MONTRÉAL – Lorsqu’on rencontre les joueurs de ligne défensive des Carabins de l’Université de Montréal, une chose est frappante : ils ont du plaisir à faire leur travail.

Cela transparait également sur le terrain. Lorsque Mathieu Girard réalise un sac du quart ou un plaqué important, une célébration est toujours de mise. De même pour ses partenaires Jean-Samuel Blanc et la recrue Jonathan Boissonneault-Glaou. 

« On est là pour faire du bruit, explique Girard, un plaqueur défensif qui disputera son dernier match avec les Bleus à la Coupe Vanier. Même dans les entraînements on crie. »

Jean-Samuel BlancGirard et Blanc disputent leur quatrième saison ensemble. Boissonneault-Glaou a pris la place de l’ailier défensif David Ménard, un exemple à suivre pour ce qui est des célébrations de sac. Ce dernier s’est taillé un poste avec les Lions de la Colombie-Britannique l’été dernier.

La recrue des Carabins avait de gros souliers à chausser, surtout qu’il évoluait à la position de secondeur avec les Cougars du Collège Champlain-Lennoxville en 2013. Les vétérans de l’équipe considèrent qu’il a accompli du bon boulot à sa première campagne à l’UdeM.

« Il a fait du bon travail. Il se partageait la charge avec Maxime Dionne, une autre recrue. On a du bon monde en place pour les prochaines années », certifie Girard, un choix de sixième ronde des Tiger-Cats lors du dernier repêchage de la LCF.

« Jonathan était timide au début. Après une partie, il criait. Il a compris c’était quoi le principe. Tout le front, nous avons du fun ensemble », ajoute Girard sous les rires de Blanc et Boissonneault-Glaou.

Avec Olivier Daoust-Pichette et Junior Luke à l'autre poste de plaqueur défensif, la ligne défensive des Carabins a été dominante cette saison. Mais plus encore, elle a donné le ton.

« Dans un match, le front défensif est le cœur de l’équipe. Si nous avons un bon match, les secondeurs et les demis défensifs vont aussi connaître une bonne performance. Nous sommes la première ligne. On dit souvent que le front détermine la façon que le match va aller », analyse Jean-Samuel Blanc, le détenteur du record canadien pour le nombre de sacs en une saison avec 12,5.

Un rôle de mentor

Étant sur les derniers milles de leur carrière universitaire, Girard et Blanc se sont fait un devoir d’aider la relève sur la ligne défensive.

« Les vétérans qui étaient là avant moi m’ont tout transmis ce qu’ils savaient. Alors j’essaie de faire la même chose. Ça fait quatre et cinq ans qu’on effectue ce travail, alors on le connaît bien », insiste Girard, qui a été nommé sur l’équipe d’étoiles du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).

« Rendu à ce point-ci, on peut juste redonner aux autres. On prend ça avec humilité puisqu’on est des vétérans », complète Blanc, un produit des Cheetahs du Collège Vanier.

Boissonneault-Glaou a profité du mentorat de ses deux coéquipiers pour parfaire son apprentissage de la position qu’il occupe depuis l’hiver dernier.

« Les entraîneurs et les vétérans ont bien pris soin de moi. Je n’aurais pas pu demander mieux. […] Jean-Samuel est la première ressource que je vais voir pour savoir comment me placer ou pour avoir des conseils  sur quoi faire dans une situation donnée. Eux, ils sont dans une période pour redonner. Moi je suis dans une période pour recevoir leurs conseils », indique-t-il en provoquant à son tour des sourires chez ses mentors.

Jonathan Boissonneault-GlaouLes bonnes statistiques de la défense montréalaise en 2014 proviennent d’un travail d’équipe et d’une chimie qui s’est installée à travers les années. Danny Maciocia a aussi inculqué sa mentalité depuis deux ans en tant que coordonnateur défensif.

Il a appris à ses joueurs comment réagissent leurs adversaires en attaque pour ensuite avoir une meilleure compréhension des stratégies utilisées.

« Lorsque je me rends au quart-arrière, la plupart du temps, c’est à cause de lui, dit Girard en se tournant vers Jean-Samuel Blanc. Je dis souvent que je suis comme la poubelle étant donné que je suis le plaqueur central (nose tackle). Tout ce qui rentre en dedans (des bloqueurs), c’est moi qui le ramasse. Mais le gros du job, c’est eux qui l’ont fait. »

Et ce travail, Blanc l’a impeccablement accompli contre les Bisons du Manitoba en demi-finale canadienne, lui qui avait la responsabilité de contenir le quart-arrière Jordan Yantz.

Girard prend le soin de mentionner la complicité avec les secondeurs Byron Archambault et Alex Cromer-Émond pour aussi expliquer les succès de la ligne défensive.

Malgré le plaisir et la complicité, la compétition est aussi bien présente entre Girard, Blanc et Boissonneault-Glaou. Selon eux, cette concurrence les force à travailler plus fort.

Les trois colosses avouent qu’ils ont une compétition amicale pour savoir qui termine avec le plus de sacs à la fin de l’année. Ils en ont aussi une pour les interceptions, phénomène très rare pour un joueur de ligne défensive.

« Je pense que c’est le rêve de tout joueur de ligne défensive », admet Girard qui n’a plus qu’un match pour réussir la première de sa carrière universitaire.

Jean-Samuel Blanc a les devants dans cette catégorie puisque l’ailier défensif en a réalisé une lors du dernier match de la saison régulière.

« Ce qui est drôle, c’est qu’on est toujours en compétition pour celui qui aura le plus de sacs à la fin de l’année. Là, il a eu une interception. J’étais super content, mais en même temps je me suis dit : "Ah non". Je savais que je ne le rattraperais pas », concède le vétéran Girard qui n’a pas la langue dans sa poche.

« Mais peu importe ce qui arrive, on est toujours content. Ce qui est important, c’est le résultat du match », assure-t-il.