BROSSARD – Pendant que Jacob De La Rose épate à ses premiers coups de patins dans la Ligue nationale, Manny Malhotra, la victime collatérale des succès précoces du jeune Suédois, prend son mal en patience.

Pour l’heure, Malhotra semble avoir perdu l’emprise sur le poste de pivot du quatrième trio du Canadien. Laissé de côté lors des quatre derniers matchs de l’équipe, l’athlète de 34 ans s’efforce de canaliser du mieux possible une rogne qu’il juge inévitable.

« C’est toujours difficile quand tu ne joues pas, concédait le vétéran mercredi. On est tous ici parce qu’on veut jouer et on veut jouer beaucoup. Mais quand tu vis des moments comme ceux-là, tu ne peux pas changer la personne que tu es dans le vestiaire ou ta façon de travailler sur la glace. »

« Malhotra et Weaver ont une attitude exemplaire »

« Mon sort ne doit pas affecter mon attitude. C’est frustrant, mais ça ne changera pas mon comportement quand j’arrive à l’aréna ni ma façon d’être avec mes coéquipiers. »

Au lendemain de la victoire du Tricolore face aux Flyers, une troisième de suite sans ses services, Malhotra a profité d’une journée de congé accordée à Tomas Plekanec pour se retrouver entre les jeunes ailiers Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher à l’entraînement. Mais à la lumière des récentes performances de De La Rose, qui a été étincelant en compagnie de Christian Thomas et Michaël Bournival contre Philadelphie, il apparaît peu probable que cette promotion temporaire se transpose en un retour au jeu jeudi alors que les Oilers d’Edmonton seront en ville.

« Ils nous apportent de l’énergie et c’est ce qu’on cherche à obtenir de ce trio, apprécie l’entraîneur Michel Therrien au sujet de sa nouvelle combinaison juvénile. Le match d’hier en est un bel exemple. Ils n’ont jamais cessé de nous procurer du momentum avec leur intensité. »

Le message semble clair à l’endroit de Malhotra, un spécialiste des mises en jeu qui s’est avéré unidimensionnel à sa première saison à Montréal.

Les échos de l'entraînement du CH

« La seule chose que je peux faire, c’est continuer à travailler, se résigne celui qui est toujours en quête d’un premier but après 46 matchs cette saison. Travailler sur mon jeu en pratique, avant les matchs, rester en forme. Quand j’aurai une nouvelle chance, je devrai en tirer profit le plus possible. »

Concédant qu’il n’était jamais facile de reléguer un joueur d’expérience au rôle de spectateur, Therrien a vanté le flegme de l’aîné de son groupe d’attaquants, comparant sa situation à celle que vit en silence le défenseur Mike Weaver depuis la période des Fêtes.

« Leur attitude est exemplaire. Ils sont là pour supporter leurs coéquipiers, ils travaillent fort dans les entraînements. Je leur donne beaucoup de crédit parce que malgré la situation difficile dans laquelle ils se trouvent, ils n’ont jamais laissé percevoir leur mécontentement. À mes yeux, c’est très important. »

« Ces temps-ci, on fait beaucoup d’expériences avec de jeunes joueurs, a poursuivi Therrien, qui a fait appel, en alternance, à cinq récents gradués des Bulldogs de Hamilton au sein de son trio d’énergie depuis le début de l’année 2015. Pour (Malhotra et Weaver), l’important est de s’assurer de rester prêts, d’être de bons professionnels. Comme on le sait, les saisons sont longues et on ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Des similitudes avec Staal

Même s’il écope, par la bande, pour la réponse positive fournie par De La Rose depuis sa récente promotion, Malhotra est en mesure d’apprécier la qualité du travail accompli par son jeune coéquipier, l’un des plus beaux espoirs de l’organisation.

« C’est incroyable. Il arrive à un niveau où le calibre est plus élevé et l’enjeu plus important, mais rien n’y paraît. C’est un joueur intelligent, il travaille fort et il prend des bonnes décisions avec la rondelle. De voir qu’on peut continuer de jouer aussi bien et de connaître autant de succès depuis qu’il a fait son entrée, c’est formidable pour lui », a vanté Malhotra.

Invité par un confrère à comparer sa plus jeune recrue à Jordan Staal, un autre joueur de centre qu’il a dirigé à un jeune âge alors qu’il était à la tête des Penguins de Pittsburgh, Therrien ne s’est pas fait prier pour admettre qu’il voyait plusieurs similitudes entre les deux joueurs.

« De La Rose, c’est un gars cérébral. Il est toujours en bonne position, possède un excellent coup de patin, est capable de sortir un adversaire du jeu pour récupérer les rondelles. Il fait beaucoup de bonnes choses pour un jeune homme de 19 ans », a vanté le pilote du Canadien, qui a fait confiance au Suédois en désavantage numérique et en prolongation contre les Flyers.

Bien sûr, personne à Montréal ne s’attend à ce que De La Rose affiche le genre de statistiques qui avaient caractérisé la saison recrue de Staal, qui n’a jamais surpassé le total de 29 buts qu’il avait inscrits à son arrivée dans la LNH.

« De notre côté, on ne lui met aucune pression pour les points, a mis au clair Therrien. On veut qu’il se développe, qu’il travaille sur certains aspects de son jeu. »

Des nouvelles de Parenteau

Therrien devra éventuellement trouver une place à un autre vétéran lorsque Pierre-Alexandre Parenteau sera prêt à réintégrer la formation. L’attaquant québécois, qui combat depuis environ cinq semaines les symptômes reliés à une commotion cérébrale, a maintenant raté les dix derniers matchs de l’équipe.

Mais on traversera la rivière lorsqu’on sera rendu au pont, a en quelque sorte fait savoir l’entraîneur du Canadien mercredi.

« Tout ce que je sais, c’est qu’il progresse bien mais qu’il n’est pas encore prêt à rejoindre l’équipe lors d’un entraînement. Alors de notre côté, ça ne donne rien de commencer à se faire des gros scénarios parce qu’on sait, par expérience, que beaucoup de choses peuvent se passer dans un court laps de temps. »

Le Canadien a maintenu une fiche de 9-3-1 cette saison sans les services de Parenteau, qui n’a inscrit que 15 points en 40 matchs.