Faute avouée à moitié pardonnée
MONTRÉAL - Martin St-Louis a reconnu qu'il « manquait quelque chose », mercredi soir, à Philadelphie. Que son club n'avait pas « sa balle rapide ».
L'entraîneur-chef, tout comme son vétéran défenseur David Savard, a aussi admis bien candidement que son équipe ne méritait pas l'avance de 2-0 qu'il s'est offert en marquant sur les deux seuls tirs obtenus au cours du premier tiers.
Remarquez qu'il aurait été difficile, voire impossible, de prétendre le contraire tant le Canadien a été affreux au premier tiers. Et il n'a été guère mieux en période médiane. Sans oublier qu'il a gaspillé quelques trop rares et trop courts bons moments obtenus en troisième période en s'effondrant totalement en prolongation. Une prolongation à laquelle il a survécu pour une seule et unique raison : les sept arrêts de Cayden Primeau.
Mais au-delà cette performance très convaincante de Primeau, deux buts accordés sur 39 tirs en 65 minutes de jeu et un autre marqué par Sean Couturier sur le premier tir de la fusillade, la franchise de l'entraîneur-chef est peut-être le seul autre point vraiment positif de cette défaite.
Cette franchise permet de croire que St-Louis et ses joueurs ne se laisseront pas endormir par le fait qu'ils ont au moins ajouté un point au classement.
S'ils s'étaient laissés endormir par ce point prime au lieu de se faire réveiller par la triste réalité de la plus triste encore performance qu'ils ont livrée, les partisans auraient raison de craindre le pire en vue du match de mardi soir alors que la pire équipe de la LNH, les Sharks de San Jose, feront leur escale annuelle au Centre Bell.
Bon! Cette franchise n'assure en rien une victoire au Canadien. Car même si les Sharks ont perdu leurs 12 derniers matchs et qu'ils ressemblent à un club qui n'a pas la moindre intention de se battre, la loi de la moyenne devrait les guider vers la victoire à un moment donné.
Mais au lendemain d'un match aussi moribond, on peut s'attendre à ce que le Tricolore offre une bien meilleure performance à son retour devant ses partisans. On peut s'attendre à ce que les joueurs retrouvent «des jambes» qui semblaient plâtrées mercredi soir à Philly.
Des mauvais matchs comme celui de mercredi hantent tous les clubs de la LNH de temps en temps. Même les meilleurs. C'est donc normal que le Canadien en dispute de temps en temps.
Les meilleurs se relèvent généralement rapidement. Les mauvais clubs, au contraire, les accumulent. C'est exactement ce qui arrive aux Sharks en ce moment.
Le Canadien est encore loin d'une place au sein des meilleurs clubs de la LNH. Mais parce qu'il a su éviter de prolonger ses séries d'insuccès depuis le début de la saison, il s'est détaché des pires clubs du circuit.
Il l'a fait la semaine dernière en battant les Rangers samedi après avoir encaissé une dégelée aux mains des Sabres, à Buffalo, deux soirs plus tôt. Il doit le faire encore jeudi soir contre des Sharks qui ne ressemblent en rien aux Rangers.
La franchise affichée après l'affreuse partie de mercredi a permis au Canadien de se faire pardonner une moitié de ses torts. Une victoire face aux Sharks aidera à pardonner l'autre moitié.
Une étoile pour Primeau
Cayden Primeau a fait plus que donner une chance de victoire à son équipe mercredi soir. Il a volé un point avec quelques arrêts brillants.
Mais le fait saillant de la sortie du jeune gardien qui jouait devant ses parents et amis, chez lui, à Philadelphie – son père Keith défendait les couleurs des Flyers – est la manière dont Primeau a survécu à un très mauvais début de match.
Son vis-à-vis Samuel Ersson a mal paru en donnant deux buts sur deux tirs. Mais Primeau aurait pu en accorder plus encore tant il était en déséquilibre devant son but, tant il suivait mal les rondelles dirigées vers lui. Et c'est sans compter les trois, cinq, six peut-être même sept rondelles qui ont frappé les poteaux.
Je sais : parfois, les rondelles frappent les poteaux ou la barre horizontale parce qu'il n'y avait pas d'ouverture pour atteindre le filet. Mercredi soir, au Wells Fargo Centre, il y avait souvent bien assez d'espace pour que la rondelle passe entre Primeau et les poteaux.
Et c'est bien tant mieux pour le plus jeune membre du ménage à trois. Car avec toutes les critiques soulevées une fois encore par la décision de tourner le dos à Samuel Montembeault après sa performance sensationnelle de samedi face aux Rangers, Primeau ne jouissait d'aucune marge d'erreur.
Primeau a excellé. On doit aussi donner des notes intéressantes à Kaiden Guhle qui a bloqué 10 tirs des Flyers. Un sommet en carrière. Son record jusqu'ici était sept. Un record établi le 4 décembre dernier lors de la visite du Kraken à Montréal.
Josh Anderson, Sean Monahan – il a marqué le premier but du match et en a volé un aux Flyers – et Jake Evans se sont fait remarquer pour les bonnes raisons.
Tout comme Jayden Struble qui a été le meilleur arrière du Canadien et peut-être même le meilleur patineur tout court.
Suzuki et Caufield éclipsés
On ne peut pas en dire autant de Nick Suzuki et Cole Caufield qui ont été éclipsés par leurs coéquipiers et complètement neutralisés par leurs adversaires.
Le premier trio du Canadien est au neutre. Totalement. Juraj Slafkovsky qui arrivait à traîner ses compagnons de trio lors des derniers matchs n'était pas en mesure de le faire mercredi face aux Flyers.
Et ce n'est pas à Slafkovsky de les traîner. C'est à Suzuki et Caufield de donner le ton et de dire au jeune slovaque de les suivre.
Suzuki n'a rien généré mercredi. Ou si peu. Oui, il a offert une échappée à Caufield, mais ce dernier a raté le but sur le tir qu'il a décoché. Mais le capitaine n'a pas obtenu un seul tir. En fait, il n'en a pas décoché du tout.
Le trio a décoché un total de trois tirs. Caufield a touché la cible une fois. Il l'a raté l'autre fois et le seul tir décoché par Slafkovsky a été bloqué en défensive.
C'est tout!
En fait non, ce n'est pas tout. Le pire dans leur cas, c'est qu'ils n'ont pas forcé la note. Le défi était de taille, je sais. Avec Sean Couturier en tête, les Flyers sont redevenus un club difficile à affronter. Tu dois trimer dur pour les traverser. Par moments mercredi soir, on pouvait sérieusement se demander si le premier trio se donnait au moins la peine d'essayer quelque chose.
Peut-être que ce trio sera flamboyant jeudi, contre des Sharks qui seront bien plus faciles à contourner que ne l'étaient les Flyers mercredi…
On verra!
Mais ce trio a plus que la piètre performance d'hier à se faire pardonner.
Entre les lignes
- C'était la 10e fois seulement en 40 matchs que le Canadien retraitait au vestiaire avec une avance après la première période. Il a encaissé sa quatrième défaite en pareille circonstance : trois en tirs de barrage et une en temps réglementaire…
- Le Canadien s'est contenté de 19 tirs cadrés jeudi. C'était la quatrième fois seulement cette saison qu'il n'atteignait pas la barre des 20 tirs. Il s'était contenté de 18 deux fois – victoire (4-3) à Dallas le 2 janvier (33 tirs des Stars), défaite de 4-0 à Los Angeles le 25 novembre (30 tirs des Kings) et de 19, le 30 décembre dans un revers de 4-1 en Floride (26 tirs des Panthers)…
- Le Canadien a été dominé (31-26) aux cercles des mises en jeu pour la septième fois seulement de la saison. Remarquez que cette statistique n'a pas une grande incidence sur les victoires et défaites. Du moins après 40 parties. Car le Canadien a un dossier de 13-12-5 lorsqu'il gagne plus de mises en jeu qu'il en perd, de 3-3-1 en situation inverse et de 1-2-0 lorsqu'il termine à 50-50 avec ses adversaires...