Progression des Canadiens, régression de Cole Caufield
MONTRÉAL - Malgré des performances désolantes à Philadelphie, mercredi, et contre les Sharks venus de San Jose, jeudi, au Centre Bell, le Canadien a connu une meilleure première moitié de saison que l'an dernier.
Pas par beaucoup, mais quand même..
Après 41 matchs, le Canadien affiche 40 points : cinq de plus qu'à la mi-saison l'an dernier. Des points que le Tricolore a arrachés en poussant 15 de ses 41 premières rencontres au-delà les 60 minutes réglementaires, alors qu'il ne l'avait fait que 10 fois en première moitié de saison l'an dernier.
C'est loin d'être un reproche ou une façon de diminuer la validité des 40 points affichés jusqu'ici. Car si la troupe de Martin St-Louis a pu maximiser cette source de points offerts par la LNH, c'est parce qu'elle a été moins souvent déclassée jusqu'ici cette année qu'à pareille époque l'an dernier.
Ce qui est un point positif.
Cela dit, cinq points, c'est peu. Mais ces cinq points permettent au Canadien d'être dans le portrait des séries pour amorcer la deuxième portion du calendrier plutôt que d'être largué de la course.
Une nette amélioration par rapport à l'an dernier alors qu'il était bon dernier dans la section atlantique et avant-dernier de l'Association Est.
Hors de question ici de prétendre que le Canadien est activement impliqué dans la course. Je n'y crois pas plus à l'aube de la deuxième moitié de saison que j'y croyais à l'aube du premier match du calendrier le 11 octobre dernier, à Toronto.
Mais le fait qu'il disputera des matchs significatifs à compter de samedi alors que Connor McDavid, Vincent Desharnais et les Oilers d'Edmonton feront escale à Montréal, devrait attiser une motivation qui sera nécessaire pour être meilleur en deuxième moitié.
Car oui le Canadien devra être meilleur en deuxième moitié de saison. Des joueurs devront être meilleurs individuellement. À commencer par Cole Caufield sur qui je m'attarderai plus loin.
Mais l'équipe devra l'être aussi sur plusieurs aspects pour convaincre les partisans que la saison 2023-2024 aura véritablement servi de tremplin vers des jours meilleurs. Que la patience réclamée avec insistance par l'état-major aura vraiment servi la cause de l'organisation au lieu de simplement donner de l'urticaire aux partisans.
Et le plus dur dans tout ça – c'est un gros défi qui attend Martin St-Louis – il faudra que le Canadien trouve une façon de s'améliorer malgré le fait que quelques «bons vétérans» devraient quitter l'équipe d'ici le 8 mars prochain, date limite des transactions.
Qui partira? Sean Monahan sans l'ombre d'un doute – le collègue Darren Dreger de TSN assure d'ailleurs que l'état-major a fait la promesse de l'échanger lorsqu'il a accepté le contrat d'une saison offert l'été dernier par le Canadien – Jake Allen si le Canadien n'est pas trop gourmand. Si Josh Anderson était en mesure de trouver le fond du filet de temps en temps, peut-être qu'une équipe pourrait s'intéresser à lui si le Canadien gardait une bonne portion de son contrat.
Les prochaines semaines répondront à ces questions.
Guhle établit ses balises
L'éclosion de Juraj Slafkovsky au cours des dernières semaines, celle de Jayden Struble qui représente la plus belle surprise de la saison – du moins à mes yeux – depuis son rappel de Laval et le fait que Samuel Montembeault se soit hissé au premier rang du ménage à trois auquel doivent se soumettre les gardiens du Tricolore comptent parmi les points les plus positifs des 41 premiers matchs.
J'ajouterais à cette liste l'implication efficace de Sean Monahan – qui se rend très attrayant pour un club à la recherche d'expérience et de talent à l'aube des séries – l'implication tout aussi efficace de Mike Matheson et David Savard à la ligne bleue, la contribution offensive des arrières qui sont parmi les plus productifs de la Ligue, le retour en forme et en santé de Brendan Gallagher et le fait que Cayden Primeau – que j'étais prêt à voir partir de Montréal par le biais du ballottage – est en voie de donner raison à l'état-major d'avoir refusé de le perdre sans rien obtenir en retour.
Ces joueurs devront maintenir le rythme en deuxième moitié. Peut-être même l'accentuer pour hausser le niveau d'espoir fondé en eux.
J'attendrai aussi une progression en deuxième moitié de saison de Kaiden Guhle. Il est encore jeune. Très jeune. Il est toujours mon candidat numéro un pour se hisser un jour du côté gauche du premier duo pour remplir un rôle de pierre d'assise à la ligne bleue.
Mais en première moitié de saison, il m'a donné l'impression de jouer souvent à l'épouvante. De multiplier les poussées à l'attaque, de se lancer à fond aux quatre coins de la patinoire comme s'il était en train d'établir les paramètres qu'il devra respecter dans le futur pour devenir le défenseur de premier plan que je le crois capable de devenir.
Si tel est le cas, son jeu un brin échevelé donnera deux brins de bons résultats à ceux et celles qui voudront lui accorder le temps nécessaire pour établir ses balises.
Caufield : saison à sauver
Bien que je sois prêt à afficher tout plein et peut-être trop de patience à l'endroit de cette équipe en construction, Cole Caufield est en voie d'étioler ma patience à son endroit.
Il attise même mon impatience!
Caufield représente d'ailleurs ma plus grosse déception de la première moitié de saison. Et ce n'est pas parce qu'il s'est contenté de marquer 11 buts au fil des 41 premiers matchs.
Ce qui m'inquiète le plus dans le cas de Caufield, c'est qu'il n'a été d'aucune utilité, ou presque, à son équipe quand il n'arrivait pas à trouver le fond du filet.
Mauvaises décisions, mauvaises passes, mauvaises couvertures défensives, manque d'implication ont marqué bien trop de présences du jeune homme jusqu'ici cette année.
On a plusieurs fois souligné, avec raison, que la blessure qui a anéanti la saison de Kirby Dach a fait très mal à Nick Suzuki vers qui toute l'attention défensive des adversaires du Canadien a pu être concentrée en raison de l'absence de Dach.
J'avancerais que les ennuis répétés de Caufield sur la patinoire ont tout autant tiré Suzuki vers le bas au lieu de l'aider à s'extirper des griffes défensives de ses rivaux deouis la blessure de Dach.
Revenons à la défaite désolante de jeudi aux mains des Sharks. Caufield est le grand responsable du deuxième but marqué en fin de première période.
On ne l'avait pas vu avant. On ne l'a pas vu après. En fait, oui on l'a vu après. Mais il a fallu attendre que Martin St-Louis rappelle Samuel Montembeault au banc pour que le Canadien soit à six contre cinq… dans ces circonstances plus faciles ou plus avantageuses, genre, comme!
Je vous rappellerai aussi que c'est en prolongation, dans des circonstances qui lui sont tout ce qu'il y a de plus favorables, que Caufield a marqué trois de ses 11 buts. Trois de ses cinq buts gagnants auxquels il a ajouté un but décisif marqué en tirs de barrage.
Caufield s'est illustré dans ses situations favorables quand il pouvait s'en remettre à son grand talent et ses mains magiques sans avoir à composer avec l'attention et la pression d'un adversaire lui soufflant dans le cou. Un adversaire l'obligeant à déployer un deuxième, voire un troisième effort.
C'est sévère, je sais. Très sévère, même. Est-ce trop sévère? Peut-être un peu en considérant son âge.
Mais il est important que Martin St-Louis corrige rapidement cette tendance afin de s'assurer que Caufield devienne un joueur important sur qui il pourra compter en tout temps.
Des chiffres à l'encre rouge
Comme souligné plus haut, la fluctuation à la hausse des points obtenus par le CH en première moitié de saison est en grande partie attribuable aux points primes que le Canadien a acquis en obtenant neuf de ses 17 victoires en prolongation (5) ou en tirs de barrage (4).
Après 41 matchs l'an dernier, le Tricolore revendiquait quatre gains en prolongation et trois en tirs de barrage.
Le Canadien a aussi doublé son nombre de revers encaissés au-delà des 60 minutes réglementaires en comparaison à l'an dernier : il a perdu deux fois en prolongation et à quatre reprises en tirs de barrage, alors qu'il avait encaissé trois défaites en prolongation après 41 matchs l'an dernier.
Ces statistiques sont positives.
Celles qui s'en viennent le sont beaucoup moins. Et tant qu'elles seront inscrites à l'encre rouge dans le «bilan financier» du Canadien, cette équipe ne pourra jamais être considérée comme une formation susceptible d'accéder aux séries.
Le Tricolore est 26e dans la LNH avec ses 115 buts marqués – la moyenne de la LNH en date du 12 janvier est de 126 – et 28e au chapitre des buts accordés (143).
Impossible de sortir gagnant d'un déficit aussi perdant!
Ces résultats bien en deçà de la moyenne de la Ligue s'expliquent en partie par le fait que la troupe de Martin St-Louis manque de régularité en avantage numérique – au 22e rang de la LNH avec 24 buts en 136 occasions (17,7 %) – et qu'elle est cruellement trop généreuse à court d'un homme avec 37 buts accordés en 137 désavantages, ce qui donne une efficacité bien inefficace de 73 % et qui laisse le Tricolore au 28e rang de la LNH.
Quand un club est aussi généreux en désavantage numérique, il a l'obligation d'afficher une discipline irréprochable sur la glace. Ce qui est loin d'être le cas pour la troupe de Martin St-Louis qui est huitième au chapitre des attaques massives offertes à ses rivaux.
On appelle ça : patiner droit dans la bande, ou courir après le trouble si vous préférez.
La blessure de Kirby Dach, le manque de talent offensif évident et le manque d'expérience tout aussi évident expliquent certains déboires en attaque massive.
Mais pas tous!
Bien des corrections peuvent être apportées en matière d'unités spéciales par le choix des stratégies et le travail accompli pour bien préparer les joueurs appelés à relever ces défis.
Pour que le Canadien soit meilleur en deuxième moitié de saison, il devra, entre autres améliorations à apporter, s'assurer d'au moins atteindre le plateau de 100 en combinant ses efficacités en attaque massive (17,7 %) et en désavantage numérique (73 %).
À 90,7 % après 41 matchs, il est encore très loin de ce seuil de respectabilité.
Bonne chance!