Il n’y a pas que les défenseurs qui commettent des revirements chez le Canadien

Il est normal de commettre des revirements en zone défensive. En effet, un peu moins de 30 % de tous les jeux (passes, feintes, dégagements) tentés depuis son propre territoire échouent. Une augmentation du nombre de revirements commis en zone défensive nuira certainement à une équipe. Une augmentation du nombre de revirements commis en zone défensive sans le support des autres joueurs fera encore plus mal.

Le taux de revirements commis en territoire défensif par le Canadien est de 27,3 % cette saison. Depuis le 2 décembre, ce taux est passé à 28,6 %. Alors que le taux de revirements commis par les défenseurs du Canadien a grimpé de 27,3 % à 28,3 %, c’est le taux de revirements commis par les avants du CH qui a connu la plus forte hausse, passant de 27,4 % à 29 %.

De tous les défenseurs du Canadien, la plus forte augmentation du nombre de revirements commis en zone défensive appartient à Andrei Markov, son taux de revirements passant de 28,4 % à 31,5 %. Le taux de revirements de Nathan Beaulieau en territoire défensif est passé de 27,4 % à 29 %, alors que P.K. Subban a mieux fait au cours de cette période, son taux passant de 26,8 % à 25,4 %.

De tous les attaquants du Canadien, la plus grande augmentation du nombre de revirements commis en zone défensive (ce qui n’est pas une bonne chose) appartient à Devante Smith-Pelly. Son taux de revirements est passé de 31 % à 41,3 %, alors que celui de Gallagher est passé de 32 % à 37,3 % et celui de Galchenyuk de 26,5 % à 32,5 %.

Pour mettre en perspective le taux de revirements commis par Montréal en zone défensive, cette augmentation de 27,3 % à 28,6 % se traduit par cinq opportunités supplémentaires pour les adversaires du Canadien de générer de l’offensive en étant déjà en territoire du Tricolore.

Cette augmentation du taux de revirements n’est pas attribuable à un changement de système de jeu; le Canadien a le plus haut taux de dégagements tentés depuis sa zone défensive de la LNH depuis le début de la saison. Le nombre d’entrées de zone en possession de la rondelle a également été stable tout au long de la saison, comme le nombre de sorties de zone effectuées à l’aide de passes.

Montréal a semblé éprouver des difficultés en zone défensive lorsque l’adversaire joue de façon hermétique et que celui-ci le met sous pression le long des rampes ainsi que profondément dans son territoire. Les avants de Montréal se classent au dernier rang de la LNH en commettant le plus grand nombre de feintes ratées en zone défensive (tant le long des rampes qu’au centre de la glace), alors que les défenseurs du Tricolore se classent 28es. Les feintes ratées en zone défensive sont souvent le résultat d’une mise en échec ou d’un harponnage réussi par l’adversaire.

En analysant avec attention l’augmentation du nombre de revirements commis par le Canadien en zone défensive, nous pouvons constater qu’une bonne part de cette augmentation est attribuable à un plus faible taux de succès pour les passes complétées lors des sorties de zone. Le taux de succès de passes complétées par Montréal lors des sorties de zone est passé de 71,9 % à 70,4 %. Bien que ce taux de succès ait chuté de 72,1 % à 71,4 % chez les arrières du Canadien, la plus forte baisse vient des avants. Leur taux de succès pour les passes complétées lors des sorties de zone est passé de 71,4 % à un maigre 68,3 % depuis le 2 décembre.

De tous les défenseurs de Montréal, en ce qui concerne le taux de succès pour les passes complétées lors des sorties de zone, c’est Markov qui a connu la plus forte baisse alors que son taux de succès est passé de 70,2 % à un mince 65 % depuis le 2 décembre. Chez les avants du Tricolore, les plus fortes baisses appartiennent à Devante Smith-Pelly (66,7 % à 50 %), David Desharnais (78,6 % à 70,5 %), Lars Eller (70,6 % à 64,6 %) et Max Pacioretty (61,9 % à 56,5 %). Le seul avant régulier à avoir amélioré son taux de succès pour les passes complétées lors des sorties de zone lors de cette période fut Tomas Plekanec (67,8 % à 70,8 %).

Le taux de revirements commis par Montréal en zone défensive a aussi été affecté par la perte de Carey Price. En moyenne, le numéro 31 du Canadien récupère trois rondelles libres de plus par partie que ses remplaçants, tout en complétant quatre passes supplémentaires lors de sorties de zone. La perte de Price se fait encore plus ressentir en désavantage numérique, alors qu’il réussit normalement un dégagement pour chaque deux minutes passées en infériorité numérique. Condon complète en moyenne un seul dégagement en infériorité numérique toutes les 20 minutes.

Comme mentionné préalablement, le support des autres joueurs peut limiter l’impact négatif d’un revirement commis en zone défensive, alors qu’un mauvais support fera mal de façon exponentielle à une formation. Un bon support en territoire défensif aide une équipe à reprendre possession de la rondelle à la suite d’un jeu raté ou d’un jeu réussi en échec avant par l’opposition. Un bon support en zone défensive est particulièrement important le long des rampes et près de la ligne bleue.

Les tableaux ci-dessous portent sur les récupérations de rondelle en zone défensive du Canadien. Chaque chiffre correspond au pourcentage de disques libres recouverts par Montréal. Expliqué simplement, si le nombre est de 57 %, cela signifie qu’à toutes les 100 rondelles libres se trouvant dans cette zone, Montréal reprendra possession du disque à 57 occasions. Lorsqu’un chiffre est en blanc, Montréal fait mieux que la moyenne de la ligue dans cette zone.

Avant le 2 décembre :

Tableau

Comme nous pouvons le constater à l’aide de ces graphiques, le Canadien a eu de la difficulté à reprendre possession des rondelles libres près de la ligne bleue lors des six dernières semaines. Cette zone relève de la responsabilité des attaquants, plus particulièrement des ailiers, celle-ci étant directement liée à la capacité de l’équipe à supporter ses coéquipiers en étant bien positionné.

 

 

 

 

 

 

Depuis le 2 décembre :

Tableau

Cela n’est pas dit pour soulever les difficultés que le Canadien connaît ces dernières semaines. Ce n’est qu’une part du problème et cet exercice peut plutôt permettre d’identifier des solutions éventuelles.

Il est normal de commettre des revirements en zone défensive. Cependant, ils ne sont pas le seul produit du groupe de défenseurs, comme un revirement ne résultera pas toujours en un but pour l’adversaire. Un bon support, en étant bien positionné, permet de récupérer les rondelles libres et d’apaiser ce mal.