Grand décrochage!
MONTRÉAL - Quand un club est prêt pour les séries comme le sont les Hurricanes et que l'autre est mûr pour les vacances, il arrive ce qui est arrivé samedi soir au Centre Bell.
Il arrive que l'équipe qui s'accroche depuis des semaines pour sauver ce qu'il reste à sauver d'une autre saison moribonde décroche tout simplement.
Le Canadien n'a pas juste perdu samedi soir. Il n'a pas juste été blanchi (3-0) pour la cinquième fois de la saison. Il s'est carrément fait planter. Ou s'est laissé planter.
Pour la première fois cette année, le Canadien a accordé 50 tirs à un adversaire. Il s'est contenté de 14. Et de ces 14 tirs, deux ou trois au maximum ont représenté de réelles occasions de marquer. De fait, la meilleure occasion du Canadien c'est Mike Matheson qui l'a obtenue. Mais parce qu'il a touché le poteau après avoir déjoué le gardien Antti Raanta, ce tir n'a pas compté.
Le différentiel de moins-36 au chapitre des tirs au but est le pire encaissé par le Canadien cette saison. Avant sa triste soirée de samedi, le Canadien s'était fait dépasser par 20 tirs ou plus quatre fois seulement.
Mais il y a pire.
Il y a que samedi soir, les Canes ont décoché un grand total de 83 tirs. Le CH a répliqué avec 25. Ça donne un différentiel de moins-58.
Eh oui! C'est le pire de la saison.
Six fois cette année, le Canadien s'est tellement fait dominer que ses adversaires ont décoché au moins 40 tirs de plus que lui. C'était la troisième fois samedi que les «Canes» y arrivaient. Le Canadien a trouvé une façon de gagner trois de ces six parties. En fait non : les gardiens Jake Allen et Samuel Montembeault ont littéralement volé ces victoires.
Mais samedi, Montembeault a été tellement abandonné par ses coéquipiers qu'il était tout simplement impossible pour lui de même sauver les meubles. Pour gagner, il aurait été obligé de marquer tant ses coéquipiers semblaient n'avoir aucune intention de le faire…
Pires dominations : saison 2022-2023
- 1 décembre, à Calgary : -46; victoire de 2-1
- 16 février, en Caroline : -40; défaite de 6-2
- 21 février, au New Jersey : -45; victoire de 5-2
- 7 mars, Caroline : -40; défaite 4-3 fusillade
- 14 mars, à Pittsburgh : -40; victoire de 6-4
- 1 avril, Caroline : -58; défaite de 3-0
Ce n'est pas seulement parce que le Canadien a décroché que les Hurricanes ont dominé outrageusement le match samedi soir.
C'est aussi et surtout parce que les Canes forment l'un des meilleurs clubs de la Ligue. Le club qui est certainement le plus équilibré. Le club qui compte sur le meilleur échec avant. Le club qui compte sur l'entraîneur-chef le plus sous-estimé en Rod Brind'Amour.
Rapides et efficaces dans toutes les phases du jeu, les Hurricanes sont appuyés par une défensive qui se porte sans retenue à l'attaque.
Samedi contre le Canadien, les défenseurs des Canes ont marqué un but (Brady Skjei) et récolté trois points. Ils ont obtenu 26 des 50 tirs de l'équipe (huit pour Brent Burns et sept pour Brett Pesce). Ils ont aussi décoché 43 des 83 tirs des Canes.
Brady Skjei (17), Brent Burns (14) et leurs coéquipiers défenseurs ont marqué 52 buts depuis le début de la saison. Ils sont les meilleurs à ce chapitre dans la LNH. En prime, parce qu'ils sont d'abord et avant tout des défenseurs, ils protègent à merveille leurs gardiens Frederik Andersen et Antti Raanta.
En prime, cette belle équipe venue de la Caroline est disciplinée. Elle est sur la «tâche» comme se plaît à dire Martin St-Louis quand il veut complimenter un adversaire, ou son club.
Samedi, les Canes se sont offert un entraînement qu'ils a pris au sérieux. Ils auraient pu prendre congé. Ils auraient pu profiter d'un week-end à Montréal pour faire la fête ailleurs que sur la patinoire. Non! Ils ont joué avec le sérieux et l'efficacité qui caractérise cette équipe. Avec le sérieux et l'efficacité qui a toujours caractérisé Rod Brind'amour. Un joueur devenu entraîneur qui a su cultiver une culture gagnante au sein de cette formation dont il a été capitaine et avec laquelle il a gagné une coupe Stanley en 2006.
Il faut dire qu'avec 105 points récoltés et encore sept matchs à disputer, les Canes doivent maintenir leur rythme puisque les Devils (104 points et six matchs à jouer) peuvent encore les rejoindre et les déloger du premier rang de la division métropolitaine.
Ils avaient donc de bonnes raisons de prendre le match de samedi au sérieux.
Évaluations terminées
Le Canadien dans tout ça?
Le décrochage de samedi démontre qu'il est grand temps que cette autre saison moribonde prenne fin.
Martin St-Louis a su tirer beaucoup d'un club miné par les blessures, d'un club dont les principales caractéristiques sont les manques à gagner en matière de talent et d'expérience.
Samedi, il n'a rien pu tirer de cette équipe, parce qu'il n'y a plus grand-chose à tirer de cette équipe.
En limitant ses réponses à un petit mot – le mot décevant a raisonné plusieurs fois – ou à de courtes phrases, St-Louis a démontré qu'il était que ça se termine pour lui aussi.
Le coach du Canadien n'est pas du genre à pointer ses joueurs du doigt. À la critiquer. Il le fera peut-être un jour lorsqu'il aura assez de bons joueurs et une formation assez solide devant lui pour la fouetter un peu en cas de laisser-aller.
Mais en ce moment, le Canadien est vidé.
Le seul élément d'information intéressant que le coach du Canadien a dévoilé samedi, c'est que ses évaluations étaient complétées… ou à peu près.
«Il nous reste combien de matchs à jouer qu'il a demandé en regardant en direction de Chantal Machabée pour obtenir sa réponse. Quand elle lui a lancé le chiffre cinq, il a esquissé un petit sourire en ajoutant que le travail d'évaluation était pas mal fait.
Sans compter qu'il n'y a pas grand-chose à évaluer.
Rafaël Harvey-Pinard qui n'a pas joué samedi en raison de quelques bobos qui le ralentissent, Jesse Ylonen et peut-être Alex Belzile recevront sans l'ombre d'un doute de nouveaux contrats et auront la chance de se faire une place avec l'équipe lors du prochain camp d'entraînement.
Denis Gurianov? Malgré les belles qualités dont il dispose, il n'arrive pas à les utiliser pour faire de lui le joueur de hockey qu'il pourrait être. Qu'il devrait être. S'il le faisait, les équipes se battraient pour obtenir ses services. Mais parce qu'il ne le fait pas, ou pas assez, c'est lui et son agent qui devront se débattre pour obtenir un prochain contrat dans la LNH.
Et je ne vois pas pourquoi ce contrat viendrait du Canadien qui a déjà, au sein de son organisation, des jeunes qui méritent plus que Gurianov qu'on investisse sur leur développement.
Sean Farrell, qui affiche de belles aptitudes, devra aller les développer à Laval l'an prochain et peut-être la saison suivante aussi.
Les autres?
Jonathan Drouin dispute sans doute ses derniers matchs en carrière avec le Canadien. Est-ce qu'il se trouvera un nouveau vestiaire ailleurs dans la LNH? Est-ce que la Suisse pourrait lui offrir une terre d'accueil pour prolonger sa carrière?
Le temps nous le dira.
Comme il faudra du temps au Canadien pour se débarrasser des boulets que sont devenus les Hoffman, Armia, Pitlick et autres Wideman. Des boulets qui sont toujours accrochés aux pieds de Kent Hughes parce qu'ils sont toujours sous contrat. Des boulets dont il pourra peut-être se libérer par le biais d'une transaction ou du ballottage en début de saison prochaine.
Les Wings : dernière planche de salut
Avant de penser à la saison prochaine, on va laisser celle qui se termine prendre fin.
Des cinq matchs à disputer, seul celui de mardi, lors de la visite des Red Wings, représente un duel à la portée du Tricolore.
Car ce n'est pas contre les Capitals, les Maple Leafs, les Islanders ou les Bruins que le Tricolore aura des chances de faire oublier son match pitoyable de samedi.
À moins que les Bruins ne fassent comme les Panthers lors du dernier match de la saison dernière et qu'ils débarquent au Centre Bell avec une formation digne d'un match préparatoire au début du mois d'octobre.
Considérant que cette décision des Panthers a été couronnée par une élimination dès la deuxième ronde des séries, j'ai l'impression que les Bruins qui leur succéderont à titre de champions de la saison régulière utiliseront ce match comme un bon tremplin vers les séries, au lieu de le transformer en tremplin vers des vacances trop hâtives.