De précieuses « répétitions » pour Primeau et Farrell
MONTRÉAL – Dans la langue française, le même mot peut avoir différentes significations et dégager des connotations complètement opposées.
Celui en vedette mardi soir au Centre Bell : répétition.
Le Larousse définit la répétition comme « le retour d'un même fait ». Par exemple, après avoir vu subir une deuxième défaite de suite par jeu blanc, on pourrait dire du Canadien qu'il a offert face aux Red Wings de Detroit une répétition de son résultat précédent contre les Hurricanes de la Caroline. Ceux qui ont été témoins des deux événements vous confirmeront qu'il n'y a rien de bien positif là-dedans.
Selon le même ouvrage de référence, une répétition peut aussi être la « réitération d'une même action ». C'est pris sous cet angle, dans la façon dont se l'est approprié Martin St-Louis, que le mot peut mener à une analyse plus constructive de ce match qui, selon plusieurs critères objectifs, a été complètement raté par les Glorieux.
L'entraîneur-chef l'a utilisé deux fois pour souligner l'importance, pour des jeunes joueurs comme Cayden Primeau et Sean Farrell, de chacune de leurs présences sur la patinoire – des « reps », pour reprendre l'expression anglaise – à ce stade de leur développement.
Primeau disputait son deuxième départ de la saison dans la Ligue nationale. Coincé du mauvais côté d'une courte défaite à la fin mars à Philadelphie, il a cette fois-ci été laissé à lui-même dans un cuisant revers de 5-0 au terme duquel il serait bien malhabile de le pointer du doigt.
« J'ai trouvé qu'il a bien fait dans les deux matchs qu'il a joués, a défendu St-Louis à la fin de la soirée. On a été les artisans de notre propre malheur ce soir. Ce sont des erreurs dont on était les seuls responsables qui se sont retrouvées dans le fond de notre but. »
À pareille date l'an dernier, on craignait pour la confiance de Primeau. Dans une saison de misère, le pauvre jeunot avait été jeté aux fauves à plus d'une reprise et était ressortir de l'arène vivant, mais écorché. On se demandait si cette succession de performances difficiles avec le grand club allait laisser des traces à long terme.
Si c'est le cas, elles sont aujourd'hui invisibles aux yeux de son entraîneur.
« Je ne crois pas qu'il soit fragile, a indiqué St-Louis. Je trouve qu'il a très bien joué cette année. Il a connu un début de saison difficile et a dû gérer une blessure, mais il a été solide dans le dernier droit et ses performances expliquent probablement en grande partie le fait que [le Rocket] soit encore dans la course aux séries. Et on espère qu'il y participe. Si l'équipe connaît du succès, il en sera probablement l'un des grands responsables. »
« Je ne vois pas le match de ce soir comme un point négatif pour lui, pas du tout », a insisté le coach, qui a servi le même son de cloche au sujet de Farrell.
L'ancien étudiant de Harvard a été utilisé sans retenue contre les Wings. Plus de quinze minutes et demie passées sur la patinoire, presque toutes aux côtés de Nick Suzuki. Il a aussi obtenu plus de temps de jeu en avantage numérique (3:26) que dans ses trois matchs précédents mis ensemble.
Sa contribution a toutefois été modeste. On l'a vu cafouiller quelques fois en entrée de zone, bousiller une ou deux bonnes occasions de prendre un tir de qualité et se faire tasser plutôt facilement le long des rampes. Rien qu'on ne peut pas reprocher à ses coéquipiers plus expérimentés, remarquez.
St-Louis, qui avait fait des gros yeux au moment de justifier l'insertion de Farrell dans son alignement il y a quelques jours, l'a protégé de ceux qui seraient tentés de porter des conclusions trop hâtives à son endroit mardi.
« Il y a toujours des évaluations et pour un jeune joueur comme lui qui essaie de mettre un pied dans la ligue, c'est sûr qu'on va l'évaluer. Mais ce ne sont pas des circonstances faciles de partir de l'université et ‘paf!', jouer dans la Ligue nationale. Mais tu vois son potentiel. Ce n'est pas comme si on va évaluer ce qu'il fait présentement et prendre une décision sur son avenir. C'est un processus et il va passer à travers de ça. »
« Je pense que ce sont des répétitions qui vont l'aider à gérer son été et voir ce qu'il doit améliorer ici et là. Je pense qu'en général, c'est du positif même si statistiquement, peut-être qu'il aimerait faire plus de choses ou se démarquer davantage. C'est quand même du positif pour le kid de pouvoir avoir cette expérience-là. »