante de sa part à mon avis. Il accomplit beaucoup de belles choses, mais les relations qu’il a développées avec les gens sont spéciales », a expliqué Peppers.

Un intellectuel qui séduit des athlètes

En dépit de son allure de scientifique, l’entraîneur originaire du Minnesota trouve le moyen de s’imposer dans un milieu de sportifs incluant des personnages très divertissants comme Bennett et Brandon Marshall.

« J’adore sa créativité! Il veut impliquer tous les joueurs dans l’attaque et il parvient à le faire. Il nous fait sentir comme si nous avions tous une grande responsabilité dans les succès de l’équipe », a reconnu Bennett.

Véritable boute-en-train, cet ailier rapproché est souvent décrit comme un athlète amusant et très original. À première vue, sa personnalité se retrouve à des années-lumière de celle de Trestman, mais il assure que la connexion fonctionne à merveille.

« On s’entend très bien, je suis très intellectuel aussi! », a-t-il lancé avec un grand sourire.

Les joueurs n’ont pas osé s’aventurer sur un seul sujet à propos de leur entraîneur.

« Oui je l’ai déjà vu sans casquette, mais je préfère ne pas commenter ce dossier », a noté Peppers en riant.

Des qualités pas oubliées à Montréal

Les joueurs des Alouettes connaissent encore plus l’homme et l’entraîneur. Ils ont chacun retenu des atouts majeurs chez ce maître de l’offensive.

354160.jpg« J’ai toujours cru que sa grande force en tant qu’entraîneur était de faire oublier aux joueurs l’aspect financier du football ainsi que les statistiques personnelles. Je n’ai jamais entendu quelqu’un se plaindre de ses décisions parce qu’il a toujours été clair avec nous en expliquant les raisons derrière ses choix », a dévoilé Brodeur-Jourdain.

« C’est un amalgame de facteurs, mais il rend le football très professionnel et il l’amène à un point humain en disant qu’on travaille tous pour une cause et une passion. Ça attire et ça conserve le respect des joueurs! », a-t-il poursuivi.

La perception de Jamel Richardson vise très juste également.

« Il m’a donné quelques conseils avec ses expériences du passé dont avec Jerry Rice et d’autres grands receveurs. Par contre, je dirais qu’il m’a plus aidé comme personne pour devenir un meilleur humain. »

« Il se fout de qui tu es et de ta réputation. Il traite tous ses joueurs de la même façon et il est très aimable parce qu’il est une bonne personne qui se soucie de ses hommes », a dit Richardson à propos d’une recette qui semble aussi fonctionner dans la NFL.