Le soleil brille sur et dans le Centre Bell
MONTRÉAL - Jared Davidson, Brandon Gignac et Gabriel Bourque ont offert les plus belles surprises à l'attaque.
À la ligne bleue, William Trudeau a ajouté d'autres surprises aux déjà fort nombreuses et agréables surprises offertes depuis l'ouverture du camp d'entraînement.
Auxiliaires de Jake Allen et Cayden Primeau, Quentin Miller et Strauss Mann ont effectué les meilleurs arrêts relevés lors du match Rouges contre Blancs disputés dimanche au Centre Bell.
Mais la plus belle surprise de toutes, ce ne sont pas les joueurs envoyés sur la patinoire qui l'ont offerte à l'organisation. Mais bien les quelque 20 000 partisans qui ont préféré aller s'enfermer dans le Centre Bell pour un match sans la moindre signification plutôt que profiter du soleil radieux qui auréolait le premier dimanche d'automne.
Je veux bien croire que cette rencontre offre l'occasion aux partisans de s'offrir une visite en famille au Centre Bell sans avoir à mettre en péril leur prochaine fin de mois. Mais ça demeure renversant de constater, année après année, l'engouement associé à ce match sans importance aucune.
Cela dit, ça devrait ouvrir les yeux des joueurs et des membres de l'organisation sur le fait que la « pression » de jouer n'est pas que négative. Au contraire. Surtout qu'au fil des saisons de misère qu'ils encaissent depuis trop longtemps à l'aube d'une année qui servira à amorcer la construction d'un club gagnant, les partisans auraient mille et une raisons de traiter le Tricolore avec indifférence.
Mais non!
Ils étaient 20 000 à dire à leurs favoris qu'ils croient encore en eux en attente de jours meilleurs et de victoires; qu'ils tiennent encore à eux.
Ils étaient 20 000 à célébrer comme si le soleil brillait tout autant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Centre Bell. Et ça : c'est un message important et rassurant pour le club et ses joueurs.
En entrevue avec Marc Denis après avoir marqué le but qui scellait l'issue de la séance de tirs de barrage, Nick Suzuki s'est d'ailleurs assuré de le dire haut et fort en remerciant les « meilleurs partisans de la Ligue » après la rencontre. Des mots justes du capitaine qu'il devra peut-être rappeler à ses coéquipiers au fil de la saison lorsque les amateurs afficheront un brin ou deux d'impatience au cours des rencontres.
Car c'est bien davantage l'indifférence des amateurs plutôt que la passion qui les a guidés jusqu'au Centre Bell dimanche après-midi que les joueurs devraient craindre.
Davidson-Roy : même combat
Revenons sur la patinoire. Nick Suzuki, Cole Caufield, Brendan Gallagher et Rafaël Harvey-Pinard attiraient tous les regards, ou presque, des amateurs. Du moins dans le camp des attaquants.
Mais c'est le trio Davidson-Gignac-Bourque qui a été le meilleur des six envoyés sur la patinoire dimanche. Rapides, impliqués, incisifs dans leur manière de jouer en zone ennemie, ils ont offert du hockey de qualité.
Brandon Gignac et Gabriel Bourque ont eu un gros mot à dire dans les succès de ce trio. Mais comme ils ont passé les deux dernières saisons à Laval, comme Gignac – choix de troisième ronde des Devils en 2016 – est rendu à 25 ans et parce que Gabriel Bourque est rendu à 33 ans, des rôles importants de « bons vétérans » les attendent à Laval.
Et c'est loin d'être péjoratif. Au contraire. Les jeunes qui seront envoyés avec le Rocket pour se développer et améliorer leurs chances d'accéder un jour à la LNH auront besoin de l'enseignement de Jean-François Houle et de ses adjoints. Mais ils auront aussi grand besoin du leadership des « bons vétérans ».
Si la direction du Canadien a accepté de laisser partir un gars comme Alex Belzile qui aurait pu – il le faisait déjà – remplir ce rôle avec brio, c'est sans doute parce qu'elle avait la conviction que d'autres pouvaient prendre la relève.
Jared Davidson sera sans l'ombre d'un doute un des jeunes qui auront besoin d'être parrainés dans la Ligue américaine.
Mais en jouant comme il l'a fait lors des matchs simulés la semaine dernière et comme il l'a fait dimanche, il a démontré ses grandes qualités de marqueur.
Il est toujours dangereux de dresser des comparaisons, mais je regardais Davidson aller sur la patinoire du Centre Bell dimanche et je me disais que c'est exactement ce qu'on peut attendre de Joshua Roy qui devrait affronter les Devils, lundi soir, lors du premier match préparatoire.
Les deux joueurs ont des aptitudes offensives indéniables.
Bien qu'un an plus vieux que Roy, Davidson a été sélectionné en 2022. Un an plus tard que la gloire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Les deux ont attendu jusqu'à la cinquième ronde avant d'être appelés.
Sur le plan des statistiques, Davidson a marqué 80 buts et totalisé 171 points au cours des 114 matchs disputés lors des deux dernières saisons avec les Thunderbirds de Seattle dans la Ligue de l'Ouest.
Roy? Il a marqué 97 buts et ajouté 121 passes en 121 rencontres lors des deux dernières années.
Bien qu'ils devront continuer à profiter des occasions de marquer qui se présenteront à eux sans oublier d'en offrir à leurs partenaires de jeu, ils devront aussi convaincre l'état-major de l'organisation qu'ils seront aussi et surtout en mesure d'être responsables défensivement si on décide de leur donner des chances avec le grand club.
Ce duel Roy-Davidson sera très intéressant à suivre au cours des prochains mois. Au cours des prochaines années…
William Trudeau : premier rappelé?
Avec Kaiden Guhle, Arber Xhekaj et Jordan Harris qui ont fait le saut dans la LNH dès l'an dernier. Avec Lane Hutson qui multiplie les points dans les rangs universitaires et qu'on attend déjà à bras ouverts à Montréal, avec le gros Jayden Struble qui vise une place lui aussi, on serait porté à conclure que personne ne pourra brouiller les cartes sur le flanc gauche.
Et c'est sans doute vrai.
Mais à voir William Trudeau se démarquer sur la patinoire encore dimanche, il me semble impératif de le compter parmi les espoirs de premier plan à la ligne bleue.
Il aura 21 ans le 11 octobre. Bon! Je serais bien surpris que la direction lui offre de disputer le match inaugural de la saison 23-24 à Toronto en guise de cadeau d'anniversaire.
Mais après une saison d'expérience dans la Ligue américaine l'an dernier à Laval, ce défenseur m'impressionne depuis le début du camp.
Il ne fait rien de spectaculaire, mais tout ce que je l'ai vu faire jusqu'ici, il l'a bien fait. Il joue bien. Il est fiable. Le genre de défenseur qui donne confiance à ses coéquipiers et en qui les coachs affichent de la confiance.
Est-ce que je m'emballe trop vite?
Peut-être. Ça m'arrive. Mais bien qu'il soit utopique que Trudeau amorce la saison avec le Canadien – à moins de blessures en cascade – on pourrait l'identifier à titre de premier candidat à un rappel.
Pourvu qu'il affiche la même constance en matchs qui veulent dire quelque chose. Bien sûr!
Quoi tirer de plus du match de dimanche?
- Que Sean Monahan a encore une touche magique pour marquer des buts! Il l'a démontré lors de la séance de tirs de barrage...
- Qu'inversement, Joel Armia est encore et toujours incapable de marquer. Même en tirs de barrage...
- Que Mike Matheson file encore comme le vent sur la glace, qu'il est en mesure de stopper des menaces et de relancer les attaques, mais qu'il n'est peut-être pas le candidat idéal à envoyer en tir de barrage...
- Idem pour Johnathan Kovacevic...
- Qu'Emil Heineman semble avoir un potentiel énorme, mais qu'il aurait intérêt à le mettre en évidence...
- Idem pour Filip Mesar...
- Que Brendan Gallagher semble avoir hâte que ça commence pour vrai au point d'éviter de gaspiller de l'énergie dont il aura grand besoin pour maximiser ses chances de réussite une fois la saison commencée...
- Si elle peut commencer un jour...