Les mauvaises habitudes se poursuivent... la glissade aussi
MONTRÉAL – Une bonne nouvelle attendait le Canadien dans le sud de la Floride alors que Brendan Gallagher a repris sa place au sein de la formation après une absence de 13 rencontres.
Mais voilà!
Une bien meilleure nouvelle attendait les Panthers alors que leur capitaine Aleksander Barkov renouait avec la compétition après une absence de trois matchs. Trois matchs que les Panthers ont d'ailleurs perdus.
De fait, la bonne nouvelle pour les Panthers s'est vite transformée en cauchemar pour le Canadien alors que Barkov a inscrit un tour du chapeau, dès la première période, en plus d'ajouter deux passes pour saluer son retour au jeu. Ces trois buts et ces cinq points lui ont permis de gonfler à 22 buts et 36 points sa récolte en carrière aux dépens du Canadien. Trente-six points amassés en 28 parties seulement.
J'espère ne pas vous surprendre en ajoutant que Barkov et ses Panthers ont gagné. Qu'ils ont même planté le Canadien 7-2!
Bon! Avec les prouesses de Connor Bedard au Championnat du monde junior, les défaites du Canadien sont plus faciles à encaisser... et à accepter. Même que les partisans pourraient bientôt se mettre à les souhaiter afin de mousser les chances de toucher le gros lot à la loto-repêchage de l'été prochain en mettant la main sur un autre Aleksander Barkov.
Avouez que ce serait formidable tant le Finlandais est bon. Tant il représente LA pierre d'assise sur laquelle tous les clubs voudraient bâtir une formation solide.
Suzuki : l'éclipse se prolonge...
En plus de hanter Samuel Montembeault avec son grand talent offensif, le capitaine des Panthers a hanté plus encore Nick Suzuki et ses compagnons de trio avec ses qualités défensives qui font de lui l'un des joueurs les plus complets de la Ligue.
Pauvre Suzuki!
Après avoir eu Brayden Point dans le visage toute la soirée, mercredi, au Amalie Arena à Tampa, il a eu Barkov sur le dos tout le match 24 heures plus tard.
Et Barkov l'a complètement éteint.
Suzuki n'a gagné que six des 17 mises en jeu qu'il a disputées. Trois seulement sur les 10 duels l'opposant à Barkov.
Le jeune capitaine du Canadien s'est contenté de décocher un seul tir qui a été bloqué en défensive. Parce que Cole Caufield et Kirby Dach qui était de retour au sein du premier trio ont eux aussi été complètement paralysés par Barkov et ses compagnons de jeu, le premier trio du Canadien n'a rien fait de bon.
Rien de rien!
Plus gros et plus fort, Dach a été plus impliqué dans l'action. Il a réussi à se démarquer à quelques reprises en zone ennemie. Mais sans grand résultat.
Caufield a quant à lui été invisible. Autant à cinq contre cinq qu'en avantage numérique.
Blanchis de la feuille de pointage, les membres du premier trio ont terminé la rencontre avec un différentiel collectif de moins-9.
Dire qu'ils ont été éclipsés par leurs rivaux est un euphémisme. Car dans les faits, ils ont été dominés. Ils ont été hachés finement dans toutes les facettes du jeu.
L'éclipse d'hier n'est pas que passager. Car après des débuts de saison impressionnants, des débuts de saison qu'on pourrait même qualifier de fulgurants – 13 buts, 28 points après 26 matchs pour Suzuki, 16 buts, 25 points après 25 matchs pour Caufield – le capitaine a été limité à un but et deux points à ses 10 dernières parties. Son principal complice n'a marqué que trois fois à ses neuf dernières rencontres. Et il n'a pas ajouté de passe.
Est-ce inquiétant?
Martin St-Louis ne semble pas être sur le point de céder à la panique, car le coach garde son calme devant les journalistes.
« Chaque scénario représente une opportunité d'apprendre. L'expérience que nos gars vivent en ce moment, ça ne s'achète pas. On est fragile présentement. Tous les clubs passent à travers ça au cours d'une saison. Ce n'est pas le temps de se sentir mal et de dire pauvre de moi. Le monde juge quand c'est difficile, pas quand c'est facile », que Martin St-Louis philosophait après cette troisième défaite consécutive de son équipe en temps réglementaire.
On peut comprendre l'entraîneur-chef de ménager ses joueurs. Car c'est quand les choses vont bien, voire trop bien, que les coachs se permettent d'être durs avec leur club.
Mais quand ça va mal, il faut éviter les colères répétitives qui minent le moral plus qu'elles n'aident à le relever. Il faut surtout minimiser les risques que le découragement s'installe. Ce qui semble en voie d'arriver avec Suzuki et Caufield.
Et ça, c'est une très mauvaise nouvelle considérant le flagrant manque d'appui offensif des autres trios.
Des tendances qu'il serait temps de corriger
Non seulement les défaites s'accumulent – huit revers (2-7-1) lors des dix derniers matchs – mais la manière de perdre est toujours la même alors que les erreurs et mauvaises habitudes relevées à Tampa, mercredi, et depuis le début du plus long voyage de la saison se sont répétées jeudi au lieu d'être corrigées.
- Le Canadien a accordé 41 tirs aux Panthers jeudi soir. C'est la 9e fois lors des 10 dernières parties qu'il en accordait plus de 30. La septième qu'il en accordait 35 et plus.
- Bonne nouvelle! C'était la première fois qu'il fracassait le plateau des 40 tirs. On se console comme on peut!
- Moins bonne nouvelle, le Canadien a décoché moins de tirs que ses rivaux dans tous les matchs depuis le début du voyage. Il a décoché en moyenne 24 tirs de moins que ses adversaires. On peut parler de tendance ici.
- Le Tricolore s'est contenté de marquer deux buts ou moins en temps réglementaire dans un dixième match de suite.
- Autre tendance qui n'aide en rien sa cause, le Canadien a accordé sept buts dans les cinq premières minutes d'une période depuis le début du voyage. Sept buts rapides en 16 périodes : deux lors des premières; un lors des deuxièmes; trois lors des troisièmes; et une fois en prolongation. Six de ces sept buts ont été marqués dans les trois premières minutes d'un engagement...
- Sans oublier cette damnée manie que le Canadien a développée d'offrir très (trop) généreusement du temps et de l'espace dans la zone payante devant ses gardiens.
- En matière de générosité, le Canadien se surpasse en désavantage numérique. Il a accordé deux buts en cinq occasions aux Panthers hier. Il a accordé au moins un but à court d'un homme dans quatre des cinq matchs disputés depuis le début du voyage. Il en rendu à six buts accordés en 15 occasions, ce qui donne une efficacité de 60 %...
Ces tendances deviennent redondantes, j'en conviens.
Mais tant que Martin St-Louis et ses adjoints ne trouveront pas des solutions pour aider leurs joueurs à atténuer ces mauvaises habitudes et leurs conséquences négatives, elles seront aussi faciles à identifier et nécessaires à dénoncer afin de pousser cette équipe à développer de meilleures habitudes sur la glace.
La solution passe-t-elle par Xhekaj?
Parlant de solution et histoire de relever quelques aspects positifs, pointons du doigt Arber Xhekaj et la contribution qu'il a eue dans la relance de l'attaque massive.
Malgré le score à sens unique favorisant les Panthers, il serait injuste de dire que Xhekaj a été le moins pire joueur du Canadien. Car dans les faits, il a été le meilleur.
La nuance est importante.
Très ordinaire à Tampa mercredi, plus ordinaire lors de l'escale en altitude à Denver avant le congé de Noël, Xhekaj a disputé un fort match dans le sud de la Floride.
Au-delà le but qu'il a marqué en première, Xhekaj a donné un peu de vie à une attaque massive qui en manquait cruellement.
La première unité a été aussi moche que lors des derniers matchs avec plus de rondelles perdues que de passes complétées; avec trop d'entrées en territoire ennemi bousillées et, ô sacrilège, en se rendant coupable d'un hors-jeu.
La deuxième unité dirigée par Xhekaj a non seulement permis de s'installer en zone ennemie, mais elle a permis de multiplier les bons tirs au but et a ouvert la voie au deuxième but du Tricolore.
Pas question de partir en peur tant le Canadien part de loin pour sortir de sa torpeur en attaque massive.
Mais avec Xhekaj pour orchestrer le jeu, on a vu Drouin et Dadonov « briller » avec des échanges de rondelle vifs et précis. On a vu Mike Hoffman utiliser son seul talent : son tir a lieu de jongler avec la rondelle en tentant de la contrôler.
Et c'est tout ça qui a mené au deuxième but du Canadien. Le seul officiellement marqué en attaque massive. Mais le premier, marqué alors que Radko Gudas sortait tout juste du cachot, a officieusement été enfilé en supériorité numérique.
« On avait l'air d'un Power Play ce soir », que Martin St-Louis s'est permis de lancer dans la défaite.
Avec ce que Xhekaj a démontré encore jeudi, avec sa manière de toucher la cible quand il tire de la ligne bleue, avec sa façon de distribuer la rondelle quand il décide de la passer, il serait décevant et même désolant de ne pas le voir promu au sein de la première unité lors du prochain match, samedi, à Washington face aux Caps.
On verra bien.