Slafkovsky montre l'étendue de son potentiel sur le 1er trio
COLLABORATION SPÉCIALE
C'est fou la différence que quelques mois peuvent faire.
En octobre, Juraj Slafkovsky semblait perdu sur la glace. Il était lent à réagir, semblait chercher où se placer et n'avait simplement pas l'air prêt à jouer dans la LNH. Plusieurs réclamaient de l'envoyer à Laval pour lui donner la chance de se développer, mais l'organisation a décidé de le garder près de Martin St-Louis, une décision qui commence vraiment à porter fruit.
Au cours du dernier mois, Slafkovsky a fait d'énormes pas vers l'avant. Le jumeler avec Cole Caufield l'a grandement aidé, mais c'est depuis qu'il est sur le premier trio avec Nick Suzuki et Caufield qu'il montre l'étendue du potentiel qui a fait de lui le 1er choix au total de sa cuvée. Son dernier match en particulier, avec un combat et le but gagnant en tirs de barrage dans un match assez haut en émotion contre Buffalo, nous rappelle qu'il n'a que 19 ans et est loin d'avoir atteint son plein potentiel.
Plusieurs joueurs ont été jumelés aux nos 14 et 22 au cours des dernières années, mais plus souvent qu'autrement on avait l'impression que le trio jouait plutôt comme un duo et le troisième joueur ne faisait que suivre le rythme. C'est différent depuis que Slafkovsky les a rejoints. Ils semblent enfin évoluer comme une véritable unité de trois qui se complète.
Les trois derniers matchs ont été particulièrement impressionnants pour Slaf, qui a atteint 17:00 de temps de jeu dans chacun d'eux, une marque qu'il n'a atteinte que six fois au total dans sa carrière. Au cours de cette période, il mène les attaquants du CH pour les tirs sur réception, les passes tentées et complétées vers l'enclave, en plus de se classer deuxième pour les tirs tentés et les jeux défensifs en échec-avant, c'est-à-dire les passes bloquées, les rondelles harponnées et autres en zone offensive.
Son jeu le long des bandes a aussi fait jaser, pour toutes les bonnes raisons. Contre Seattle, Los Angeles, et Buffalo, le gros ailier slovaque a récupéré 36 rondelles libres en zone offensive. C'est de loin la meilleure marque chez ses coéquipiers.
Tableau Juraj Slafkovsky
Slaf commence finalement à utiliser son gabarit à son avantage. C'est comme s'il commence enfin à réaliser qu'il est déjà plus gros et plus fort que bien des joueurs du circuit Bettman. Jumelé à son échec-avant agressif, il permet de prolonger les présences en zone offensive de son trio comme on peut le voir sur cette séquence.
Grâce à son jeu, le nouveau premier trio du Canadien a dominé le jeu lors des trois derniers matchs. Ils ont obtenu 61,5% des buts attendus lorsqu'ils évoluent ensemble à forces égales et ont un avantage de plus-7 en chances de marquer sur leurs adversaires, avec 21 chances pour et 14 contre. Par contre, le trio n'a pas encore trouvé le fond du filet à 5 contre 5.
Un trio trop généreux
Le plus grand défaut de l'unité Slafkovsky-Suzuki-Caufield est qu'ils sont beaucoup trop généreux, et je ne parle pas de leur jeu défensif, qui est plutôt solide. Non, je parle plutôt de leur tendance à se concentrer beaucoup trop sur la passe parfaite, plutôt que de profiter des opportunités qui se présentent à eux.
Trop souvent lors de descentes en surnombre on voit Slafkovsky et Suzuki complètement ignorer la chance de tirer, cherchant plutôt à retrouver Caufield, peu importe la couverture défensive. Lors des trois derniers matchs seulement, Slafkovsky et Suzuki ont tenté 17 passes vers l'enclave à forces égales lorsque le premier trio est sur la glace. Du lot, seulement six ont été complétées, un taux de réussite de moins de 40 %. Pas besoin d'être mathématicien pour voir que ce n'est simplement pas assez.
Je comprends que Caufield a de loin le meilleur tir de l'équipe, mais à un certain moment, tu ne peux simplement pas te permettre de laisser passer une chance de premier plan pour tenter une passe risquée qui rejoint directement le défenseur adverse.
Ils n'ont pas encore marqué et ont accordé un but, mais en termes de processus, le jeu est nettement à leur avantage. Plus de 60 % des buts est impressionnant peu importe le contexte, mais quand on considère que ça inclut une défaite de 4-0 contre les Kings et exclut toutes les opportunités qu'ils ont perdues en faisant une passe de trop, ça pourrait facilement être beaucoup plus élevé. Un peu moins de passes, quelques bonds favorables, et les buts ne devraient pas tarder à suivre, autant pour le trio que pour Slafkovsky.