Après un début de saison des plus fulgurants, le Canadien de Montréal traverse sa première tempête depuis plusieurs saisons. Comment expliquer ces récents déboires? La réponse n’est pas aussi simple que plusieurs puissent le croire, car une mauvaise séquence dans le sport professionnel est rarement attribuée à une seule chose. Il y a à l’occasion un élément déclencheur, mais pour que cette séquence dure aussi longtemps que celle du CH, d’autres facteurs s’ajoutent à la liste.

Premièrement, l’impressionnant début de saison de l’équipe a peut-être faussé la donne un peu. Oui le CH est une des bonnes équipes de l’Est, mais je ne crois pas nécessairement qu’elle est la meilleure. Ceci étant dit, grâce à Carey Price, le Tricolore pouvait lutter pour la première place dans l’Est bien que je les voyais plutôt vers le 3e ou 4e rang. En début de saison, tout souriait au Canadien, tous les joueurs jouaient bien en même temps et tous les paris de Michel Therrien s’avéraient être les bons. L’équipe était en pleine confiance et tout baignait dans l’huile, mais, le sport étant ce qu’il est, l’inverse semble se produire, car plusieurs joueurs vivent des moments difficiles au même moment.

Alors que plusieurs experts commençaient à parler du CH comme une des équipes favorites pour remporter la coupe, voilà qu’il y en a qui commencent à douter de leur présence en séries. Personnellement je serais très surpris que le Canadien rate le rendez-vous printanier, mais il se doit de renverser la vapeur le plus rapidement possible, car en deuxième moitié de saison, il est tellement difficile de remonter la pente. De plus, plusieurs équipes ont des matchs en main sur le Tricolore, mais les autres équipes doivent quand même remporter ces matchs.

Donc quel était l’élément déclencheur de cette léthargie? La réponse est sans aucun doute la blessure à Carey Price. Premièrement, toute équipe qui perdrait son meilleur joueur en serait affectée et encore plus quand ce joueur est le meilleur de toute la ligue et un gardien de but. Plusieurs me diront que Mike Condon fait du bon travail et que le CH ne marque pas de but et je suis en plein accord avec eux, mais je crois que le manque d’offensive est en partie (je dis bien en partie) attribuable à la perte de Carey. La raison est la suivante, Price donnait une confiance inébranlable à cette équipe et je crois que les joueurs en sont quelque peu affectés. Rappelez-vous des propos de Ken Hitchcock qui mentionnait que son équipe sentait qu’elle commençait les matchs contre Montréal en tirant de l’arrière 1-0. Mais croyez-moi que les joueurs du CH sentaient la même chose à l’inverse, c’est-à-dire qu’il commençait en avance 1-0.

Loin est mon intention de dénigrer Mike Condon qui fait un travail tout à fait remarquable en l’absence de Price. Il a été mis dans une position très difficile et il fait un travail exceptionnel en son absence, mais ça reste qu’il n’est pas Price. Souvent il fait plusieurs gros arrêts et ne donne pas nécessairement de buts faibles, mais il fait peut-être un arrêt de moins que Price pourrait faire qui fait la différence dans un match. Mike Condon est un excellent gardien de but, de loin supérieur à Dustin Tokarski, et cette expérience lui servira pour encore plusieurs saisons.

Alors que je considère la perte de Price comme l’élément déclencheur, la perte de Brendan Gallagher en a rajouté. Gallagher est la bougie d’allumage du CH ainsi que le cœur et âme de l’attaque par sa fougue, son ardeur au travail et sa détermination. Lui et Daniel Carr ont marqué plus régulièrement que les autres parce qu’ils se salissent le nez devant le filet, car dans la LNH de nos jours, les buts se marquent à cet endroit. Les gardiens sont trop bons que la plupart du temps ils feront le premier arrêt s’ils peuvent repérer la rondelle. Or, Gallagher et Carr dérangent devant le filet et sont récompensés pour leurs efforts.

Ajouter à ces deux éléments que plusieurs joueurs sont plongés dans une léthargie au même moment et vous avez une équipe qui se cherche. Plusieurs réclament une grosse transaction ou le congédiement de Michel Therrien. Une transaction n’est pas aussi facile de nos jours, encore moins quand une équipe est en difficulté, car les homologues de Marc Bergevin savent que l’équipe est désespérée. Marc est un gestionnaire intelligent et bien entouré que je suis persuadé qu’il tente quelque chose, mais ça prend un partenaire de danse aussi. Des fois c’est plus facile à dire qu’à faire.

Pour ce qui est de Michel Therrien, ce serait très cruel de le congédier puisque l’équipe a beaucoup de succès depuis son arrivée et il a perdu son meilleur joueur à la position la plus importante au hockey. Ceci étant dit, il doit trouver une façon de sortir plusieurs joueurs de leurs léthargies, car si d’ici une à deux semaines l’équipe se retrouve en dehors des séries, il sentira la soupe chaude. Cependant, en ce moment, il mérite le bénéfice du doute. Ce qui me préoccupe le plus est simplement que, même si c’est normal que l’équipe gagne un peu moins de matchs sans son gardien numéro 1, la tendance est un peu troublante. Si l’équipe a la meilleure fiche de la ligue en présence de son as et la pire sans lui, il y a un autre malaise.

Je crois cette équipe, avec ou sans Price, capable de remonter une partie de la pente jusqu’à son retour, mais la dégringolade doit cesser rapidement.

Rappelez-vous aussi que dans le sport, une équipe n’est jamais aussi bonne que nous le croyons et jamais aussi mauvaise non plus.