Passer au contenu principal

RÉSULTATS

La perte de Dach, le mandat de Suzuki

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL - Kirby Dach est un excellent jeune joueur de hockey. Son talent est indéniable. Son potentiel très élevé. La blessure qui vient de mettre un terme à sa saison est donc une très mauvaise nouvelle pour le Canadien.

 

Mais les conséquences de la perte de celui qui appuyait Nick Suzuki tout en haut de la ligne de centre du Tricolore ne devrait pas paralyser son équipe comme elle l'a paralysée mardi soir face au Wild du Minnesota.

 

Peut-être que cette paralysie était attribuable au choc d'une nouvelle que les joueurs connaissaient bien avant qu'elle soit confirmée aux partisans; au spectre d'une deuxième saison consécutive minée par les blessures.

 

C'est à souhaiter pour les partisans.

 

Car si la perte de Kirby Dach entraîne des conséquences à long terme aussi désolantes que celles constatées mardi soir, cette équipe est loin de compter sur la profondeur offensive que nous étions nombreux à lui reconnaître.

 

Moi le premier.

 

Si cette paralysie s'installe, elle démontrera que le CH est plus loin d'une place en séries qu'on le croyait. Et je vous rappelle que les plus optimistes – mais quand même réalistes – s'entendaient sur le fait qu'il faudrait encore deux saisons de développement avant de pouvoir considérer le Canadien comme un club vraiment en mesure de se battre pour une place en séries.

 

Perturbés, perdus

 

Après deux matchs intéressants au sein du trio piloté par Dach, Juraj Slafkovsky semblait complètement perdu sur la patinoire mardi soir.

 

C'est un peu normal. Il est encore jeune. Non! Très jeune. Et son manque d'expérience justifie que les permutations de joueurs autour de lui nécessitent une période d'adaptation avant d'être assimilées.

 

Sauf que mardi, ce n'est pas juste Slafkovsky qui semblait perdu, qui semblait incapable de suivre le rythme imposé par les joueurs du Wild. Ce sont tous les attaquants qui vacillaient comme si l'absence de Dach était sur le point de faire tomber la structure offensive de l'équipe.

 

Pas question ici de paniquer.

 

Le Canadien demeure un club en développement. Avec toutes les réalités qu'il est impératif de prendre en considération dans le cadre d'une construction.

 

Mais!

 

Nick Suzuki n'est plus un tout jeune joueur de centre. Il est la pierre d'assise de l'attaque. C'est lui qui doit garder le cap lorsque le vent souffle en proue. C'est lui qui doit éviter que tout s'écroule quand la structure est secouée un brin ou deux.

 

Mardi, Suzuki a failli à cette tâche. Après trois matchs – eh oui ce ne sont que trois matchs – Suzuki peine à s'imposer. En fait, et c'est pire, il semble facile à contrer.

 

Et maintenant que Dach n'est plus là pour au moins obliger les clubs adverses à partager l'attention défensive sur les deux premiers trios du CH, la surveillance dont Suzuki et ses compagnons de trio, quels qu'ils soient, feront l'objet sera plus assidue encore.

 

Ce qui était difficile lors des trois premiers matchs, le deviendra donc davantage.

 

À titre de plus haut salarié du Tricolore – en salaire moyen sur la masse et non en argent reçu sur ses chèques de paye – à titre de capitaine et de leader, Suzuki a le mandat de trouver le ou les moyens nécessaires pour se sortir des griffes défensives qui le serreront davantage maintenant.

 

On peut même parler ici d'une obligation.

 

Le capitaine aura besoin d'aide

 

Nick Suzuki aura besoin d'aide.

 

Et c'est cette aide qui nous aidera à comprendre la solidité de la structure que Kent Hughes, Martin St-Louis et l'ensemble de l'état-major sont en train d'ériger.

 

Josh Anderson devrait solidifier cette structure. Il est gros, il est fort, il patine avec vigueur, il a un bon tir. Il a tous les atouts nécessaires pour s'imposer à la droite de Suzuki et Caufield. Tous! Mais après deux petites parties, il a été remplacé dans ce rôle par Rafaël Harvey-Pinard. Pourquoi? Parce qu'une fois encore Anderson a donné l'impression d'être incapables de mettre tous les atouts dont les Dieux du hockey – et l'ADN transmis par ses parents – lui ont fait cadeau pour remplir ce rôle. Comme l'an dernier.

 

Non seulement Anderson ne joue pas au diapason du premier trio, mais il est permis de se demander si ce n'est pas au sein d'un troisième trio qu'il serait à son meilleur.

 

Si c'est le cas, Kent Hughes est mieux de commencer tout de suite à soumettre son nom aux équipes qui pourraient profiter d'un gros ailier comme Anderson pour donner plus de poids et de punch à leur attaque. Car c'est par le biais d'une transaction, bien plus qu'en remplissant un rôle de soutien à Montréal qu'Anderson aidera la cause du Tricolore.

 

Rafaël Harvey-Pinard est-il une solution durable au sein du premier trio?

 

Non! Du moins je ne crois pas. Et ce n'est pas parce que RHP manque de talent, de courage ou de hargne. Au contraire, ce diable de petit joueur donne tout ce qu'il a à donner à ses compagnons de trio, à son équipe.

 

Il peut donc combler un vide le temps de quelques matchs. Mais c'est au sein d'autres trios, avec des mandats différents, qu'il saura le mieux aider son club. Du moins, il me semble.

 

En attente du retour en santé de Christian Dvorak et en souhaitant que la perte de Dach ne soit pas annonciatrice d'une autre année de misère sur le plan des blessures, Sean Monahan et Alex Newhook prendront la relève.

 

Pour Monahan, pas de problème.

 

Newhook? Sans avoir l'envergure de Kirby Dach, il affiche une vitesse et un sens du jeu qui devrait lui permettre de réclamer plus de responsabilités. Même chose pour Tanner Pearson dont l'acquisition – et cela dépasse les buts marqués lors des deux derniers matchs – prend de la valeur en ce moment.

 

Bien qu'il ait beaucoup ralenti – et les trois premiers matchs indiquent qu'il a ralenti plus encore que je le croyais – Brendan Gallagher devra prendre les bouchées doubles en matière de leadership.

 

L'effet Gallagher doit dorénavant se traduire par autre chose que des buts et des points. L'occasion est venue de prouver qu'il peut toujours avoir un ascendant positif sur cette équipe.

 

Éviter de perdre une autre année

 

Ça nous amène à Martin St-Louis.

 

C'est lui qui a le mandat pas évident de convaincre tous ses joueurs qu'ils forment toujours une équipe non seulement capable rivaliser tous les soirs malgré la perte de Kirby Dach, mais qui doit y arriver.

 

C'est lui qui a le mandat de s'assurer que son club soit «sur la tâche» comme il dit. Qu'il soit discipliné aussi. Ce qu'il n'est absolument pas après trois rencontres. Le Canadien a déjà assez de défis devant lui pour ne pas en dresser de nouveaux en multipliant les attaques massives offertes à ses adversaires.

 

Parlant d'attaque massive.

 

Je veux bien croire qu'Alex Burrows est l'adjoint qui a officiellement le mandat d'orchestrer l'attaque à cinq. Mais toutes les décisions finales, à forces égales, au sein des unités spéciales, le choix du gardien partant, la composition des trios reviennent à l'entraîneur-chef.

 

Il ne faut pas oublier que, comme plusieurs de ses joueurs, Martin St-Louis est un très jeune entraîneur-chef.

 

Visiblement déçu et plus visiblement en colère après le match de mardi, il est souhaité qu'il ait profité du congé offert malgré tout à ses joueurs mercredi pour retourner à la planche à dessin et dresser des stratégies appropriées pour aider son équipe à composer avec les aléas provoqués par la perte de Kirby Dach.

 

Et peut-être aussi celle de Kaiden Guhle qui a retraité au vestiaire après un impact qui semblait anodin mardi soir.

 

Mais attention! L'impact subi par Kirby Dach lorsque Jarred Tinordi l'a envoyé sur le banc des joueurs des Blackhawks, samedi, était loin de laisser planer l'annonce d'une blessure sérieuse compromettant sa saison.

 

Et une année cruciale de développement personnel.

 

Cela dit, ce n'est pas parce que Dach perdra une année de développement que le Canadien peut se permettre d'en perdre une de plus lui aussi. En fait, il doit éviter à tout prix de gaspiller l'année importante qui commence à peine.

 

D'où l'importance des réactions de la direction, du coach et des joueurs en marge de la perte de Kirby Dach: à commencer par le meilleur, le capitaine, le leader en devenir.

 

À commencer par Nick Suzuki!