Le CH a évité le pire...
MONTRÉAL - Même s'il n'a disputé que cinq matchs dans l'uniforme des Devils du New Jersey, Tyler Toffoli a déjà compris comment maximiser son talent offensif.
Il n'a qu'à suivre Jack Hughes!
C'est l'entraîneur-chef Lindy Ruff qui a levé le voile sur cette recette gagnante après la victoire de 5-2 de son équipe aux dépens du Canadien.
Une victoire à laquelle Toffoli a contribué en complétant son cinquième tour du chapeau en carrière; son premier avec sa nouvelle équipe. Un tour du chapeau qui a été salué discrètement par l'envol d'une casquette qui s'est terminée sur la patinoire. Et par des « Let's Go Devils » scandés par quelques partisans de l'équipe du New Jersey.
« La qualité du tir de Tyler est reconnue autour de la Ligue nationale. Il a compris qu'en suivant Jack [Hughes] il recevra la rondelle et obtiendra des occasions de marquer qui lui permettront de mettre ses tirs en évidence », que Lindy Ruff a indiqué.
Avec raison!
Car Jack Hughes s'est fait complice des trois buts de l'ancien du Canadien. Il a ajouté une quatrième mention d'aide en préparant le but de Nico Hischier.
Ces quatre passes récoltées au Centre Bell lui ont permis de mousser à 14 points (4 buts, 10 passes) sa récolte offensive après cinq matchs.
C'est beaucoup? C'est un record d'organisation chez les Devils. Un record que Hughes a pulvérisé, détrônant John McLean (4 buts, 10 points) qui le détenait depuis le début de la saison 1988-1989.
« C'est un joueur sensationnel qui est en mesure de pousser l'adversaire à commettre des revirements et d'en profiter pour maintenir une forte pression en zone offensive », que Toffoli a indiqué après la rencontre.
C'est d'ailleurs de cette façon que le nouveau venu chez les Devils a marqué ses deux premiers buts. Les deux fois avec des tirs de l'enclave décochés après de beaux jeux de son joueur de centre qui a pris de court ses adversaires du Canadien.
Son troisième but, Toffoli l'a enfilé dans une cage déserte. Et il a pris bien son temps pour s'assurer de ne pas rater la cible.
« Je n'avais pas le choix de prendre mon temps. J'avais raté la cage déserte quelques instants plus tôt et j'étais en colère. Je tenais à me reprendre et l'occasion s'est présentée », que Toffoli a admis.
Conditions perdantes
Le score de 5-2 favorisant les Devils venus du New Jersey donne une indication assez juste de l'allure de la rencontre.
Mais vous savez quoi? Je m'attendais à pire encore.
Contre des Devils qui n'avaient pas joué depuis trois jours alors que le Tricolore affrontait les Sabres, à Buffalo, lundi soir; contre des Devils qui forment l'une des bonnes équipes de l'Association Est et même de la LNH; avec Cayden Primeau à qui on confiait le filet pour la première fois de l'année; avec Gustav Lindström rappelé d'urgence de Laval pour combler la perte de David Savard qui ratera de six à huit semaines après s'être fracturé la main en bloquant un tir frappé lundi soir, je me disais que le Tricolore serait haché finement.
Il ne l'a pas été. Du moins pas outrageusement.
Le Canadien a même mieux amorcé la rencontre que les Devils. Il s'est d'ailleurs permis de marquer le premier but pour la quatrième fois en cinq matchs.
Et en fin de rencontre, dans une cause un brin ou deux désespérée il est vrai, il a haussé la cadence et ravivé les espoirs des partisans lorsque Michael Matheson a traversé la patinoire d'un bout à l'autre pour couper l'avance des Devils à deux buts.
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« Le match semblait hors de portée, mais les gars n'ont pas lâché. Quand tu ne lâches pas, il est possible que les choses tournent en ta faveur. Ça n'arrive pas toujours, mais c'est possible. Mais quand tu abandonnes, c'est certain que tu ne reviendras pas. Et ce soir, on n'a pas abandonné », que Martin St-Louis a lancé en guise de point positif à souligner.
L'ennui pour le coach, ses joueurs et les partisans du Tricolore, c'est qu'entre son bon début de match et la poussée tardive qui a été couronnée par un but marqué par Michael Matheson, les choses se sont gâtées.
Le Canadien n'a pas aidé sa cause en offrant des attaques massives à une équipe qui sait en profiter – deux buts en quatre occasions – alors qu'il n'a marqué qu'une fois, en milieu de troisième, après que Martin St-Louis eut rappelé Cayden Primeau au banc à la faveur d'un sixième patineur.
L'ironie associée à ce but est que Michael Matheson l'a marqué après avoir utilisé son excellent coup de patin pour traverser la patinoire d'un bout à l'autre en déjouant les joueurs des Devils et finalement le gardien Vitek Vanecek.
Lors des trois premières supériorités numériques, Matheson s'était limité à toujours laisser la rondelle en retrait lors des sorties de zone. Des jeux qui n'ont rien donné. Rien de rien. Même que devant autant de prévisibilité, Jesper Bratt est demeuré en retrait à un moment donné en période médiane et c'est à lui que Matheson a largué la rondelle en effectuant machinalement cette sortie de zone qui fait la plupart du temps très mal paraître l'attaque massive du Canadien.
Revirements coûteux
Au lieu de maximiser leur énergie en contrôlant la rondelle et l'allure du jeu, les joueurs du Tricolore se sont rendus coupables de 20 revirements : six de plus que les Devils qui ont aussi volé sept rondelles au fil des batailles livrées lors de la rencontre. Quatre de plus que le Tricolore.
Principales conséquences de ces statistiques favorisant les Devils : les joueurs du Canadien n'ont pu rivaliser de vitesse avec leurs rivaux après les 10 premières minutes de la rencontre, ce qui a permis au Devils de tirer plus souvent et d'obtenir plus de bonnes occasions de marquer que le Canadien.
Cayden Primeau dans tout ça?
Dans des conditions loin d'être évidentes, il s'est bien tiré d'affaire. Vrai que Primeau a mal paru sur le premier but de Tyler Toffoli. La rondelle l'a déjoué du côté de la mitaine et les différentes reprises démontraient clairement qu'il a été surpris par un tir qu'il aurait pu stopper.
Mais Primeau a réalisé plusieurs bons arrêts. Il semblait en contrôle devant sa cage et n'a pas été outrageusement généreux dans les rebonds qu'il a accordés. Une générosité qui l'a coulé à quelques occasions lors de ses 21 premiers matchs en carrière.
Primeau s'est même permis un arrêt du désespoir en première période lorsqu'il a plongé sur sa droite pour voler un but à Ondrej Palat au terme d'une descente à deux contre un. Cet arrêt a contribué à maintenir, temporairement, l'avance de 1-0 que Justin Barron avait offerte à son équipe.
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Qu'est-ce qui arrivera avec Primeau maintenant?
Convaincu qu'au moins une formation le réclamerait s'il devait être soumis au ballottage avant d'être rétrogradé dans la Ligue américaine, l'état-major du Tricolore gardera Primeau avec le grand club dans l'ombre de Jake Allen qui vient de signer deux victoires consécutives et de Samuel Montembeault qui devra jouer lui aussi un moment donné.
Est-ce que ce sera jeudi lors de la première visite au Centre Bell de Pascal Vincent à la barre des Blue Jackets de Columbus? Samedi lors de l'escale annuelle des Jets de Winnipeg à Montréal?
On verra.
Seule certitude : cette situation est loin d'être idéale.
Avec le spectre des blessures qui ont frappé Jake Allen au fil des dernières saisons, l'état-major ne peut se permettre de perdre Primeau en raison du fait que Jakub Dobes et Straus Mann, qui partagent le travail à Laval, ne sont pas prêts à venir en relève dans la LNH.
Cela dit, avec la perte à long terme de David Savard qui s'ajoute à la saison terminée de Kirby Dach et à la blessure qui prive toujours la brigade défensive de son plus bel espoir Kaiden Guhle, et un premier long voyage la semaine prochaine – escales à Las Vegas, Phoenix et St. Louis – la situation des gardiens n'est sans doute pas une priorité.