Joshua Roy forcera la main de Martin St-Louis
COLLABORATION SPÉCIALE
Pour un joueur repêché au 150e rang en 2021, Joshua Roy a déjà connu une progression fulgurante en seulement quelques années. Un ancien premier choix au repêchage de la LHJMQ, sa carrière a commencé lentement, avec seulement 79 points en 95 matchs. Respectable, mais loin des attentes d'un premier choix. Une sélection tardive par le CH en 2021 semble l'avoir motivé, car il a marqué 218 points en 121 matchs lors des deux saisons suivantes, en plus de jouer un rôle clé pour Équipe Canada junior.
À sa première saison professionnelle, il n'a eu aucune difficulté à s'adapter au niveau de compétition. Trente-deux points en 40 matchs avec le Rocket de Laval lui ont valu un premier rappel en janvier et un second à la suite de la blessure de Rafaël Harvey-Pinard. Il a eu besoin de quelques matchs pour s'adapter à la LNH, avec des performances oubliables contre l'Avalanche du Colorado et les Oilers d'Edmonton, mais quelque chose a cliqué à son troisième match. Un but et cinq tirs contre les Devils du New Jersey; il était un des meilleurs joueurs du Canadien dans la rencontre.
À l'image du CH, qui joue un excellent hockey récemment malgré une fiche de 1-5-2 à ses 8 derniers matchs, Roy performe beaucoup mieux que ses 6 points en 16 rencontres cette saison pourraient l'indiquer, même s'il joue moins de 12 minutes par match. Évidemment, il serait difficile pour lui d'égaler le volume de chiffres de Nick Suzuki, qui joue plus de 21 minutes par soir, alors on regarde plutôt les moyennes par 20 minutes. C'est essentiellement un indicateur de qui en fait le plus avec les minutes qu'ils reçoivent. Et dans ce département, Roy brille parmi les attaquants du Tricolore.
Tableau Joshua Roy
Roy a d'excellents instincts et a l'habitude de se retrouver à la bonne place au bon moment en anticipant le jeu. Ça vient l'aider aux deux bouts de la patinoire, que ce soit pour bloquer des tirs, ou pour déranger l'adversaire en échec-avant. À 6 pieds et 193 lb, il est capable d'encaisser les contacts et remporte plusieurs batailles pour la rondelle. Et avec 3,34 buts attendus générés contre un seul marqué, il pourrait facilement avoir plus de points à sa fiche.
Toutes ces qualités étaient à l'honneur pour une de ses mentions d'aides contre les Sabres de Buffalo, plus tôt en février.
Roy anticipe la passe du défenseur et vient briser le jeu avec son bâton. La rondelle rebondit derrière lui et il réussit à battre Jordan Greenway (6 pi 6 po, 231 lb) et Erik Johnson (6 pi 4 po, 225 lb) pour la rondelle. La passe désespérée qui suit est évidemment risquée, mais au moment de la décocher, 4 des 5 joueurs des Sabres ont les yeux fixés sur Roy et sont profondément dans leur territoire, plus bas que le cercle des mises en jeu. Même si ça devient un revirement, aucun joueur des Sabres n'a de momentum vers le filet du Canadien, et Montréal a trois hommes haut dans le territoire, contre seulement un pour Buffalo. Et l'instinct d'envoyer la rondelle vers l'enclave en zone offensive est rarement une mauvaise chose au long terme chez un attaquant. Attaquer le coeur de la zone offensive, d'une façon ou d'une autre, est toujours la clé du succès.
Sa passe surprend les Sabres, qui ne la bloquent que partiellement, et le disque se faufile tout juste vers Arber Xhekaj, qui l'enfonce derrière Ukko Pekka-Luukkonen. Une séquence qui aurait facilement pu être une sortie de zone pour Buffalo ou une rondelle récupérée par un de leurs deux colosses s'est transformée en but pour Montréal grâce à son effort.
Depuis qu'il s'est joint au grand club, le CH obtient plus de 56 % des buts attendus à forces égales quand Roy est sur la glace, ce qui veut dire que le CH est plus dangereux que son adversaire en moyenne quand il est présent. Si on exclut Kirby Dach et sa triste courte saison, c'est de loin la meilleure marque parmi les attaquants du Canadien cette saison.
Tableau Joshua Roy
Évidemment, son utilisation vient jouer dans l'équation. En plus d'être un des attaquants les moins utilisés par Martin St-Louis, il affronte en moyenne la compétition la plus facile, et commence une bonne partie de ses présences en territoire offensif. Même avec ces astérisques, ça demeure une excellente performance pour une recrue qui fait ses premiers pas dans la LNH à 20 ans. Plus ça continue, plus il forcera la main de Martin St-Louis de lui donner du temps de jeu supplémentaire.
Montréal a cruellement besoin d'un autre trio qui performe derrière Cole Caufield, Nick Suzuki, et Juraj Slafkovsky. Roy et Alex Newhook sont, selon moi, les deux attaquants les plus dynamiques derrière le premier trio et un Joel Armia en confiance les complète très bien au cours des dernières semaines. Avec les trios de Jake Evans et Colin White qui ont plus de responsabilités défensives, le rôle de deuxième trio offensif est essentiellement le leur à perdre, du moins si Martin St-Louis y va vraiment au mérite.